Le Centre d'études pour le développement et la prévention de l'extrémisme (CEDPE) a publié cette semaine une étude intitulée "pour une transition réussie et apaisée" au Tchad. La réflexion a été supervisée par Ahmat Yacoub Adam, en collaboration avec Maïbigue Nembaye Davy, Oubadjimdehba Desire et Sadam Ahmat Yacoub. Pour sa part, le président du CEDPE, Dr. Ahmat Yacoub Dabio publiera prochainement une réflexion sur le processus de transition.
Contre toute attente, fin avril dernier, le Tchad a basculé dans une situation d’incertitude, provoquée par la mort tragique du président Idriss Deby Itno, lors d’un combat opposant l'armée à des rebelles dans la province du Kanem. Un Conseil militaire de transition a été mis en place.
Comment les autorités de transition pourraient-elles organiser des assises nationales et des élections à terme échu ? Quels sont les moyens dont disposent les autorités de transition pour la réalisation de ces promesses ? Quelles réponses apportent-elles face à des signes de déchirures sociales qui profilent à l’horizon ? A toutes ces interrogations, cette étude réalisée par le CEDPE tenterait de pousser en profondeur des réflexions en vue d’apporter des propositions.
Le CMT "privilégie la continuité du système"
Le processus transitoire ne prend fin qu’avec la mise en place effective des institutions résultant d'un scrutin libre et disposant d'un pouvoir souverain. Il sera suivi d'une phase de consolidation de la démocratie pour en assurer la stabilité. Mais les actes posés par le Conseil militaire de transition (CMT) depuis sa mise en place laissent place au doute. L'étude relève que "devant une situation qui se complexifie davantage, le CMT fait du surplace sans vouloir opérer un changement de méthode dans la gestion, tout en privilégiant la continuité du système, comme en témoignent certains actes déjà posés".
"Cet état de fait présage certainement d’immenses défis qui se posent pour cette transition notamment la question du dialogue national inclusif et celle du vivre-ensemble", selon l'étude.
Un dialogue indispensable
Dans le contexte actuel du Tchad, le dialogue national inclusif parait de plus en plus indispensable pour diagnostiquer les maux dont souffre le pays. "Il fut pourtant, depuis plus de vingt ans, l’une des principales revendications de la société civile avant d’être récupérée par l’opposition démocratique et les mouvements armés", rappelle l'étude. Toutefois, "débattre de tout sans éluder aucun sujet d’intérêt national pour décider d’un nouveau contrat social nécessite aussi la mobilisation des moyens conséquents et du temps à consacrer".
En plus de l'aspect financier, le nouveau département chargé de question de la réconciliation et du dialogue "ne dispose pas encore d’une feuille de route clairement définie". Il incombe donc à ce département d’élargir ses réflexions autour de la question en collaboration avec des organisations de la société civile et des structures d’études indépendantes comme le CEDPE pour la réussite de la mission qui s’avère d’ailleurs titanesque. Il s’agit de réunir d’hommes et de femmes venant de centaines d’organisations de la société civile et de formations politiques, une vingtaine de mouvements rebelles (dont quelques-uns opérationnels sur le terrain), des représentants de plusieurs milliers de chefferies traditionnelles, des gouvernants et des religieux sans oublier les observateurs internationaux et les représentants du monde diplomatique.
Contre toute attente, fin avril dernier, le Tchad a basculé dans une situation d’incertitude, provoquée par la mort tragique du président Idriss Deby Itno, lors d’un combat opposant l'armée à des rebelles dans la province du Kanem. Un Conseil militaire de transition a été mis en place.
Comment les autorités de transition pourraient-elles organiser des assises nationales et des élections à terme échu ? Quels sont les moyens dont disposent les autorités de transition pour la réalisation de ces promesses ? Quelles réponses apportent-elles face à des signes de déchirures sociales qui profilent à l’horizon ? A toutes ces interrogations, cette étude réalisée par le CEDPE tenterait de pousser en profondeur des réflexions en vue d’apporter des propositions.
