Tchad : à Moundou, trois jours pour débattre de l'engagement citoyen et du développement local. © Golmem Ali/Alwihda Info
La première édition de l'Université d'été qui s'est tenue à Moundou du 13 au 15 août 2020 a été l'occasion pour les participants de prendre part à des riches échanges axés sur l'engagement citoyen et le développement local au Logone Occidental. L'ancien ministre du Pétrole, Djerassem Le Bemadjiel, s'est longuement exprimé dans une prise de parole qui a suscité de nombreux applaudissements.
Pour l'ancien membre du gouvernement, "il y a beaucoup de choses qu'on doit combler". Il a évoqué notamment l'impossibilité de conserver les produits périssables ou encore la non utilisation de la chaine de valeur.
Djerassem estime que "l'urgence aujourd'hui c'est d'innover", car "ceux qui survivent sont ceux qui s'adaptent. S'adapter veut dire, accepter de changer ses habitudes."
"Vous perdez votre boulot, vous devenez pauvre tout de suite"
Les personnes sans instruction sont obligées de se débrouiller et créer leur entreprise. "Au Tchad, c'est ça le problème", souligne-t-il. Djerassem ajoute que "ceux qui ont étudié, chacun se réfugie dans le confort de son salaire. Or, quand vous êtes salarié pendant longtemps, vous êtes un potentiel pauvre", en cas de perte d'emploi.
"Ici, le poids social fait que vous travaillez pour 114 personnes en moyenne. Vous perdez votre boulot, vous devenez pauvre tout de suite. On ne doit pas se contraindre. Ça c'est quelque chose qui doit aussi nous éveiller. Chacun, même si vous ne pouvez pas entreprendre, qu'il ait une structure où il peut investir dedans", préconise Djerassem.
"Passer de l'agriculture de subsistance à une agriculture intensive"
L'une des solutions de Djerassem Le Bemadjiel est de faire de l'agriculture autrement. "On a vu que c'est l'agriculture qui est la cause. Si on règle le problème de l'agriculture, on peut régler le problème de cette crise sociale qu'on est en train de connaitre. Donc, passez de l'agriculture de subsistance à une agriculture intensive, passez de l'agriculture saisonnière à une agriculture pérenne. Il faut choisir les cultures les plus rentables et non les cultures habituelles", indique-t-il.
Par exemple, le piment à N'Djamena est à 3800 Fcfa le Kg. "On néglige mais en fait ça coûte très cher. Si vous avez 200 kg de piment, à N'Djamena vous êtes à plus de 700.000 Fcfa, alors que vous pouvez avoir 1 Tonne de mil penicillaire, vous n'aurez pas ça. Donc c'est aussi le moment de réfléchir intelligemment", analyse l'intervenant.
Il partage une expérience qu'il a faite, celle d'innover dans l'agriculture en faisant les choses différemment. Autrement dit, en essayant de cultiver tout ce que nous avons l'habitude de cultiver en saison des pluies, pendant la saison sèche, en plein mars/avril.
D'après Djerassem, "souvent on pense que pour qu'une plante pousse, il faut que l'eau tombe du ciel et que le tonnerre, c'est ça qui fait grandir les plantes. Nous on voulait tester ça en contre-saison, sans la pluie du ciel. On envoi de l'eau et on voit qu'est-ce que ça fait. C'est une démarche scientifique que nous avons fait, c'est un terrain de quatre hectares à 30 km de N'Djamena. Le début des travaux c'est en fin février. Sur le même terrain, on a cultivé le gombo, vous ne pouvez pas imaginer comment ça produisait. On récoltait pleins de sacs tous les deux jours sur un hectare."
Le Bemadjiel appelle à être ambitieux et avoir une vision pour mieux exploiter le potentiel de la province du Logone Occidental :
En passant à une agriculture intelligente, Djerassem estime que c'est la clé pour s'auto-suffire sur le plan alimentaire et développer le secteur secondaire :
De l'avis de l'ancien ministre, les cadres doivent faire un effort pour investir une partie de leur salaire, notamment en prenant des parts dans des sociétés :
Pour l'ancien membre du gouvernement, "il y a beaucoup de choses qu'on doit combler". Il a évoqué notamment l'impossibilité de conserver les produits périssables ou encore la non utilisation de la chaine de valeur.
Djerassem estime que "l'urgence aujourd'hui c'est d'innover", car "ceux qui survivent sont ceux qui s'adaptent. S'adapter veut dire, accepter de changer ses habitudes."
"Vous perdez votre boulot, vous devenez pauvre tout de suite"
Les personnes sans instruction sont obligées de se débrouiller et créer leur entreprise. "Au Tchad, c'est ça le problème", souligne-t-il. Djerassem ajoute que "ceux qui ont étudié, chacun se réfugie dans le confort de son salaire. Or, quand vous êtes salarié pendant longtemps, vous êtes un potentiel pauvre", en cas de perte d'emploi.
