Par Le Gars de Mandoul
Que nous manque-t-il pour rendre l’efficacité à la résistance nationale?
Pour mettre la chance du coté de vrais opposants à Deby pour une éventuelle victoire sur la dictature de Ndjamena, nous devons accepter certaines vérités ou remarques mêmes celles les plus dures. Pourquoi est-ce que nous, opposants à la dictature de Deby, ne voulons pas nous dire la vérité? Pourquoi est-ce que nous rejetons du revers des mains toutes les remarques qui ne s’accordent pas à nos opinions? Nous persistons dans des erreurs qui, malheureusement s’amplifient et commencent à se retourner contre nous. Quand quelqu’un d’autre te dit tes défauts, ce n’est évidemment pas un compliment et ça peut être très blessant. Mais si quand même tu prends le temps de réfléchir et de corriger tes lacunes, tu lui retires les mots acerbes des critiques éventuelles et enfin de compte c’est toi qui auras la parole forte demain.
L’article de Joe Al Kongarena, je dois avouer que son audace et l’angle de son analyse m’ont impressionné, est une épée à double tranchant. Selon que l’opposition armée sache récupérer ou non cette sévère autopsie de la résistance, soit elle ralliera de nombreux tchadiens à sa cause (à la défaveur du camp adverse) soit elle dressera une grande majorité de tchadiens contre elle en renforçant le camp adverse. La déclaration selon laquelle l’opposition politico-militaire est vaine et ruineuse est un réel poison qui bouscule les croyances et espoirs de nombreuses personnes en la résistance nationale et surtout sème le doute dans les esprits. Ce doute, je vous mets en garde, est une arme encore plus mortelle car il peut faire très mal à une cause en enlevant la foi de ceux qui croient en la résistance nationale. Sur cet angle, peu de gens ont vu venir l’auteur de l’article «quelle est l’utilité de l’opposition armée au Tchad?» sur librafrique.com
Par ailleurs, la réalité de l’opposition politico-militaire que nous avons connu il ya 3 ou 4ans, c'est-à-dire juste avant la majeure trahison du capitaine Mahamat Nour, n’est plus celle que nous connaissons aujourd’hui. Les problèmes qui avaient causé l’échec des opérations du 13 avril 2006 n’ont jamais trouvé de solutions au moment j’écris et sont devenus même plus complexes qu’auparavant affectant dangereusement la stabilité de l’opposition armée: la course solitaire des groupes ethniques pour l’accaparation du pouvoir s’amplifie à la grande défaveur d’une course d’équipe pouvant donner la victoire à la résistance nationale, œuvre des tchadiens qui croient au changement politique. En effet, ce fut d’abord les tamas avec la coalition FUC qui avaient échoué en avril 2006 parce que les éléments tamas de l’alliance, qui détenaient les armes les plus puissants et étaient les plus armés, n’écoutaient que Mahamat Nour. Ils avaient voulu faire la part belle aux autres groupes ethniques en fonçant tête baissée à Ndjamena à un moment où ils croyaient que l’armée de Deby ne tiendrait plus. Une démarche peu réfléchie.
Nous convenons avec Joe Al que nous ne voyons pas de logique militaire en cette démarche pour vouloir la répéter vu le manque de logistique dans un terrain hostile contrôlé dans les airs par l’ennemi. Malheureusement, personne n’a tiré de leçons de cette aventure esseulée des tamas faisant échouer la cause supérieure que nous défendons. En 2008, c’est le tour des zagawa et des goranes qui avaient résisté à la tentation jusqu’au-delà de Mongo, faisant un peu mieux que les tamas qui avaient entamé leur course solitaire à partir du Guera. En effet, à deux heures de routes de Ndjamena, les divergences ont éclatés entre les zagawa et les goranes (déclarations non concertées et divergentes) jusqu’à la capitale tchadienne faisant échouer, encore une fois de plus, la cause de la résistance nationale.
