Tchad : Danapih sort le single "Faux prophète", un exposé poétique face aux hérésies

L'artiste poète et slameur tchadien Danapih a annoncé samedi le lancement du single "Faux prophète". À travers ce morceau, l'artiste dénonce "la multiplicité des dénominations et la montée en puissance des sectes religieuses" qui sont "une parfaite illustration de ce qu'il convient d'appeler une crise de la foi en Afrique puisque beaucoup de gens cherchent désespérément des repères".

"Face à la prolifération des religions et le foisonnement des hommes de Dieu de tout acabit en Afrique ces derniers temps, si de nombreuses personnes considèrent que c'est une bonne chose, il faut admettre qu'elle n'est pas sans conséquence", explique l'artiste.

Danapih estime que le Tchad, à l'instar de tous ces pays où les lieux de culte poussent et prennent de plus en plus de l'ampleur, les conséquences sont palpables :

"Aujourd'hui, on est sans savoir que beaucoup de personnes se sont autoproclamées oints de Dieu ou prophètes. Force est de constater que certains d'entre eux ne sont ni plus ni moins des bandits de grands chemins, des opportunistes véreux et des escrocs qui profitent de la faiblesse spirituelle de leurs adeptes et du manque de discernement des personnes qui fréquentent leur cénacle. Ils sont prêts à leur extorquer de l'argent et les dépouiller des biens matériels en échange d'une soi disant prospérité miraculeuse."

Loin d'avoir la prétention de juger les gens selon leurs convictions religieuses, Danapih indique que lorsqu'au nom de Dieu, l'on vend tout (eau bénite, autocollants de protection, huile d'onction, etc.) à des sommes parfois exorbitantes, l'on a le droit de se poser cette question : "Ça c'est l'interprétation de quel livre saint" ?

En tant qu'artiste objecteur, éveilleur des consciences et provocateur des réflexions, Danapih se sent "naturellement offensé par tous ces agissements diaboliques" et ne peut rester insensible face aux hérésies de ces faux prophètes dont la cible principale est tout ce qui a l'esprit tordu, notamment les hommes et femmes vulnérables, souvent en quête de santé, de voyage, de travail, etc.

Le titre, en collaboration avec l'artiste Mospa, est une façon de sortir du silence, faire un exposé poétique, afin de dénoncer ce fléau qui perdure et cause tant de tord aux concitoyens. C'est un appel à une prise de conscience et à prendre les saintes écritures comme le seul guide de la foi.