Par Singa Alexis Clevis
Au lendemain de la composition du gouvernement d’André Nzapayeke, loin de satisfaire aux critères d’intégrité prônés par les décideurs extérieurs et les deux têtes de l’exécutif de la transition, la Présidente Catherine Samba Panza a cru bon rassurer ses compatriotes avec la formation de son cabinet. Une trentaine de personnes allant de Ministres d’Etat aux Ministres et Conseillers. Il est de bonne augure d’admettre la relativité parfois modeste des connaissances dont dispose l’espèce humaine en âge de maturité. Cela peut justifier d’une certaine manière le fait de s’entourer des compétences nécessaires à l’exécution de son mandat. Mais de là à instaurer à la présidence une pléthore de ministres et conseillers, c’est totalement irresponsable d’autant plus que pour satisfaire aux exigences de salaires les concernant, il faut nécessairement puiser dans les fonds d’aide destinés à la reconstruction du pays. Dans un Etat où les grandes sociétés plient bagages, celles là même qui alimentent l’essentiel des recettes fiscales, où des forces occultes comme la Séléka s’érigent en douaniers pour collecter les taxes et les impôts divers, on a pas le droit à l’erreur. Calquer sur le passé pour satisfaire un clan ou une famille relève d’un pari funambulesque et peut engendrer des craintes ou des frustrations au sein de la population.
Le pays a violemment été secoué par les praticiens du ‘’mercenariat’’ à l’origine des morts, des déplacés, de la famine à venir et de la trahison. L’étendard de la probité a été brandi pour enfin tourner la page, c’est ce qu’on a cru comprendre. Aujourd’hui, les plaies restent béantes à cause de la volonté présidentielle de composer avec la Séléka justifiant ainsi la présence de leurs dignitaires au gouvernement et à la présidence. C’est une farce cynique et aussi une provocation dont les conséquences peuvent être dangereuses.
On peut l’affirmer ici avec solennité : pour qu’il y ait la paix en Centrafrique, les bourreaux ne doivent pas côtoyer les victimes. En d’autres termes les dignitaires de l’organisation criminelle Séléka n’ont pas leur place aux cotés des fils et filles de ce pays qui ne demandent qu’à vivre en paix avec toutes les communautés comme ça a toujours été le cas.
Les apprentis mercenaires comme Démafouth à qui on a offert une possibilité de retrouver sa base et dont les mains sont souillés par le sang des victimes de son ex-mouvement rebelle fusionné depuis lors avec la Séléka, doivent rendre compte de leur trahison devant la justice du peuple. Il faut le dire fermement, ils ne sont pas habilités à recevoir les honneurs d’une fonction ministérielle car ce serait une insulte et un mépris à l’égard des centrafricains.
Certains hommes politiques bien connus ont pris la responsabilité de signer des pactes avec la Séléka pour le partage des postes ministériels, c’est de la traîtrise et cela a un prix. En ramenant ces criminels, la Présidente a avili la confiance de ses concitoyens et cela annihile complètement la restauration d’une quelconque autorité de l’Etat.
L’éthique et la morale requièrent tout simplement que les criminels et leurs complices soient mis à la disposition de la justice, qu’ils soient également honnis et bannis de la politique.
La pression extérieure ne doit pas se substituer à la volonté souveraine du peuple. Le chantage des donateurs et investisseurs doit consolider l’inflexibilité du Centrafricain vis à vis des réseaux criminels organisés tels que la Séléka, considérée comme la version dérivée de l’organisation terroriste Boko Haram en Afrique Centrale.
Les représentants et dignitaires de la Séléka au gouvernement et à la présidence doivent être démis de leur fonction pour que les centrafricains fassent leur deuil en toute sérénité.
Les coordonnateurs des milices qui ne cessent de soutenir la perpétuation des massacres de civils innocents doivent comprendre qu’il n y a pas de marchandage à faire sur la paix. C’est sans conditions qu’ils doivent cesser leurs activités pour faire place à l’ordre légitime que représentent les forces de l’opération Sangaris et de la Misca. Ils doivent en outre répondre de leur crime car il serait inadmissible de laisser faire impunément des bandits.
Les patriotes doivent dénoncer et traquer ces criminels qui ne pensent qu’aux pillages et aux massacres. Nous avons besoin d’un temps de répit pour repenser une nouvelle Centrafrique même si l’exécutif actuel dans sa composante inquiète.