Les leaders de la résistance, eux-mêmes, sans honte et gêne, ont reconnu et raconté que finalement, arrivés à Ndjamena, ils ne se sont plus entendus. Tout simplement et point barre! Comme pour dire que ce n’est pas grave. Nous chercherons un peu d’essence et recommencerons l’année prochaine, après la saison pluvieuse quand nous pourrons rouler jusqu’à Ndjamena. Qui peut être satisfait d’une telle légèreté? Même pas les dirigeants eux-mêmes.
Au moment où j’écris cet article, les problèmes de la course solitaire des groupes ethniques plutôt qu’une course d’équipe continue de gangrener la résistance nationale. Demain, ça sera le tour des ouaddaiens de courir seul vers Ndjamena et se casser la baraque au dernier moment. Tant que nous ne réglons pas ces problèmes, ces illogismes, tant que l’opposition politico-militaire ne reconnait pas ses graves manquements internes, toutes les alliances échoueront. Si nous sommes incapables de nous dire cette vérité et que quelqu’un d’autre nous la dis, nous ferons mieux de le remercier et chercher à retrouver la raison. Un troisième échec similaire aux autres finira par agacer les tchadiens. Et tout peut se compliquer. Niez, si vous voulez, l’existence des problèmes internes.
Continuez de foncer tête baissée et méprisez la vérité qu’on vous dit et vous verrez bien. Dit-on que la conscience surgit lorsque l’activité rencontre un échec mais nous n’apprenons rien de nos échecs et n’écoutons pas assez les critiques qui auraient pu nous éclairer. Il ne suffit pas de se battre ou dire que nous devons nous battre parce que c’est notre guerre. Il faut se battre intelligemment pour ne pas fournir des efforts vains. Le peuple tchadien attend de nous un résultat et nous ne pouvons miser indéfiniment sur la patience. Ce que nous espérons n’est pas un résultat ou un rendement. C’est ce que nous espérons. Point barre! Il est temps de réfléchir à une stratégie gagnante. C’est en observant les démarches solitaires des groupes ethniques que Joe Al écrit que Deby, en tout, est un peu harcelé, incommodé et humilié.
Nous ne réussirons pas à avoir ce dictateur si nous ne nous mettons pas ensemble. Deby a le soutien de la famille françafricaine et franc-maçonne. Si nous ne changeons pas, notre résistance a une chance très mince de réaliser le rêve de porter le changement au Tchad. Nous avions tellement appelé à l’unité de tous les opposants et insisté sur la nécessité d’une unité politique de tous. Personne ne nous a entendus. Les abuseurs de tout genre sont tellement nombreux parmi nous que nous ne savons plus qui est qui.
Si la résistance nationale avait des résultats concrets justifiant les énormes pertes pour faire mentir l’analyse de l’article de Joe Al, nous aurions déjà à l’analyse il y a longtemps. Malheureusement, la raison ne se place de notre côté cette fois-ci. J’ai lu de nombreuses réactions et commentaires à cette analyse. En ce qui me concerne, je n’ai pas quitté le ring mais je reconnais avoir procédé une sérieuse remise en question de notre manière de mener ce combat : nos ainés ne s’entendent plus et nous ne réfléchissons plus assez. Nous dormons dans des rhétoriques routinières ennuyeuses oubliant d’expliquer en profondeur notre cause, de convaincre et rallier les sceptiques.
En plus, nous retombons dans des mêmes erreurs de stratégies sans issues. Ce ne sont pas des éléments de réjouissance et de satisfactions pour quelqu’un qui croient en cette cause. Concernant les autres, je remarque qu’on évite le débat sur le fond de l’article. On conteste tout simplement l’usage d’un mot ou on évoque des arguments humanistes. Le problème d’une telle défense, c’est qu’en deçà de l’humanité, il n’ya plus rien, pas une cause qui vaille la peine de défendre. Avec un peu d’humilité à reconnaitre nos défauts et de l’intelligence pour exploiter positivement les critiques pertinents, nous réussirons à offrir le meilleur des rêves au peuple tchadien : porter un réel changement démocratique au Tchad. En passant, merci Joe Al pour ton brillant article.
