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Tchad : pourquoi l'Artémisia est-elle "interdite" ? Les explications


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 7 Mai 2020



Une plante d'Artémisia. © DR
Une plante d'Artémisia. © DR
Le 20 octobre 2019, le ministre de la Santé publique a "interdit formellement", à travers une circulaire, la promotion, la vulgarisation, la vente et l’utilisation non pharmaceutique des différentes parties d’Artémisia annua sur tout le territoire tchadien.

Cette interdiction suscite des réactions, notamment des députés qui n'ont pas manqué d'interpeller le ministre de la Santé publique, Pr. Mahamoud Youssouf Khayal, ce lundi à l'Assemblée nationale.

"Vous, vous rangez derrière l'OMS et l'industrie pharmaceutique"

"Par une circulaire du 20 octobre 2019, vous avez interdit l'Artémisia au Tchad", lance Saleh Kebzabo. "Or nous savons qu'il a été démontré scientifiquement que l'Artémisia guérit le paludisme à 98%. Lorsque vous interdisez l'Artémisia, M. le ministre, ça veut dire que vous, vous rangez derrière l'OMS et l'industrie pharmaceutique qui combattent une réalité qui finit par s'imposer parce qu'aujourd'hui, l'Artémisia a crevé tous les écrans avec ce qui s'est passé à Madagascar. Parce que Covid-19 se guérit à partir de la molécule de l'Artémisia plus autre chose que nous ne connaissons pas", poursuit-il.

"Je voudrais mettre en garde nos compatriotes parce que je vois circuler sur les réseaux sociaux que l'Artémisia guérit le Covid-19. Non. L'Artémisia seul guérit le paludisme selon un protocole qui existe. Au Tchad, ce n'est pas une plante qui est cultivée partout. Je connais un seul centre à Moundou qui le cultive de façon intense. Tous les autres ne font que des petites cultures familiales", explique le député Saleh Kebzabo.

Selon lui, "le rêve serait que dans chaque famille tchadienne, il y ait une plante d'Artémisia pour se battre contre le paludisme qui pour le moment est la maladie qui tue le plus au Tchad. M. le ministre, est-ce que vous allez continuer à combattre l'Artémisia ou bien est-ce que vous allez vous mettre dans l'ère du temps pour, comme d'autres pays africains, prendre le train en marche et se dire qu'il y a quelque chose qui guérit le Covid-19, c'est l'Artémisia Organics qui est mis au point par Madagascar."

"Il faut absolument deux molécules (...) Sinon elle fait de la résistance et c'est les scientifiques qui le disent"

"On revient sur Artémisia. Guérit-elle le paludisme ou guérit-elle autre chose ? Le paludisme, non. On a essayé Artémisia un temps donné, comme on a essayé la Nivaquine un temps donné. Ça guérissait (...) mais maintenant il faut absolument deux molécules (...) Sinon elle fait de la résistance et c'est les scientifiques qui le disent. Ici on ne tourne pas en rond pour démontrer de midi à 24 heures. Les scientifiques disent clairement qu'aujourd'hui le paludisme a pris de la résistance. En prenant l'Artémisia seul, ça ne peut pas aller. Il faut la mélanger avec une autre molécule. C'est comme ça que les chinois font. C'est la tendance qui est comme ça, il faut l'accepter du point de vue scientifique", a réagi le ministre de la Santé publique.

Il explique que "dans certains pays, ça été démontré par les études : ils prennent seulement le jus d'Artémisia, ça développe des résistances et demain il y a des difficultés pour les faire soigner. C'est la science, on l'accepte. Le débat peut être continué mais il faut accepter les grandes décisions. Avant on se guérissait avec les nivaquines. Je me rappelle mon temps où j'étais petit, on nous donnait des nivaquines sur des cuillérées ; on buvait, on est en bonne santé. Mais essayez aujourd'hui, vous ne pouvez pas M. le député. Ce n'est pas possible. Il faut accepter. Les choses avancent, les choses changent, il y a des mutations, des résistances, etc."

"Les plantes vont donner beaucoup, beaucoup dans la santé de l'Homme"

De l'avis du ministre, il faut se fier aux recherches scientifiques. "La science continue", dit-il. "La science dit que maintenant, dans nos temps actuels et dans l'avenir, les gens vont se retourner vers les plantes. Les plantes vont donner beaucoup, beaucoup dans la santé de l'Homme. Elles vont donner beaucoup. Nos enfants, nos jeunes qui sont en train d'étudier auront beaucoup de travail et vont, à mon avis, sauver l'humanité. L'humanité maintenant va se retourner dans les plantes pour faire des médicaments", estime le ministre de la Santé publique.

Réagissant aux critiques d'éventuelles contraintes extérieures suite à l'interdiction de l'Artémisia, le ministre dit ceci : "L'OMS en tant que telle, nous tous, nous avons opté pour l'OMS. Tous nos pays. Le Tchad fait partie. Ce n'est pas d'aujourd'hui que le Tchad rentre à l'OMS. Les recommandations de l'OMS sont acceptées. Maintenant, pour le Covid, on a dit qu'il n'y a pas un médicament, que chaque pays fasse son protocole."

"Je n'ai aucune relation avec une firme pharmaceutique"

"Ce n'est pas moi qui vais essayer d'orienter ou de développer les firmes pharmaceutiques. D'abord je ne les connais pas. Je ne connais aucune firme pharmaceutique. Je n'ai aucune relation avec une firme pharmaceutique mais je travaille beaucoup avec l'OMS. Nos laboratoires et pharmaciens travaillent avec certaines firmes sans pour autant être corrompus par les firmes pour accepter les décisions de l'OMS", indique Pr. Mahamoud Youssouf Khayal.

"Le chef de l'État a été clair, les tchadiens ne seront pas des cobayes"

"Nous défendons l'intérêt du Tchad, et il a été bien précisé dans un des communiqués que j'ai fait passer que le Tchad ne sera jamais le premier pays qui va utiliser ces vaccins expérimentaux. Et là, le chef de l'État a été clair, les tchadiens ne seront pas des cobayes. Il a été bien clair", conclut le ministre.



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