L’assurance d’une pacification passe par la poursuite des dignitaires de la Séléka et l’anéantissement des milices barbares. Ce qui n’est pas prêt d’être le cas surtout avec la promotion dont bénéficient les criminels et autres traîtres de la nation centrafricaine.
Pour autant, une nouvelle génération de Centrafricains ne doit pas désormais laisser l’apanage à des véreux sanguinaires se disant hommes politiques d’hypothéquer d’une manière définitive l’avenir de la jeunesse centrafricaine. Ce serait une faute morale grave et une trahison. Quant à la probité, elle va être le socle de tout lien avec la politique et la justice, le fondement de tout engagement politique.
La famine : menace réelle en Centrafrique
La souffrance du peuple centrafricain est incontestablement orchestrée par les dignitaires tchadien, soudanais et centrafricain de la Séléka. Sans inquiétude aucune, ils ont l’assurance et la garantie de rester impunis au vu des accords négociés qui ont conditionné l’éviction des deux complices et anciens responsables exécutifs de la transition.
Qu’on se rassure, cet accord négocié n’engage que leurs signataires mais ne concerne en rien le peuple centrafricain car sera évoquée en tout état de cause la question de sa légitimité.
La Séléka avec ses composantes tchadienne, soudanaise et centrafricaine ont insidieusement programmé la mort des paysans et agriculteurs pour obliger le peuple de cette nation à consommer les produits tchadien et soudanais qu’elles importent frauduleusement.
Les paysans sont forcés de délaisser leur village pour servir de ‘’porteurs’’ et réduits ni plus ni moins en esclaves par les nouveaux maîtres Séléka. Ils sont abattus tels des bétails en cas de dépréciation physique due aux souffrances endurées. Les femmes sont violées et soumises aux volontés de ces barbares rendant impossible leur disponibilité pour la récolte, la mise à l’eau et le séchage du manioc. Les enfants n’ont plus ne sont pas épargnés, ils sont transformés en soldats après des phases d’initiation à la drogue et au crime. Dur exercice que d’être obligé de tirer à bout portant sur un membre de sa famille avec une kalachnikov en pleine tête et cela en guise de baptême. Ces mômes censés accompagner leurs parents dans les champs et dont les rôles semblent définis depuis la nuit des temps assurent de manière pérenne le ravitaillement en eau de toute la famille où qu’elle se trouve.
Il est dangereux pour un paysan de s’aventurer dans une quelconque activité agricole au risque de croiser les hommes de la Séléka et d’être simplement égorgé. Ces derniers pratiquent systématiquement une politique de terre brûlée après chaque passage, créant ainsi une situation de famine sans précédent dans les villages. Les gens sont réduits à manger des écorces, des racines, des feuilles crues dans la brousse. L’utilisation du feu est proscrite de peur d’attirer l’attention des criminels envahisseurs. Ceux qui n’en peuvent plus de ces tortures meurent et sont abandonnés sur place sans sépulture car il faut la force physique et l’énergie pour creuser des tombes et ensevelir des cadavres. Dans ces conditions, le risque d’une épidémie de choléra n’est pas à exclure en cas de pluie. Les villages sont désertés en raison des incendies systématiques qui succèdent aux pillages. Une véritable extermination préparée méthodiquement depuis de longue date par les dignitaires actuels de la Séléka , dans le but ultime de réduire au maximum le nombre des centrafricains non soumis à l’islam.
Avec l’arrivée des forces françaises, certaines composantes de la nébuleuse Séléka ayant vu le rapport de force basculé en leur défaveur, ont pris la route du nord en massacrant au passage les populations. Les charniers font leur apparition et se révèlent aux yeux des Centrafricains comme l’innovation par excellence en matière de crime et une signature particulière imputée aux mercenaires tchado-soudanais de cette organisation criminelle.
L’impossible cohabitation avec les bourreaux
Que les choses soient bien claires, il ne peut y avoir une quelconque connivence avec les professionnels de massacres. Le pardon ne peut se justifier dans le cas d’une extermination planifiée. Que ceux qui sont à l’origine du mal s’expriment, demandent pardon et réparent leur faute. Ce ne serait qu’à ce moment que les victimes étudierons la possibilité de pardonner en retour à ceux qui ont permis de tuer ou qui se sont laisser embrigader par ces escadrons de la mort venus d’ailleurs.
Avouons qu’il est trop tôt de pardonner tant que ces conditions ne seront pas réunies à savoir entre autre, l’identification des victimes, le recensement des charniers et aussi l’identification du cercle des coupables qu’ils soient étrangers, d’origines étrangères ou centrafricains. Dans tous les cas, les Centrafricains de la nouvelle génération se mobiliserons pour traquer les coupables de ces atrocités où qu’ils soient ainsi que leurs complices afin que justice soit rendue aux victimes.