"Ici, le poids social fait que vous travaillez pour 114 personnes en moyenne. Vous perdez votre boulot, vous devenez pauvre tout de suite. On ne doit pas se contraindre. Ça c'est quelque chose qui doit aussi nous éveiller. Chacun, même si vous ne pouvez pas entreprendre, qu'il ait une structure où il peut investir dedans", préconise Djerassem.
"Passer de l'agriculture de subsistance à une agriculture intensive"
L'une des solutions de Djerassem Le Bemadjiel est de faire de l'agriculture autrement. "On a vu que c'est l'agriculture qui est la cause. Si on règle le problème de l'agriculture, on peut régler le problème de cette crise sociale qu'on est en train de connaitre. Donc, passez de l'agriculture de subsistance à une agriculture intensive, passez de l'agriculture saisonnière à une agriculture pérenne. Il faut choisir les cultures les plus rentables et non les cultures habituelles", indique-t-il.
Par exemple, le piment à N'Djamena est à 3800 Fcfa le Kg. "On néglige mais en fait ça coûte très cher. Si vous avez 200 kg de piment, à N'Djamena vous êtes à plus de 700.000 Fcfa, alors que vous pouvez avoir 1 Tonne de mil penicillaire, vous n'aurez pas ça. Donc c'est aussi le moment de réfléchir intelligemment", analyse l'intervenant.
Il partage une expérience qu'il a faite, celle d'innover dans l'agriculture en faisant les choses différemment. Autrement dit, en essayant de cultiver tout ce que nous avons l'habitude de cultiver en saison des pluies, pendant la saison sèche, en plein mars/avril.
D'après Djerassem, "souvent on pense que pour qu'une plante pousse, il faut que l'eau tombe du ciel et que le tonnerre, c'est ça qui fait grandir les plantes. Nous on voulait tester ça en contre-saison, sans la pluie du ciel. On envoi de l'eau et on voit qu'est-ce que ça fait. C'est une démarche scientifique que nous avons fait, c'est un terrain de quatre hectares à 30 km de N'Djamena. Le début des travaux c'est en fin février. Sur le même terrain, on a cultivé le gombo, vous ne pouvez pas imaginer comment ça produisait. On récoltait pleins de sacs tous les deux jours sur un hectare."
Le Bemadjiel appelle à être ambitieux et avoir une vision pour mieux exploiter le potentiel de la province du Logone Occidental :
"Notre rêve, au moins, c'est de faire du Logone Occidental la source du Tchad. (...) Nous aussi on a ce potentiel là, peut être que vous ne vous en rendez pas compte mais on a tous les ingrédients qui sont là. C'est le facteur humain qui fait la différence. Si vous prenez conscience de là où on est, on peut aller très loin. Comment y arriver ? On doit introduire de nouvelles variétés plus rentables. On ne doit pas faire les choses qu'on a l'habitude de faire. Non. On doit choisir des cultures de sorte qu'on sait qu'on peut même après acheter une voiture. Il faut aussi rêver.
Être ambitieux c'est normal, si vous n'êtes pas ambitieux, vous n'avez pas de vision. Et si vous n'avez pas de vision, vous allez subir la vie. On doit être ambitieux. (...) Il faut qu'on fasse les choses (...) On doit être ambitieux. C'est quelque chose qui est faisable et c'est possible."
En passant à une agriculture intelligente, Djerassem estime que c'est la clé pour s'auto-suffire sur le plan alimentaire et développer le secteur secondaire :
"On peut même dépasser nos besoins alimentaires. (...) On a beaucoup de cadres. Les malédictions de la pauvreté, c'est lié à l'insécurité alimentaire. Vous prenez les budgets familiaux, la partie qui prend 65% c'est l'alimentaire. (...) La seule solution c'est de passer à l'agriculture intensive, on va être en sécurité et l'excédent peut permettre de développer le secteur secondaire."
De l'avis de l'ancien ministre, les cadres doivent faire un effort pour investir une partie de leur salaire, notamment en prenant des parts dans des sociétés :
"Le reste des cadres qui travaillent et qui n'investissent pas, il faut qu'un effort soit fait de ce côté. On peut ensemble créer une structure, divisée en actions, c'est comme ça les blancs ils font. Vous ne connaissez même pas la société mais telle structure, il y a 1000 actions de 10.000 Fcfa. Tu peux prendre combien d'actions ? Ça ne te coûte rien. Après, la société produit et on te paye ta part. Là, c'est l'argent qui travaille pour toi."