Un ex-collaborateur du journal satirique "Charlie Hebdo", Delfeil de Ton, reproche au dessinateur Charb, abattu dans les locaux de la rédaction, d'avoir "entraîné l'équipe dans la surenchère". Une accusation qui scandalise l'avocat du défunt.
"Charb est allé trop loin". Dans une tribune du magazine "l'Obs" publiée jeudi à l'occasion d'un numéro consacré à "Charlie Hebdo", l’un des pionniers du magazine satirique, Delfeil de Ton, adresse de vives critiques à l’encontre du défunt.
"Je sais, ça ne se fait pas. J’ai trop de peine. Et quand je rencontrais Charb, je ne lui cachais pas ce que je pensais. Lui, tout pareil. Ce gars était épatant", explique Delfeil de Ton, 80 ans. "Ce que j’appréciais le plus, c’était sa franchise. Je vais être franc avec lui et il m’écouterait, peut-être même, cette fois, serait-il d’accord avec moi, cette tête de lard. C’était une tête de lard. Il était le chef. Quel besoin a-t-il eu d’entraîner l’équipe dans la surenchère ?", s’interroge le journaliste qui a fait partie de la première équipe de "Charlie Hebdo", avant de quitter le journal satirique en 1975.
Après l’incendie des locaux de "Charlie Hebdo" en novembre 2011, en réaction à la publication des caricatures de Mahomet dans le numéro spécial "Charia Hebdo", Delfeil de Ton explique que Charb, de son vrai nom Stéphane Charbonnier, n’aurait pas dû recommencer. "Il fallait pas le faire mais Charb l’a refait", déplore-t-il dans cette chronique intitulée "Fais-moi mal, 'Charlie' !"
"Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles"
Et d’exposer une lettre qu’il avait adressée au croqueur impénitent un an plus tard, en septembre 2012, alors même qu’une nouvelle "provocation" du journal venait d’embraser les pays musulmans. "Se situer à l’extrême gauche et s’entendre dire par le NPA [Nouveau parti anticapitaliste, NDLR] qu’on 'participe à l’imbécilité réactionnaire du choc des civilisations', se définir écologistes et être traités de 'cons' par Daniel Cohn-Bendit, ça devrait donner à réfléchir. Surtout quand dans le même temps, on est applaudi par la famille Le Pen, Rioufol du 'Figaro' et le Premier ministre de Sarkozy'", avait-il asséné.
À la même époque, selon Delfeil, le dessinateur Wolinski, tué aussi dans l’attaque du 7 janvier, avait lui-même affirmé : "Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. C'est tout. On se croit invulnérables. Pendant des années, des dizaines d'années même, on fait de la provocation et puis un jour la provocation se retourne contre nous."
Pour conclure, Delfeil explique que Charb "préférait mourir", ne laissant ainsi pas le choix à d’autres, comme Wolinski, qui "préféraient vivre".
Un papier polémique et fielleux
En réaction à ces critiques acerbes, l’avocat de Charb, Me Rochard Malka, a exprimé sa vive émotion. "Charb n’est pas encore enterré que 'L’Obs' ne trouve rien de mieux à faire que de publier sur lui un papier polémique et fielleux", s’est-il indigné dans un SMS, envoyé mercredi à Matthieu Pigasse, l’un des actionnaires de l’hebdomadaire en question.
"Sur le plateau du 'Grand Journal', l’autre jour, le directeur de 'L’Obs', Matthieu Croissandeau, n’avait pas de larmes assez chaudes pour dire qu’il continuerait le combat. Je ne pensais pas qu’il le ferait de cette manière. Je refuse de me laisser envahir par de mauvaises pensées, mais ma déception est immense," a-t-il ajouté.
"Charb est allé trop loin". Dans une tribune du magazine "l'Obs" publiée jeudi à l'occasion d'un numéro consacré à "Charlie Hebdo", l’un des pionniers du magazine satirique, Delfeil de Ton, adresse de vives critiques à l’encontre du défunt.
"Je sais, ça ne se fait pas. J’ai trop de peine. Et quand je rencontrais Charb, je ne lui cachais pas ce que je pensais. Lui, tout pareil. Ce gars était épatant", explique Delfeil de Ton, 80 ans. "Ce que j’appréciais le plus, c’était sa franchise. Je vais être franc avec lui et il m’écouterait, peut-être même, cette fois, serait-il d’accord avec moi, cette tête de lard. C’était une tête de lard. Il était le chef. Quel besoin a-t-il eu d’entraîner l’équipe dans la surenchère ?", s’interroge le journaliste qui a fait partie de la première équipe de "Charlie Hebdo", avant de quitter le journal satirique en 1975.
Après l’incendie des locaux de "Charlie Hebdo" en novembre 2011, en réaction à la publication des caricatures de Mahomet dans le numéro spécial "Charia Hebdo", Delfeil de Ton explique que Charb, de son vrai nom Stéphane Charbonnier, n’aurait pas dû recommencer. "Il fallait pas le faire mais Charb l’a refait", déplore-t-il dans cette chronique intitulée "Fais-moi mal, 'Charlie' !"
"Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles"
Et d’exposer une lettre qu’il avait adressée au croqueur impénitent un an plus tard, en septembre 2012, alors même qu’une nouvelle "provocation" du journal venait d’embraser les pays musulmans. "Se situer à l’extrême gauche et s’entendre dire par le NPA [Nouveau parti anticapitaliste, NDLR] qu’on 'participe à l’imbécilité réactionnaire du choc des civilisations', se définir écologistes et être traités de 'cons' par Daniel Cohn-Bendit, ça devrait donner à réfléchir. Surtout quand dans le même temps, on est applaudi par la famille Le Pen, Rioufol du 'Figaro' et le Premier ministre de Sarkozy'", avait-il asséné.
À la même époque, selon Delfeil, le dessinateur Wolinski, tué aussi dans l’attaque du 7 janvier, avait lui-même affirmé : "Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. C'est tout. On se croit invulnérables. Pendant des années, des dizaines d'années même, on fait de la provocation et puis un jour la provocation se retourne contre nous."
Pour conclure, Delfeil explique que Charb "préférait mourir", ne laissant ainsi pas le choix à d’autres, comme Wolinski, qui "préféraient vivre".
Un papier polémique et fielleux
En réaction à ces critiques acerbes, l’avocat de Charb, Me Rochard Malka, a exprimé sa vive émotion. "Charb n’est pas encore enterré que 'L’Obs' ne trouve rien de mieux à faire que de publier sur lui un papier polémique et fielleux", s’est-il indigné dans un SMS, envoyé mercredi à Matthieu Pigasse, l’un des actionnaires de l’hebdomadaire en question.
"Sur le plateau du 'Grand Journal', l’autre jour, le directeur de 'L’Obs', Matthieu Croissandeau, n’avait pas de larmes assez chaudes pour dire qu’il continuerait le combat. Je ne pensais pas qu’il le ferait de cette manière. Je refuse de me laisser envahir par de mauvaises pensées, mais ma déception est immense," a-t-il ajouté.