Ce qui est certains, les bourreaux devenus ministres pour avoir ôté la vie de milliers de gens ne le resterons pas longtemps car le dernier mot reviendra aux centrafricains.
La France a tort de proposer qu’ils soient confiés aux dignitaires de la Séléka, des postes ministériels en dépit de graves violations de droits humains dont ils sont coupables. Les enfants de ce pays demandent qu’ils rendent compte de leurs actes devant la justice et pas autrement.
Ce que bon nombre de gens semblent ignorer, c’est que les agréments donnant droit à l’exploitation de diamant sont plus accordés à des musulmans étrangers et autochtones de la Vakaga et du Bamingui Bangoran, régions du nord dont sont originaires les Goula et Rounga ethnies proches des musulmans mais qui pratiquent généralement un islam plutôt tolérant et non ostentatoire. Le tourisme a été développé par exemple dans ces régions notamment dans le Bamingui Bangoran avec les parties de chasse organisées par des sociétés privées. L’ancien Président français Valery Giscard d’Estaing y avait même son terrain de chasse dénommé ‘’le Parc de Saint Floris’’. Les touristes affluaient dans ces régions dotées d’un parc animalier sauvage unique et classé par l’Unesco. Certains compatriotes résidents de ces zones ont préféré collaborer avec les braconniers soudanais et tchadiens reconvertis aujourd’hui en seigneurs de guerre pour piller et détruire cette richesse, source d’attractivité touristique. Le débat qui consiste à dire que les populations de ces zones ont toujours été mis à l’écart est un raccourci truffé de contre vérité.
Le Haut Mbomou vit dans la même situation d’éloignement que la Vakaga et le Bamingui Bangoran ; pour autant, les ressortissants du Haut Mbomou ne se sont pas laissés tenter par les apôtres du mercenariat venus du Tchad et du Soudan. Ils sont au contraire victimes malheureuses de la LRA de Joseph Kony, alliée indéfectible de la Séléka.
Le temps est venu de situer les responsabilités.
D’abord celles de tous ceux qui ont fait appel à des ‘’mains étrangères’’ pour prendre ou consolider le pouvoir comme Bozizé et les autres. Ils doivent rendre des comptes.
Ensuite, les milices et ceux qui se revendiquent comme étant leur encadrant.
Enfin les auteurs de crimes économiques. La justice doit les entendre pour pouvoir tracer le parcours de leur insolente richesse.
La continuité qui semble être imposée de force au peuple centrafricain est un crime qui affecte son identité et bride la résorption de cette crise. La méfiance est aujourd’hui permanente à l’égard des nouvelles autorités du fait de leurs discours émaillés de contradiction car comment peut-on être au service des victimes avec l’aide et l’assistance ‘’intellectuelles’’ des bourreaux ?
Rien est clair à l’horizon pour le devenir des Centrafricains tant qu’on aura pas soulevé le tapis pour dépoussiérer en dessous. L’anomie développée dans le pays incombe aux ennemis de la nation centrafricaine en l’occurrence les dignitaires des organisations terroristes et les composantes de la Séléka encore opérationnelles. Ce qui est absurde aujourd’hui, c’est de faire croire qu’il suffit d’évincer celui qui s’est auto-désigné chef de la Séléka en la personne de Djotodia Am Nondroko et garder ses lieutenants qui sont les véritables ‘’penseurs’’ de ce mouvement terroriste, pour enfin signifier que tout est redevenu normal. Encore une fois, la Centrafrique n’est ni le Tchad, ni le Soudan, ni le Sud-Soudan, ni la France. Les victimes ne sont pas dans ces pays, elles sont en Centrafrique et le traumatisme véhiculé par ces barbares ne permet pas d’admettre leur appartenance à l’espèce humaine. Par conséquent, il serait hypocrite de ne pas exiger dans l’immédiat la démission des dignitaires de la Séléka du gouvernement et de la Présidence au vu des charniers qu’on continue de découvrir et qui ne sont que la conséquence logique de leurs œuvres. Il est naturel de demander qu’ils soient mis à la disposition de la justice, laquelle doit procéder à l’édiction du crime de l’indignité nationale à leur égard avec toutes ses conséquences citoyennes à savoir l’interdiction absolue de détenir un passeport centrafricain et de s’engager en politique ou dans les structures régaliennes de l’Etat.
