Des gendarmes escortent un détenu au Tchad. Illustration © Alwihda Info
La Ligue tchadienne des droits de l'Homme (LTDH) vient de rendre un rapport d'enquête sur la mort mystérieuse de 44 des 58 détenus, présumés membres de Boko Haram, le 16 avril 2020 dans une cellule à N'Djamena. Ce rapport succède celui de la Convention tchadienne de défense des droits de l'Homme (CTDDH) dévoilé le 29 juin 2020, et en vient à des conclusions similaires.
La LTDH a pu identifier et est entrée en contact avec des parents de survivants ainsi que ceux de personnes décédées. Elle a également rencontré trois médecins pour prendre leurs avis techniques sur les autopsies.
L'organisation révèle que les survivants ont été "déportés, sans aucune explication, à la prison de Koro Toro, le vendredi 29 mai 2020, au mépris total tant des considérations juridiques liées à la compétence territoriale et au droit à la défense."
Selon les informations recueillies sur le terrain, "les présumés Boko Haram ont été arrêtés dans différents villages environnants de Bohoma, regroupés à Daboua, puis transférés le 13 avril 2020 à Bagassola où ils seront présentés à la presse, puis acheminés, dans la soirée, à N’Djamena. Le premier constat fait, c’est que sur les 70 personnes présentées à Bagassola, seules 58 arriveront à N’Djaména."
Parmi les morts, "11 sont issus d’une même famille. Ils étaient pour leur majorité des hommes mariés, et pères de plusieurs enfants", indique la LTDH qui a adossé au rapport une liste complète des 58 détenus transférés à N'Djamena.
La LTDH a pu identifier et est entrée en contact avec des parents de survivants ainsi que ceux de personnes décédées. Elle a également rencontré trois médecins pour prendre leurs avis techniques sur les autopsies.
L'organisation révèle que les survivants ont été "déportés, sans aucune explication, à la prison de Koro Toro, le vendredi 29 mai 2020, au mépris total tant des considérations juridiques liées à la compétence territoriale et au droit à la défense."
Selon les informations recueillies sur le terrain, "les présumés Boko Haram ont été arrêtés dans différents villages environnants de Bohoma, regroupés à Daboua, puis transférés le 13 avril 2020 à Bagassola où ils seront présentés à la presse, puis acheminés, dans la soirée, à N’Djamena. Le premier constat fait, c’est que sur les 70 personnes présentées à Bagassola, seules 58 arriveront à N’Djaména."
Parmi les morts, "11 sont issus d’une même famille. Ils étaient pour leur majorité des hommes mariés, et pères de plusieurs enfants", indique la LTDH qui a adossé au rapport une liste complète des 58 détenus transférés à N'Djamena.
Les détenus à Baga Sola, la veille de leur transfèrement à N'Djamena, et peu avant leur mort. © Capture d'écran
"Les 44 conjurés ont été sciemment éliminés"
"Certains ont commencé à avoir des démangeaisons sans arrêt, laissant apparaître des éruptions cutanées. Puis, des dattes leurs seront jetées par les persiennes, autour de 13 h, comme repas de la mort. Ils se les sont partagées et ont manifesté de la soif presque aussitôt, les obligeant à tambouriner sur la porte pour solliciter de l’aide. (...) À partir de 18h, une fumée noire a subitement envahie la cellule où étaient détenus les 58 prisonniers, attachés les uns aux autres. Immédiatement, ils se sont mis à tambouriner une fois de plus sur la porte, mais sans succès, cette fois-ci. Certains toussaient, d’autres se sont évanouis et les plus courageux récitaient des versets coraniques ou criaient pour demander de l’eau à boire avant de s’écrouler (...) Ainsi sont-ils tombés les uns après les autres, avant d’expirer."
La LTDH estime que "de toute évidence, tout laisse croire que, les 44 conjurés ont été sciemment éliminés. Serait-ce les dattes consommées, le sable répandu dans la cellule ou la mystérieuse fumée ?"
