Do Van Thu vit dans une splendide villa et roule dans une voiture japonaise flambant neuve. Il a tout de l'homme d'affaires à succès du Vietnam moderne, à ceci près que son affaire est assez hors du commun: il vend des cheveux.
"Ma famille exporte chaque année vers la Chine 50 à 60 tonnes de cheveux que nous avons achetés dans tous les coins du pays, ainsi qu'au Laos et au Cambodge", confie ce père de famille de 50 ans devant des sacs de cheveux qui seront transformés en perruques.
Dans la cour de sa maison, un groupe de femmes trient et peignent des monceaux de cheveux, une lucrative industrie qui profite selon lui à plus de 500 familles, soit 80% de la population de la commune de Binh An, dans la province de Bac Ninh, à 40 km au nord-est de Hanoï.
"Nous étions tous très pauvres car nous avions très peu de terres agricoles pour travailler. Ca a vraiment sauvé notre vie", assure-t-il en montrant les luxueuses maisons qui ont poussé au beau milieu d'une région rurale.
Thu reconnaît lui-même être assis sur une fortune de plusieurs millions de dollars, 13 ans après la mise en place de son premier atelier en 1999.
"Les commerçants chinois sont venus dans notre village acheter des cheveux pour produire des perruques à destination des marchés occidentaux. Les Vietnamiens n'ont pas encore la technologie pour le faire".
Le prix au kilo, dit-il, varie entre 45 et 250 dollars en fonction de leur qualité.
"Nos cheveux sont 100% naturels (...). Mais la valeur dépend de la longueur. Par exemple, des cheveux de 70 ou 80 centimètres de long sont plus chers que des cheveux de 50 ou 60 cm", explique Nguyen Van Tam, un ancien paysan de 60 ans, en montrant des poignées de cheveux attachés avec des élastiques.
Et saisissant une jolie mèche poivre et sel, il explique: "ceux-là appartenaient à une vieille dame. Il nous faudra les teindre".
L'affaire est tellement florissante que c'est du côté des approvisionnements que vient le problème. Car les acheteurs reviennent plus rapidement que les cheveux ne poussent.
"Mes enfants doivent faire 200 à 300 kilomètres chaque jour pour aller collecter seulement quelques kilos de cheveux", insiste Tam.
Des milliers de paysans ont donc abandonné l'agriculture pour se consacrer à la collecte, au tri et au peignage des cheveux. Et beaucoup d'hommes quittent le village pour aller en acheter plus loin encore.
D'autant que depuis quelques années, les débouchés se sont encore élargis avec des clients venus de Corée du Sud et de Thaïlande. "Des centaines de milliers de tonnes de cheveux sont vendus chaque année à l'étranger, y compris des provinces voisines comme Bac Giang et Vinh Phuc" au Vietnam, souligne Thu.
"Chaque employé de mon entreprise est payé trois millions de dongs par mois", soit 140 dollars, trois fois plus que le revenu moyen par tête du monde rural au Vietnam.
A côté de sa villa, il a fait construire un mini-hôtel pour héberger ses "amis chinois" qui, selon lui, ne peuvent pas négocier les prix à la baisse, comme d'autres commerçants le font avec les fruits vietnamiens à la frontière: "les cheveux ne s'abîment pas et les conserver n'est pas un problème", constate-t-il en souriant.
Reste les dégâts collatéraux de cette nouvelle corne d'abondance.
Le journal en ligne "Tin Tuc Vietnam" a affirmé qu'une écolière de la province de Lang Son, près de la Chine, avait été agressée par des voleurs qui lui avaient coupé les cheveux de force pour les vendre sur le marché local.
Et début septembre, le journal Tuoi Tre a rapporté qu'une adolescente de 15 ans de la ville de Danang (centre) avait vendu ses cheveux pour 24 dollars pour payer ses études.
"Ma famille est trop pauvre, je n'avais pas d'autre choix que de sacrifier mes cheveux", a déclaré Vo Nguyen Hoang Chi au journal. "Mais après, je n'ai pas pu dormir. J'ai pleuré en passant mes mains sur mes cheveux courts".