La construction d’une nouvelle nation centrafricaine exige la prise en compte de schémas juridiques inédits et de nouvelles modalités de gouvernance démocratique. Il est à noter que le cadre de l’Etat unitaire centralisé et le rôle de l’administration publique doivent être totalement reconsidérés comme l’affirme Didier Niewiadowski, ancien diplomate en Centrafrique.
Le mauvais rôle de la France et du Tchad
Le départ arrangé sous protection tchadienne des mercenaires de la Séléka est une insulte vis à vis des victimes, de la morale et du droit.
Encore une fois, la France et le Tchad ont décidé qu’aucun membre de la nébuleuse Séléka ne doit payer pour ses crimes. Des charniers sont découverts à chaque endroit de vie où ces bandits puissamment armés se sont intallés, mais rien y fait ; ils sont autorisés à progresser vers le nord avec leurs outils de massacres, peuvent se poser pour prendre en otage les populations en violant et tuant à l’aveugle. Ils ne risquent rien…
La France selon toute vraisemblance devrait être aux cotés des Centrafricains pour soutenir l’application du droit et de la justice et désarmer par tous les moyens les éléments de la Séléka comme l’exige pourtant la résolution 2127 des Nations Unies.
Elle propose plutôt à ces criminels de partir vers le nord avec armes et bagages.
Les véhicules volés, les biens pillés défilent devant leurs propriétaires hagards et impuissants en direction du nord sous la protection de l’armée française. Les Centrafricains, n’ayant pas d’Etat doivent faire le constat qu’ils sont en perte de souveraineté. La France coordonne les opérations d’évacuation des ressortissants tchadiens avec l’appui de la Séléka et du contingent tchadien de la Misca. A croire que la vie d’un Centrafricain ne vaut rien face à celle d’un tchadien. Notons que la vie d’un humain quel qu’il soit n’a pas de prix.
Les exactions commises à l’encontre des centrafricains par les contingents tchadiens de la Fomac d’abord et ensuite de la Misca sont un crime que la France n’a jamais osé dénoncé se contentant seulement de leur proposer de sécuriser le rapatriement des populations d’origines tchadiennes, sachant pertinemment que la collusion entre les mercenaires de cette organisation criminelle et les éléments tchadiens de la Fomac voire de la Misca plus tard était avérée.
L’inquiétude est encore plus profonde quant aux choix donnés à cette même force tchadienne de s’installer dans le nord là où sévit cruellement la barbarie de la Séléka.
N’est ce pas organiser insidieusement la partition du pays voulue par les dignitaires de la Séléka ?
C’est un jeu pervers qui ne saurait attendrir aussi longtemps le lien quasi affectif des Centrafricains avec l’ancienne colonie.
La résolution des Nations Unies semblent de ce fait bien explicite concernant le principe d’inviolabilité de la souveraineté centrafricaine. Cela sous entend que toutes les opérations des forces étrangères sur le territoire ne peuvent se faire qu’avec l’accord des autorités reconnues du pays. Pourquoi ces derniers ne s’opposent-elles pas à ce rapatriement stratégique des musulmans vers le nord et qui pourrait les mettre devant le fait accompli ?
Le choix porté sur le contingent tchadien pour faciliter l’installation des musulmans dans le nord est inquiétant.
C’est vrai qu’avec l’appui des forces tchadiennes à l’opération Serval au Mali, le Tchad est devenu un ‘’partenaire précieux’’ aux yeux de la France plus que la Centrafrique et ce à juste titre. Ce qui est incompréhensible tout de même, voire inadmissible, c’est l’ingérence française qui oblige à légitimer la Séléka comme mouvement politico-militaire rebelle et à l’octroie de postes ministériels considéré par la population comme une prime au terrorisme.
La meilleure façon pourtant d’aider la Centrafrique n’est sûrement pas de lui imposer un plan de paix auquel elle n’est pas associée mais plutôt lui donner les moyens d’asseoir sa souveraineté en soutenant la démocratie, la culture et les initiatives économico-productives visant à l’exploitation industrielle des produits émanant de son sous sol ou de l’agriculture.
Le Tchad finalement ne joue qu’un rôle que lui dicte la France, bien évidemment il en profite pour asseoir son leadership au niveau de la sous région et succéder ainsi à l’ancien Président Gabonais Omar Bongo décédé depuis.
Dans ces pays francophones qui entourent la Centrafrique et soutenus par la France, les constitutions sont taillées sur mesure pour garantir et légitimer une nouvelle forme de monarchie qu’on appelle en occident la ‘’démocratie à l’africaine’’. Les informations contrôlées et diffusées dans les médias ne reflètent en rien la réalité sur le terrain.