Elle ajoute que "les personnes présentées comme étant des prisonniers de guerre n’étaient pas en réalité des membres de la secte Boko Haram. Elles n’ont pas été prises dans le feu de l’action, sur le champ de bataille, ou en possession d’armes ou d’instruments suspects. En outre, les circonstances de leurs arrestations ne prêtaient nullement à confusion. Mieux, elles avaient toutes été appréhendées en dehors de la zone dite des opérations (en dehors de la zone rouge)."
"Ces personnes étaient, pour la plupart, des agriculteurs, des commerçants de bétails, de petits commerçants et des pêcheurs des villages du Lac- Tchad, qui faisaient habituellement des allers retours dans les villes frontalières du Niger et du Nigeria, d’une part, pour écouler leurs marchandises et, d’autre part, s’approvisionner en divers produits de premières nécessités. Tous, de nationalité tchadienne, ils étaient en possession des laissez- passer leur permettant de traverser les frontières. (...) Le plus curieux est que certains avaient été arrêtés alors même qu’ils ont indiqué les contacts de leurs parents, les militaires n’avaient pas jugé utile de vérifier l’information", précise l'organisation.
"La thèse de l’assassinat de masse par empoisonnement"
Selon la LTDH, il "s’impose indubitablement la thèse de l’assassinat de masse par empoisonnement". L'organisation n'exclut pas des "actions conséquences afin que la mort de ces 44 concitoyens et la disparition suspecte de 12 autres ne soient pas vaines."
Elle appelle à la libération des 14 survivants et exige l’ouverture d’une enquête internationale indépendante.
"Certains ont commencé à avoir des démangeaisons sans arrêt, laissant apparaître des éruptions cutanées. Puis, des dattes leurs seront jetées par les persiennes, autour de 13 h, comme repas de la mort. Ils se les sont partagées et ont manifesté de la soif presque aussitôt, les obligeant à tambouriner sur la porte pour solliciter de l’aide. (...) À partir de 18h, une fumée noire a subitement envahie la cellule où étaient détenus les 58 prisonniers, attachés les uns aux autres. Immédiatement, ils se sont mis à tambouriner une fois de plus sur la porte, mais sans succès, cette fois-ci. Certains toussaient, d’autres se sont évanouis et les plus courageux récitaient des versets coraniques ou criaient pour demander de l’eau à boire avant de s’écrouler (...) Ainsi sont-ils tombés les uns après les autres, avant d’expirer."
La LTDH estime que "de toute évidence, tout laisse croire que, les 44 conjurés ont été sciemment éliminés. Serait-ce les dattes consommées, le sable répandu dans la cellule ou la mystérieuse fumée ?"
Elle ajoute que "les personnes présentées comme étant des prisonniers de guerre n’étaient pas en réalité des membres de la secte Boko Haram. Elles n’ont pas été prises dans le feu de l’action, sur le champ de bataille, ou en possession d’armes ou d’instruments suspects. En outre, les circonstances de leurs arrestations ne prêtaient nullement à confusion. Mieux, elles avaient toutes été appréhendées en dehors de la zone dite des opérations (en dehors de la zone rouge)."
"Ces personnes étaient, pour la plupart, des agriculteurs, des commerçants de bétails, de petits commerçants et des pêcheurs des villages du Lac- Tchad, qui faisaient habituellement des allers retours dans les villes frontalières du Niger et du Nigeria, d’une part, pour écouler leurs marchandises et, d’autre part, s’approvisionner en divers produits de premières nécessités. Tous, de nationalité tchadienne, ils étaient en possession des laissez- passer leur permettant de traverser les frontières. (...) Le plus curieux est que certains avaient été arrêtés alors même qu’ils ont indiqué les contacts de leurs parents, les militaires n’avaient pas jugé utile de vérifier l’information", précise l'organisation.
"La thèse de l’assassinat de masse par empoisonnement"
Selon la LTDH, il "s’impose indubitablement la thèse de l’assassinat de masse par empoisonnement". L'organisation n'exclut pas des "actions conséquences afin que la mort de ces 44 concitoyens et la disparition suspecte de 12 autres ne soient pas vaines."
Elle appelle à la libération des 14 survivants et exige l’ouverture d’une enquête internationale indépendante.