À Mme Priscille : l'officialisation de l'anglais serait néfaste pour le pays.
Madame,
Madame,
Je me permets de vous écrire car j'ai été choqué par votre projet d'officialisation de l'anglais :
https://www.alwihdainfo.com/Tchad-la-ministre-Amina-Priscille-souhaite-l-ajout-de-l-anglais-en-tant-que-langue-officielle_a117100.html
En effet, ce projet doit être combattu avec la dernière énergie car il est néfaste, très dommageable pour le pays dans la mesure où il entraînerait des coûts faramineux de traduction de tous les documents officiels, traduction totalement inutile dans la mesure où tous les Tchadiens éduqués connaissent le français. De plus, l'officialisation de l'anglais aurait une autre conséquence très dommageable, à savoir qu'une bonne partie du corps diplomatique étranger ne se donnerait plus la peine d'apprendre le français et ne s'adresserait aux autorités tchadiennes qu'en anglais, entraînant ainsi à terme une anglicisation de toute l'administration tchadienne. Je vous demande donc solennellement d'abandonner ce projet, d'autant plus qu'à part le cas très particulier du Rwanda, envahi par des Ougandais anglophones, aucun pays francophone d'Afrique n'a officialisé ainsi l'anglais. Ce qui prouve bien que cela n'apporte aucune plus-value.
Je réponds plus en détail à vos affirmations :
>L'anglais est une langue d'opportunités, d'affaires, d'avenir.
Ce n'est aucunement une raison pour l'officialiser (ce qu'aucun pays n'a fait). De plus, l'idée selon laquelle l'anglais serait une lingua franca est largement erronée (elle est véhiculée par la propagande mensongère des Anglo-Saxons). En effet, comment peut-on affirmer cela alors que 90% de la population mondiale ignore l'anglais et que ce dernier n'est la langue maternelle que de 7% de la population mondiale ? La connaissance de l'anglais est d'autant moins importante qu'elle n'est plus la langue nationale d'un seul pays de l'Union européenne et a donc vocation à décliner au sein des institutions européennes. Son poids géopolitique au sein de l'Union européenne est désormais nul, avec un nombre de locuteurs natifs de 1%, pourcentage dérisoire. La tentative d'imposer l'anglais comme langue néo-coloniale est dans la droite ligne du discours néo-colonialiste anglo-saxon, très bien décrit par l'universitaire australien Alastair Pennycook :
>L'inscrire comme troisième langue officielle au Tchad pourrait ouvrir des opportunités pour la nouvelle République que nous voulons refonder.
C'est grotesque. L'officialisation de cette langue ne sert strictement à rien et sera un gouffre financier pour l'État, qui sera obligé de traduire tous les documents officiels en anglais, documents que... personne ne lira !
En conclusion, je vous demande encore une fois d'abandonner ce projet néfaste pour le pays qu'est l'officialisation de l'anglais. Le Tchad n'en a aucunement besoin, et doit plutôt porter ses efforts sur un meilleur enseignement de ses langues officielles actuelles, l'arabe et le français. Ce dernier est d'ailleurs une grande langue internationale d'avenir, qui comptera un milliard de locuteurs dans le monde en 2060 et dépassera le chinois d'ici la fin du siècle :
Bien à vous,
Daniel De Poli