En Centrafrique par exemple, la France ne dit mot sur son implication active avec l’aide du Tchad à l’arrivée de Bozizé porté par des mercenaires tchado-soudanais. Elle s’impliquera ensuite à son éviction toujours avec l’aide du Tchad ainsi qu’ à l’avènement de la Séléka. La suite des évènements prendra la France de court et le Tchad se trouve en position de principal indexé quitte à payer un lourd tribu comme ça été le cas pour les victimes centrafricaines de la Séléka.
Fait à Paris le 19 février 2014
Le pays a violemment été secoué par les praticiens du ‘’mercenariat’’ à l’origine des morts, des déplacés, de la famine à venir et de la trahison. L’étendard de la probité a été brandi pour enfin tourner la page, c’est ce qu’on a cru comprendre. Aujourd’hui, les plaies restent béantes à cause de la volonté présidentielle de composer avec la Séléka justifiant ainsi la présence de leurs dignitaires au gouvernement et à la présidence. C’est une farce cynique et aussi une provocation dont les conséquences peuvent être dangereuses.
On peut l’affirmer ici avec solennité : pour qu’il y ait la paix en Centrafrique, les bourreaux ne doivent pas côtoyer les victimes. En d’autres termes les dignitaires de l’organisation criminelle Séléka n’ont pas leur place aux cotés des fils et filles de ce pays qui ne demandent qu’à vivre en paix avec toutes les communautés comme ça a toujours été le cas.
Les apprentis mercenaires comme Démafouth à qui on a offert une possibilité de retrouver sa base et dont les mains sont souillés par le sang des victimes de son ex-mouvement rebelle fusionné depuis lors avec la Séléka, doivent rendre compte de leur trahison devant la justice du peuple. Il faut le dire fermement, ils ne sont pas habilités à recevoir les honneurs d’une fonction ministérielle car ce serait une insulte et un mépris à l’égard des centrafricains.
Certains hommes politiques bien connus ont pris la responsabilité de signer des pactes avec la Séléka pour le partage des postes ministériels, c’est de la traîtrise et cela a un prix. En ramenant ces criminels, la Présidente a avili la confiance de ses concitoyens et cela annihile complètement la restauration d’une quelconque autorité de l’Etat.
L’éthique et la morale requièrent tout simplement que les criminels et leurs complices soient mis à la disposition de la justice, qu’ils soient également honnis et bannis de la politique.
La pression extérieure ne doit pas se substituer à la volonté souveraine du peuple. Le chantage des donateurs et investisseurs doit consolider l’inflexibilité du Centrafricain vis à vis des réseaux criminels organisés tels que la Séléka, considérée comme la version dérivée de l’organisation terroriste Boko Haram en Afrique Centrale.
Les représentants et dignitaires de la Séléka au gouvernement et à la présidence doivent être démis de leur fonction pour que les centrafricains fassent leur deuil en toute sérénité.
Les coordonnateurs des milices qui ne cessent de soutenir la perpétuation des massacres de civils innocents doivent comprendre qu’il n y a pas de marchandage à faire sur la paix. C’est sans conditions qu’ils doivent cesser leurs activités pour faire place à l’ordre légitime que représentent les forces de l’opération Sangaris et de la Misca. Ils doivent en outre répondre de leur crime car il serait inadmissible de laisser faire impunément des bandits.
Les patriotes doivent dénoncer et traquer ces criminels qui ne pensent qu’aux pillages et aux massacres. Nous avons besoin d’un temps de répit pour repenser une nouvelle Centrafrique même si l’exécutif actuel dans sa composante inquiète.
L’assurance d’une pacification passe par la poursuite des dignitaires de la Séléka et l’anéantissement des milices barbares. Ce qui n’est pas prêt d’être le cas surtout avec la promotion dont bénéficient les criminels et autres traîtres de la nation centrafricaine.
Pour autant, une nouvelle génération de Centrafricains ne doit pas désormais laisser l’apanage à des véreux sanguinaires se disant hommes politiques d’hypothéquer d’une manière définitive l’avenir de la jeunesse centrafricaine. Ce serait une faute morale grave et une trahison. Quant à la probité, elle va être le socle de tout lien avec la politique et la justice, le fondement de tout engagement politique.