Le Gars de Mandoul
[email protected]
Pour mettre la chance du coté de vrais opposants à Deby pour une éventuelle victoire sur la dictature de Ndjamena, nous devons accepter certaines vérités ou remarques mêmes celles les plus dures. Pourquoi est-ce que nous, opposants à la dictature de Deby, ne voulons pas nous dire la vérité? Pourquoi est-ce que nous rejetons du revers des mains toutes les remarques qui ne s’accordent pas à nos opinions? Nous persistons dans des erreurs qui, malheureusement s’amplifient et commencent à se retourner contre nous. Quand quelqu’un d’autre te dit tes défauts, ce n’est évidemment pas un compliment et ça peut être très blessant. Mais si quand même tu prends le temps de réfléchir et de corriger tes lacunes, tu lui retires les mots acerbes des critiques éventuelles et enfin de compte c’est toi qui auras la parole forte demain.
L’article de Joe Al Kongarena, je dois avouer que son audace et l’angle de son analyse m’ont impressionné, est une épée à double tranchant. Selon que l’opposition armée sache récupérer ou non cette sévère autopsie de la résistance, soit elle ralliera de nombreux tchadiens à sa cause (à la défaveur du camp adverse) soit elle dressera une grande majorité de tchadiens contre elle en renforçant le camp adverse. La déclaration selon laquelle l’opposition politico-militaire est vaine et ruineuse est un réel poison qui bouscule les croyances et espoirs de nombreuses personnes en la résistance nationale et surtout sème le doute dans les esprits. Ce doute, je vous mets en garde, est une arme encore plus mortelle car il peut faire très mal à une cause en enlevant la foi de ceux qui croient en la résistance nationale. Sur cet angle, peu de gens ont vu venir l’auteur de l’article «quelle est l’utilité de l’opposition armée au Tchad?» sur librafrique.com
Par ailleurs, la réalité de l’opposition politico-militaire que nous avons connu il ya 3 ou 4ans, c'est-à-dire juste avant la majeure trahison du capitaine Mahamat Nour, n’est plus celle que nous connaissons aujourd’hui. Les problèmes qui avaient causé l’échec des opérations du 13 avril 2006 n’ont jamais trouvé de solutions au moment j’écris et sont devenus même plus complexes qu’auparavant affectant dangereusement la stabilité de l’opposition armée: la course solitaire des groupes ethniques pour l’accaparation du pouvoir s’amplifie à la grande défaveur d’une course d’équipe pouvant donner la victoire à la résistance nationale, œuvre des tchadiens qui croient au changement politique. En effet, ce fut d’abord les tamas avec la coalition FUC qui avaient échoué en avril 2006 parce que les éléments tamas de l’alliance, qui détenaient les armes les plus puissants et étaient les plus armés, n’écoutaient que Mahamat Nour. Ils avaient voulu faire la part belle aux autres groupes ethniques en fonçant tête baissée à Ndjamena à un moment où ils croyaient que l’armée de Deby ne tiendrait plus. Une démarche peu réfléchie.
Nous convenons avec Joe Al que nous ne voyons pas de logique militaire en cette démarche pour vouloir la répéter vu le manque de logistique dans un terrain hostile contrôlé dans les airs par l’ennemi. Malheureusement, personne n’a tiré de leçons de cette aventure esseulée des tamas faisant échouer la cause supérieure que nous défendons. En 2008, c’est le tour des zagawa et des goranes qui avaient résisté à la tentation jusqu’au-delà de Mongo, faisant un peu mieux que les tamas qui avaient entamé leur course solitaire à partir du Guera. En effet, à deux heures de routes de Ndjamena, les divergences ont éclatés entre les zagawa et les goranes (déclarations non concertées et divergentes) jusqu’à la capitale tchadienne faisant échouer, encore une fois de plus, la cause de la résistance nationale.