Le CMT "privilégie la continuité du système"
Le processus transitoire ne prend fin qu’avec la mise en place effective des institutions résultant d'un scrutin libre et disposant d'un pouvoir souverain. Il sera suivi d'une phase de consolidation de la démocratie pour en assurer la stabilité. Mais les actes posés par le Conseil militaire de transition (CMT) depuis sa mise en place laissent place au doute. L'étude relève que "devant une situation qui se complexifie davantage, le CMT fait du surplace sans vouloir opérer un changement de méthode dans la gestion, tout en privilégiant la continuité du système, comme en témoignent certains actes déjà posés".
"Cet état de fait présage certainement d’immenses défis qui se posent pour cette transition notamment la question du dialogue national inclusif et celle du vivre-ensemble", selon l'étude.
Un dialogue indispensable
Dans le contexte actuel du Tchad, le dialogue national inclusif parait de plus en plus indispensable pour diagnostiquer les maux dont souffre le pays. "Il fut pourtant, depuis plus de vingt ans, l’une des principales revendications de la société civile avant d’être récupérée par l’opposition démocratique et les mouvements armés", rappelle l'étude. Toutefois, "débattre de tout sans éluder aucun sujet d’intérêt national pour décider d’un nouveau contrat social nécessite aussi la mobilisation des moyens conséquents et du temps à consacrer".
En plus de l'aspect financier, le nouveau département chargé de question de la réconciliation et du dialogue "ne dispose pas encore d’une feuille de route clairement définie". Il incombe donc à ce département d’élargir ses réflexions autour de la question en collaboration avec des organisations de la société civile et des structures d’études indépendantes comme le CEDPE pour la réussite de la mission qui s’avère d’ailleurs titanesque. Il s’agit de réunir d’hommes et de femmes venant de centaines d’organisations de la société civile et de formations politiques, une vingtaine de mouvements rebelles (dont quelques-uns opérationnels sur le terrain), des représentants de plusieurs milliers de chefferies traditionnelles, des gouvernants et des religieux sans oublier les observateurs internationaux et les représentants du monde diplomatique.
Le vivre-ensemble
L’histoire tumultueuse du Tchad a produit des effets cancéreux sur l’existence harmonieuse des diversités qui composent le peuple. "De plus en plus des tchadiens se désunissent, se haïssent et se rejettent, d’où le vivre-ensemble dans la paix et autour des valeurs républicaines parait hypothéqué à cause de l’exclusion, de la mauvaise répartition des richesses bref de l’absence d’une justice sociale pour tous", indique l'étude du CEDPE.
L'étude soulève également la faillite de l'école républicaine dans sa mission de produire des citoyens responsables et dévoués à la cause du développement de la cité : "Dès lors, telle une trainée de poudre la propagation du communautarisme, du clanisme et du sectarisme atteint un paroxysme au point où le citoyen replié sur lui-même ne s’identifie qu’en fonction de son appartenance ethnique, confessionnelle, tribale ou clanique".
Plusieurs recommandations
Sur le plan judiciaire, l'étude du CEDPE préconise de combattre l'impunité dans l'appareil judiciaire, l'exclusion, la division et le népotisme par l'instauration d'une justice sociale pour tous, la protection du corps de la justice, l'augmentation des salaires et rémunérations du corps de la justice et des agents de la police et de la gendarmerie.
Au plan économique, la priorité est d'assainir les services des douanes, revoir la fiscalité sur les investissements des entreprises, accentuer la bancarisation des recettes fiscales, lutter efficacement contre la fraude fiscale, démanteler les réseaux mafieux qui font régresser l'économie, accentuer les audits sur les détournements des biens de l'État et distribuer avec équité les richesses nationales.
L'étude du CEPDE préconise le rétablissement de la Constitution de 1996 en apportant des amendements ; de respecter le délai de transition de 18 mois ; impliquer les mouvements politico-militaires, la diaspora et les partis politiques en exil ; revoir l'âge de candidature à la présidentielle ; revoir la question de la représentativité au sein de la CENI, récupérer les armes de guerre détenues illégalement ; permettre les manifestations pacifiques et autres activités politiques pour décrisper la tension politique de l'intérieur ; promouvoir la technocratie et la méritocratie à la base et au sommet de l'État.