La famine : menace réelle en Centrafrique
La souffrance du peuple centrafricain est incontestablement orchestrée par les dignitaires tchadien, soudanais et centrafricain de la Séléka. Sans inquiétude aucune, ils ont l’assurance et la garantie de rester impunis au vu des accords négociés qui ont conditionné l’éviction des deux complices et anciens responsables exécutifs de la transition.
Qu’on se rassure, cet accord négocié n’engage que leurs signataires mais ne concerne en rien le peuple centrafricain car sera évoquée en tout état de cause la question de sa légitimité.
La Séléka avec ses composantes tchadienne, soudanaise et centrafricaine ont insidieusement programmé la mort des paysans et agriculteurs pour obliger le peuple de cette nation à consommer les produits tchadien et soudanais qu’elles importent frauduleusement.
Les paysans sont forcés de délaisser leur village pour servir de ‘’porteurs’’ et réduits ni plus ni moins en esclaves par les nouveaux maîtres Séléka. Ils sont abattus tels des bétails en cas de dépréciation physique due aux souffrances endurées. Les femmes sont violées et soumises aux volontés de ces barbares rendant impossible leur disponibilité pour la récolte, la mise à l’eau et le séchage du manioc. Les enfants n’ont plus ne sont pas épargnés, ils sont transformés en soldats après des phases d’initiation à la drogue et au crime. Dur exercice que d’être obligé de tirer à bout portant sur un membre de sa famille avec une kalachnikov en pleine tête et cela en guise de baptême. Ces mômes censés accompagner leurs parents dans les champs et dont les rôles semblent définis depuis la nuit des temps assurent de manière pérenne le ravitaillement en eau de toute la famille où qu’elle se trouve.
Il est dangereux pour un paysan de s’aventurer dans une quelconque activité agricole au risque de croiser les hommes de la Séléka et d’être simplement égorgé. Ces derniers pratiquent systématiquement une politique de terre brûlée après chaque passage, créant ainsi une situation de famine sans précédent dans les villages. Les gens sont réduits à manger des écorces, des racines, des feuilles crues dans la brousse. L’utilisation du feu est proscrite de peur d’attirer l’attention des criminels envahisseurs. Ceux qui n’en peuvent plus de ces tortures meurent et sont abandonnés sur place sans sépulture car il faut la force physique et l’énergie pour creuser des tombes et ensevelir des cadavres. Dans ces conditions, le risque d’une épidémie de choléra n’est pas à exclure en cas de pluie. Les villages sont désertés en raison des incendies systématiques qui succèdent aux pillages. Une véritable extermination préparée méthodiquement depuis de longue date par les dignitaires actuels de la Séléka , dans le but ultime de réduire au maximum le nombre des centrafricains non soumis à l’islam.
Avec l’arrivée des forces françaises, certaines composantes de la nébuleuse Séléka ayant vu le rapport de force basculé en leur défaveur, ont pris la route du nord en massacrant au passage les populations. Les charniers font leur apparition et se révèlent aux yeux des Centrafricains comme l’innovation par excellence en matière de crime et une signature particulière imputée aux mercenaires tchado-soudanais de cette organisation criminelle.
L’impossible cohabitation avec les bourreaux
Que les choses soient bien claires, il ne peut y avoir une quelconque connivence avec les professionnels de massacres. Le pardon ne peut se justifier dans le cas d’une extermination planifiée. Que ceux qui sont à l’origine du mal s’expriment, demandent pardon et réparent leur faute. Ce ne serait qu’à ce moment que les victimes étudierons la possibilité de pardonner en retour à ceux qui ont permis de tuer ou qui se sont laisser embrigader par ces escadrons de la mort venus d’ailleurs.
Avouons qu’il est trop tôt de pardonner tant que ces conditions ne seront pas réunies à savoir entre autre, l’identification des victimes, le recensement des charniers et aussi l’identification du cercle des coupables qu’ils soient étrangers, d’origines étrangères ou centrafricains. Dans tous les cas, les Centrafricains de la nouvelle génération se mobiliserons pour traquer les coupables de ces atrocités où qu’ils soient ainsi que leurs complices afin que justice soit rendue aux victimes.
Ce qui est certains, les bourreaux devenus ministres pour avoir ôté la vie de milliers de gens ne le resterons pas longtemps car le dernier mot reviendra aux centrafricains.
La France a tort de proposer qu’ils soient confiés aux dignitaires de la Séléka, des postes ministériels en dépit de graves violations de droits humains dont ils sont coupables. Les enfants de ce pays demandent qu’ils rendent compte de leurs actes devant la justice et pas autrement.