Les leaders de la résistance, eux-mêmes, sans honte et gêne, ont reconnu et raconté que finalement, arrivés à Ndjamena, ils ne se sont plus entendus. Tout simplement et point barre! Comme pour dire que ce n’est pas grave. Nous chercherons un peu d’essence et recommencerons l’année prochaine, après la saison pluvieuse quand nous pourrons rouler jusqu’à Ndjamena. Qui peut être satisfait d’une telle légèreté? Même pas les dirigeants eux-mêmes.
Au moment où j’écris cet article, les problèmes de la course solitaire des groupes ethniques plutôt qu’une course d’équipe continue de gangrener la résistance nationale. Demain, ça sera le tour des ouaddaiens de courir seul vers Ndjamena et se casser la baraque au dernier moment. Tant que nous ne réglons pas ces problèmes, ces illogismes, tant que l’opposition politico-militaire ne reconnait pas ses graves manquements internes, toutes les alliances échoueront. Si nous sommes incapables de nous dire cette vérité et que quelqu’un d’autre nous la dis, nous ferons mieux de le remercier et chercher à retrouver la raison. Un troisième échec similaire aux autres finira par agacer les tchadiens. Et tout peut se compliquer. Niez, si vous voulez, l’existence des problèmes internes.
Continuez de foncer tête baissée et méprisez la vérité qu’on vous dit et vous verrez bien. Dit-on que la conscience surgit lorsque l’activité rencontre un échec mais nous n’apprenons rien de nos échecs et n’écoutons pas assez les critiques qui auraient pu nous éclairer. Il ne suffit pas de se battre ou dire que nous devons nous battre parce que c’est notre guerre. Il faut se battre intelligemment pour ne pas fournir des efforts vains. Le peuple tchadien attend de nous un résultat et nous ne pouvons miser indéfiniment sur la patience. Ce que nous espérons n’est pas un résultat ou un rendement. C’est ce que nous espérons. Point barre! Il est temps de réfléchir à une stratégie gagnante. C’est en observant les démarches solitaires des groupes ethniques que Joe Al écrit que Deby, en tout, est un peu harcelé, incommodé et humilié.
Nous ne réussirons pas à avoir ce dictateur si nous ne nous mettons pas ensemble. Deby a le soutien de la famille françafricaine et franc-maçonne. Si nous ne changeons pas, notre résistance a une chance très mince de réaliser le rêve de porter le changement au Tchad. Nous avions tellement appelé à l’unité de tous les opposants et insisté sur la nécessité d’une unité politique de tous. Personne ne nous a entendus. Les abuseurs de tout genre sont tellement nombreux parmi nous que nous ne savons plus qui est qui.
Si la résistance nationale avait des résultats concrets justifiant les énormes pertes pour faire mentir l’analyse de l’article de Joe Al, nous aurions déjà à l’analyse il y a longtemps. Malheureusement, la raison ne se place de notre côté cette fois-ci. J’ai lu de nombreuses réactions et commentaires à cette analyse. En ce qui me concerne, je n’ai pas quitté le ring mais je reconnais avoir procédé une sérieuse remise en question de notre manière de mener ce combat : nos ainés ne s’entendent plus et nous ne réfléchissons plus assez. Nous dormons dans des rhétoriques routinières ennuyeuses oubliant d’expliquer en profondeur notre cause, de convaincre et rallier les sceptiques.
En plus, nous retombons dans des mêmes erreurs de stratégies sans issues. Ce ne sont pas des éléments de réjouissance et de satisfactions pour quelqu’un qui croient en cette cause. Concernant les autres, je remarque qu’on évite le débat sur le fond de l’article. On conteste tout simplement l’usage d’un mot ou on évoque des arguments humanistes. Le problème d’une telle défense, c’est qu’en deçà de l’humanité, il n’ya plus rien, pas une cause qui vaille la peine de défendre. Avec un peu d’humilité à reconnaitre nos défauts et de l’intelligence pour exploiter positivement les critiques pertinents, nous réussirons à offrir le meilleur des rêves au peuple tchadien : porter un réel changement démocratique au Tchad. En passant, merci Joe Al pour ton brillant article.
Le Gars de Mandoul
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