Sur le plan social, l'étude suggère notamment de promouvoir l'accès équitable à l'emploi pour la jeunesse, la revalorisation du système éducatif en renforçant l'enseignement civique, l'éradiction du phénomène des conflits intercommunautaires à travers des campagnes de sensibilisation et de dialogue, la résolution de la crise énergétique et la pénurie d'eau dans les centres urbains et ruraux du pays ; la mise sur pied d'une stratégie de construction des logements sociaux destinés en priorité aux jeunes ; lancer une campagne de formation professionnelle en masse des jeunes.
Le CEDPE qui dispose des chercheurs et des chercheurs associés pouvant apporter leurs expertises sur le plan juridique, économique, social, politique et tant d’autres axes qui relèvent de sa compétence, n’a malheureusement pas été approché par les autorités compétente en charge du dossier.
L’histoire tumultueuse du Tchad a produit des effets cancéreux sur l’existence harmonieuse des diversités qui composent le peuple. "De plus en plus des tchadiens se désunissent, se haïssent et se rejettent, d’où le vivre-ensemble dans la paix et autour des valeurs républicaines parait hypothéqué à cause de l’exclusion, de la mauvaise répartition des richesses bref de l’absence d’une justice sociale pour tous", indique l'étude du CEDPE.
Depuis soixante ans, « la politique de diviser pour mieux régner » héritée de la colonisation française suit son cours graduellement et de manière excessive fractionnant ainsi des institutions traditionnelles par la compromission de l’organisation administrative : le découpage administratif et la multiplication de la chefferie traditionnelle réalisés sur la base du clientélisme et de l’affairisme affectent la cohésion sociale et handicapent toute initiative du développement.
L'étude soulève également la faillite de l'école républicaine dans sa mission de produire des citoyens responsables et dévoués à la cause du développement de la cité : "Dès lors, telle une trainée de poudre la propagation du communautarisme, du clanisme et du sectarisme atteint un paroxysme au point où le citoyen replié sur lui-même ne s’identifie qu’en fonction de son appartenance ethnique, confessionnelle, tribale ou clanique".
Le vivre ensemble est cependant l’une des préoccupations majeures qui nécessite d’être entretenu et promu par une volonté politique manifeste. Au-delà de simple déclaration, les autorités de transition doivent poser des actes tendant à créer un sentiment d’appartenance à un même pays avec un idéal commun.
Plusieurs recommandations
Sur le plan judiciaire, l'étude du CEDPE préconise de combattre l'impunité dans l'appareil judiciaire, l'exclusion, la division et le népotisme par l'instauration d'une justice sociale pour tous, la protection du corps de la justice, l'augmentation des salaires et rémunérations du corps de la justice et des agents de la police et de la gendarmerie.
Au plan économique, la priorité est d'assainir les services des douanes, revoir la fiscalité sur les investissements des entreprises, accentuer la bancarisation des recettes fiscales, lutter efficacement contre la fraude fiscale, démanteler les réseaux mafieux qui font régresser l'économie, accentuer les audits sur les détournements des biens de l'État et distribuer avec équité les richesses nationales.
L'étude du CEPDE préconise le rétablissement de la Constitution de 1996 en apportant des amendements ; de respecter le délai de transition de 18 mois ; impliquer les mouvements politico-militaires, la diaspora et les partis politiques en exil ; revoir l'âge de candidature à la présidentielle ; revoir la question de la représentativité au sein de la CENI, récupérer les armes de guerre détenues illégalement ; permettre les manifestations pacifiques et autres activités politiques pour décrisper la tension politique de l'intérieur ; promouvoir la technocratie et la méritocratie à la base et au sommet de l'État.
Sur le plan social, l'étude suggère notamment de promouvoir l'accès équitable à l'emploi pour la jeunesse, la revalorisation du système éducatif en renforçant l'enseignement civique, l'éradiction du phénomène des conflits intercommunautaires à travers des campagnes de sensibilisation et de dialogue, la résolution de la crise énergétique et la pénurie d'eau dans les centres urbains et ruraux du pays ; la mise sur pied d'une stratégie de construction des logements sociaux destinés en priorité aux jeunes ; lancer une campagne de formation professionnelle en masse des jeunes.
Le CEDPE qui dispose des chercheurs et des chercheurs associés pouvant apporter leurs expertises sur le plan juridique, économique, social, politique et tant d’autres axes qui relèvent de sa compétence, n’a malheureusement pas été approché par les autorités compétente en charge du dossier.