Ce que bon nombre de gens semblent ignorer, c’est que les agréments donnant droit à l’exploitation de diamant sont plus accordés à des musulmans étrangers et autochtones de la Vakaga et du Bamingui Bangoran, régions du nord dont sont originaires les Goula et Rounga ethnies proches des musulmans mais qui pratiquent généralement un islam plutôt tolérant et non ostentatoire. Le tourisme a été développé par exemple dans ces régions notamment dans le Bamingui Bangoran avec les parties de chasse organisées par des sociétés privées. L’ancien Président français Valery Giscard d’Estaing y avait même son terrain de chasse dénommé ‘’le Parc de Saint Floris’’. Les touristes affluaient dans ces régions dotées d’un parc animalier sauvage unique et classé par l’Unesco. Certains compatriotes résidents de ces zones ont préféré collaborer avec les braconniers soudanais et tchadiens reconvertis aujourd’hui en seigneurs de guerre pour piller et détruire cette richesse, source d’attractivité touristique. Le débat qui consiste à dire que les populations de ces zones ont toujours été mis à l’écart est un raccourci truffé de contre vérité.
Le Haut Mbomou vit dans la même situation d’éloignement que la Vakaga et le Bamingui Bangoran ; pour autant, les ressortissants du Haut Mbomou ne se sont pas laissés tenter par les apôtres du mercenariat venus du Tchad et du Soudan. Ils sont au contraire victimes malheureuses de la LRA de Joseph Kony, alliée indéfectible de la Séléka.
Le temps est venu de situer les responsabilités.
D’abord celles de tous ceux qui ont fait appel à des ‘’mains étrangères’’ pour prendre ou consolider le pouvoir comme Bozizé et les autres. Ils doivent rendre des comptes.
Ensuite, les milices et ceux qui se revendiquent comme étant leur encadrant.
Enfin les auteurs de crimes économiques. La justice doit les entendre pour pouvoir tracer le parcours de leur insolente richesse.
La continuité qui semble être imposée de force au peuple centrafricain est un crime qui affecte son identité et bride la résorption de cette crise. La méfiance est aujourd’hui permanente à l’égard des nouvelles autorités du fait de leurs discours émaillés de contradiction car comment peut-on être au service des victimes avec l’aide et l’assistance ‘’intellectuelles’’ des bourreaux ?
Rien est clair à l’horizon pour le devenir des Centrafricains tant qu’on aura pas soulevé le tapis pour dépoussiérer en dessous. L’anomie développée dans le pays incombe aux ennemis de la nation centrafricaine en l’occurrence les dignitaires des organisations terroristes et les composantes de la Séléka encore opérationnelles. Ce qui est absurde aujourd’hui, c’est de faire croire qu’il suffit d’évincer celui qui s’est auto-désigné chef de la Séléka en la personne de Djotodia Am Nondroko et garder ses lieutenants qui sont les véritables ‘’penseurs’’ de ce mouvement terroriste, pour enfin signifier que tout est redevenu normal. Encore une fois, la Centrafrique n’est ni le Tchad, ni le Soudan, ni le Sud-Soudan, ni la France. Les victimes ne sont pas dans ces pays, elles sont en Centrafrique et le traumatisme véhiculé par ces barbares ne permet pas d’admettre leur appartenance à l’espèce humaine. Par conséquent, il serait hypocrite de ne pas exiger dans l’immédiat la démission des dignitaires de la Séléka du gouvernement et de la Présidence au vu des charniers qu’on continue de découvrir et qui ne sont que la conséquence logique de leurs œuvres. Il est naturel de demander qu’ils soient mis à la disposition de la justice, laquelle doit procéder à l’édiction du crime de l’indignité nationale à leur égard avec toutes ses conséquences citoyennes à savoir l’interdiction absolue de détenir un passeport centrafricain et de s’engager en politique ou dans les structures régaliennes de l’Etat.
La construction d’une nouvelle nation centrafricaine exige la prise en compte de schémas juridiques inédits et de nouvelles modalités de gouvernance démocratique. Il est à noter que le cadre de l’Etat unitaire centralisé et le rôle de l’administration publique doivent être totalement reconsidérés comme l’affirme Didier Niewiadowski, ancien diplomate en Centrafrique.
Le mauvais rôle de la France et du Tchad
Le départ arrangé sous protection tchadienne des mercenaires de la Séléka est une insulte vis à vis des victimes, de la morale et du droit.