"Ma famille exporte chaque année vers la Chine 50 à 60 tonnes de cheveux que nous avons achetés dans tous les coins du pays, ainsi qu'au Laos et au Cambodge", confie ce père de famille de 50 ans devant des sacs de cheveux qui seront transformés en perruques.
Dans la cour de sa maison, un groupe de femmes trient et peignent des monceaux de cheveux, une lucrative industrie qui profite selon lui à plus de 500 familles, soit 80% de la population de la commune de Binh An, dans la province de Bac Ninh, à 40 km au nord-est de Hanoï.
"Nous étions tous très pauvres car nous avions très peu de terres agricoles pour travailler. Ca a vraiment sauvé notre vie", assure-t-il en montrant les luxueuses maisons qui ont poussé au beau milieu d'une région rurale.
Thu reconnaît lui-même être assis sur une fortune de plusieurs millions de dollars, 13 ans après la mise en place de son premier atelier en 1999.
"Les commerçants chinois sont venus dans notre village acheter des cheveux pour produire des perruques à destination des marchés occidentaux. Les Vietnamiens n'ont pas encore la technologie pour le faire".
Le prix au kilo, dit-il, varie entre 45 et 250 dollars en fonction de leur qualité.
"Nos cheveux sont 100% naturels (...). Mais la valeur dépend de la longueur. Par exemple, des cheveux de 70 ou 80 centimètres de long sont plus chers que des cheveux de 50 ou 60 cm", explique Nguyen Van Tam, un ancien paysan de 60 ans, en montrant des poignées de cheveux attachés avec des élastiques.
Et saisissant une jolie mèche poivre et sel, il explique: "ceux-là appartenaient à une vieille dame. Il nous faudra les teindre".
L'affaire est tellement florissante que c'est du côté des approvisionnements que vient le problème. Car les acheteurs reviennent plus rapidement que les cheveux ne poussent.
"Mes enfants doivent faire 200 à 300 kilomètres chaque jour pour aller collecter seulement quelques kilos de cheveux", insiste Tam.
Des milliers de paysans ont donc abandonné l'agriculture pour se consacrer à la collecte, au tri et au peignage des cheveux. Et beaucoup d'hommes quittent le village pour aller en acheter plus loin encore.
D'autant que depuis quelques années, les débouchés se sont encore élargis avec des clients venus de Corée du Sud et de Thaïlande. "Des centaines de milliers de tonnes de cheveux sont vendus chaque année à l'étranger, y compris des provinces voisines comme Bac Giang et Vinh Phuc" au Vietnam, souligne Thu.
"Chaque employé de mon entreprise est payé trois millions de dongs par mois", soit 140 dollars, trois fois plus que le revenu moyen par tête du monde rural au Vietnam.
A côté de sa villa, il a fait construire un mini-hôtel pour héberger ses "amis chinois" qui, selon lui, ne peuvent pas négocier les prix à la baisse, comme d'autres commerçants le font avec les fruits vietnamiens à la frontière: "les cheveux ne s'abîment pas et les conserver n'est pas un problème", constate-t-il en souriant.
Reste les dégâts collatéraux de cette nouvelle corne d'abondance.
Le journal en ligne "Tin Tuc Vietnam" a affirmé qu'une écolière de la province de Lang Son, près de la Chine, avait été agressée par des voleurs qui lui avaient coupé les cheveux de force pour les vendre sur le marché local.
Et début septembre, le journal Tuoi Tre a rapporté qu'une adolescente de 15 ans de la ville de Danang (centre) avait vendu ses cheveux pour 24 dollars pour payer ses études.
"Ma famille est trop pauvre, je n'avais pas d'autre choix que de sacrifier mes cheveux", a déclaré Vo Nguyen Hoang Chi au journal. "Mais après, je n'ai pas pu dormir. J'ai pleuré en passant mes mains sur mes cheveux courts".