
Mahamat Nour Ibedou.
Mahamat Nour Ibedou :
Vous avez sans doute tous écouté la déclaration de Monsieur Ahmat Bachir, ministre de la sécurité publique, de l'administration du territoire et de la gouvernance locale. Cette déclaration est une première parce qu'il avait tout simplement déclaré, après la répression qui s'était abattu sur les camarades qui avaient marché le 6 (février), que désormais toute association de la société civile qui tenterait de mener une marche, verra tout simplement ses activités suspendues. En prime, une procédure de dissolution sera engagée à son encontre.
Cette déclaration, venant d'un responsable, nous a surpris. Apparemment, Monsieur Bachir n'a pas lu les disposition de la constitution, ni l'ordonnance de 1962. Même s'il a regardé, peut être qu'il n'a pas compris ce que cela signifiait. Celle déclaration est pour nous irresponsable, elle est inédite et dangereuse. Venant d'un homme qui se présente du gouvernement, c'est quand même bizarre qu'on puisse fouler au pied les dispositions constitutionnelles reconnues.
Elle est inutile parce qu'elle ne fait peur à personne cette déclaration, elle est dangereuse parcequ'elle risque de rendre les gens furieux. Elle risque de cristalliser tous les mécontentements contre le gouvernement venant des partis politiques, associations de la société civile et de toutes les corporations similaires.
Le CPOSC (collectif tchadien des organisations de la société civile) dit que la marche du 8 (février) est maintenue. Il est demandé à tous nos points focaux de continuer à garder leurs positions et d'encadrer leurs militants comme convenu.
L'heure n'est pas à la démobilisation, que les gens n'aient pas peur. Monsieur Bachir n'a pas les outils nécessaires en ce moment pour engager une procédure quelconque contre qui que ce soit. Les dispositions constitutionnelles ne peuvent pas être balayées d'un revers de main par une déclaration d'un ministre.
Nous sommes convaincus que Bachir en soi ne représente rien du tout. Il ne correspond à rien. La déclaration vient de son maitre lui-même, c'est-à-dire Monsieur Idriss Déby. Même le fait de menacer les associations de la société civile et les partis politiques d'une éventuelle dissolution est tout simplement une faiblesse et un recul considérable de la démocratie.
Le Tchad n'a pas fini et ne finira jamais d'être la risée au niveau international. Quoi qu'il en soit, même un simple citoyen peut organiser une marche pacifique, c'est ce qu'il oublie. Le citoyen a le droit de se prononcer sur la gestion de la cité. Nous maintenons la marche, réitérons notre appel à la marche pacifique du 8 février 2018 qui est surnommé le jeudi de la colère.
Nous exprimerons notre colère parceque la manifestation du 25 (janvier) avait été réprimé, celle du 6 février l'avait été de la même manière. Tout ca avec le corollaire de bastonnade, de torture, la journée de demain sera baptisée la journée de la colère.
Qu'il se rassure. Au besoin, il y aura d'autres jeudi de la colère.