Encore une fois, la France et le Tchad ont décidé qu’aucun membre de la nébuleuse Séléka ne doit payer pour ses crimes. Des charniers sont découverts à chaque endroit de vie où ces bandits puissamment armés se sont intallés, mais rien y fait ; ils sont autorisés à progresser vers le nord avec leurs outils de massacres, peuvent se poser pour prendre en otage les populations en violant et tuant à l’aveugle. Ils ne risquent rien…
La France selon toute vraisemblance devrait être aux cotés des Centrafricains pour soutenir l’application du droit et de la justice et désarmer par tous les moyens les éléments de la Séléka comme l’exige pourtant la résolution 2127 des Nations Unies.
Elle propose plutôt à ces criminels de partir vers le nord avec armes et bagages.
Les véhicules volés, les biens pillés défilent devant leurs propriétaires hagards et impuissants en direction du nord sous la protection de l’armée française. Les Centrafricains, n’ayant pas d’Etat doivent faire le constat qu’ils sont en perte de souveraineté. La France coordonne les opérations d’évacuation des ressortissants tchadiens avec l’appui de la Séléka et du contingent tchadien de la Misca. A croire que la vie d’un Centrafricain ne vaut rien face à celle d’un tchadien. Notons que la vie d’un humain quel qu’il soit n’a pas de prix.
Les exactions commises à l’encontre des centrafricains par les contingents tchadiens de la Fomac d’abord et ensuite de la Misca sont un crime que la France n’a jamais osé dénoncé se contentant seulement de leur proposer de sécuriser le rapatriement des populations d’origines tchadiennes, sachant pertinemment que la collusion entre les mercenaires de cette organisation criminelle et les éléments tchadiens de la Fomac voire de la Misca plus tard était avérée.
L’inquiétude est encore plus profonde quant aux choix donnés à cette même force tchadienne de s’installer dans le nord là où sévit cruellement la barbarie de la Séléka.
N’est ce pas organiser insidieusement la partition du pays voulue par les dignitaires de la Séléka ?
C’est un jeu pervers qui ne saurait attendrir aussi longtemps le lien quasi affectif des Centrafricains avec l’ancienne colonie.
La résolution des Nations Unies semblent de ce fait bien explicite concernant le principe d’inviolabilité de la souveraineté centrafricaine. Cela sous entend que toutes les opérations des forces étrangères sur le territoire ne peuvent se faire qu’avec l’accord des autorités reconnues du pays. Pourquoi ces derniers ne s’opposent-elles pas à ce rapatriement stratégique des musulmans vers le nord et qui pourrait les mettre devant le fait accompli ?
Le choix porté sur le contingent tchadien pour faciliter l’installation des musulmans dans le nord est inquiétant.
C’est vrai qu’avec l’appui des forces tchadiennes à l’opération Serval au Mali, le Tchad est devenu un ‘’partenaire précieux’’ aux yeux de la France plus que la Centrafrique et ce à juste titre. Ce qui est incompréhensible tout de même, voire inadmissible, c’est l’ingérence française qui oblige à légitimer la Séléka comme mouvement politico-militaire rebelle et à l’octroie de postes ministériels considéré par la population comme une prime au terrorisme.
La meilleure façon pourtant d’aider la Centrafrique n’est sûrement pas de lui imposer un plan de paix auquel elle n’est pas associée mais plutôt lui donner les moyens d’asseoir sa souveraineté en soutenant la démocratie, la culture et les initiatives économico-productives visant à l’exploitation industrielle des produits émanant de son sous sol ou de l’agriculture.
Le Tchad finalement ne joue qu’un rôle que lui dicte la France, bien évidemment il en profite pour asseoir son leadership au niveau de la sous région et succéder ainsi à l’ancien Président Gabonais Omar Bongo décédé depuis.
Dans ces pays francophones qui entourent la Centrafrique et soutenus par la France, les constitutions sont taillées sur mesure pour garantir et légitimer une nouvelle forme de monarchie qu’on appelle en occident la ‘’démocratie à l’africaine’’. Les informations contrôlées et diffusées dans les médias ne reflètent en rien la réalité sur le terrain.
En Centrafrique par exemple, la France ne dit mot sur son implication active avec l’aide du Tchad à l’arrivée de Bozizé porté par des mercenaires tchado-soudanais. Elle s’impliquera ensuite à son éviction toujours avec l’aide du Tchad ainsi qu’ à l’avènement de la Séléka. La suite des évènements prendra la France de court et le Tchad se trouve en position de principal indexé quitte à payer un lourd tribu comme ça été le cas pour les victimes centrafricaines de la Séléka.
Fait à Paris le 19 février 2014