François Mitterrand a accédé au pouvoir après une très longue réflexion sur les questions internationales et les rapports de force planétaires. Marqué par la seconde Guerre mondiale, les conflits coloniaux, la guerre froide, et les espérances européennes de l’après-guerre, il s’est forgé une opinion sur les questions centrales de la décennie qui commençait les rapports Est-Ouest, la construction européenne, les relations franco-allemandes et l’avenir du tiers-monde.
Cette victoire historique de François Mitterrand avait été accueillie favorablement par certains milieux progressistes d’Afrique francophone. On aurait dit que c’était leur avenir qui se jouait à travers l’élection d’un socialiste à la présidence de la République française. Ils espéraient que le nouveau président allait défaire les relations personnelles nouées entre Valéry Giscard d’Estaing et la plupart des chefs d’État africains en place, lesquelles ne cessaient de maintenir leurs peuples sous le joug d’un nouveau partenariat entre l’ancienne puissance colonisatrice et les hommes de paille censés veiller aux intérêts de la France tout en récupérant les miettes nécessaires à leur propre survie et à leur assise locale. On pouvait deviner cet espoir suscité par l’élection de François Mitterrand sous la plume du journaliste Siradiou Diallo, dans un numéro de l’hebdomadaire Jeune Afrique daté du 20 mai 1981 : « Il [était] certain que les nouveaux dirigeants français ne sauraient couvrir les pratiques contraires aux droits de l’Homme, les réseaux obscurs, les trafics douteux et les complicités mercantiles qui [avaient…] permis à certains chefs d’État [africains, NDRL] de se maintenir au pouvoir contre la volonté de leurs peuples. »
Une espérance continentale
Le sociologue suisse Jean Ziegler avait confirmé cette attente des peuples du tiers-monde, pour qui l’heure était venue pour le renouveau dans les relations franco-africaines : « Dans l’histoire des démocraties occidentales, le 10 mai 1981 [resterait] une date capitale : l’avènement au pouvoir de François Mitterrand et du Parti Socialiste rénové. La victoire socialiste a fait se lever une espérance presque illimitée parmi les hommes et les peuples. Rarement tant d’hommes attendaient d’un gouvernement des progrès sociaux aussi décisifs, des réformes politiques, économiques aussi rapides et profondes. » D’après Jean Ziegler, François Mitterrand avait compris le sens de cette espérance : des millions d’hommes et de femmes avaient voulu changer le pouvoir, l’utiliser en vue de la transformation de la société. L’ancien président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, avait illustré cet enthousiasme en abondant dans le même sens que le journaliste Siradiou Diallo et Jean Ziegler : « Je [pensais] que François Mitterrand [serait] un grand président parce qu’il [était] avant tout un homme de culture et un écrivain. Il [était] important qu’un président de la République française [fût] socialiste. Pour la France, pour le monde, et particulièrement pour le tiers-monde. Pendant la campagne électorale, les socialistes avaient été les seuls à parler du tiers-monde. » Quelle serait donc la politique africaine de la France, celle de François Mitterrand, dans un contexte mondial peu enclin à l’optimisme ? Sans compter que, sur le plan franco-français, les finances étaient dans un état catastrophique. Le taux d’inflation était à deux chiffres, le produit intérieur brut stagnait, la croissance s’essoufflait, la dette n’avait jamais été aussi élevée, les prélèvements obligatoires s’envolaient, la spéculation contre le franc était permanente.
Malgré cette conjoncture morose, « sans vouloir remettre en question les liens étroits hérités du colonialisme, Mitterrand, partisan de l’émancipation, [avait dit] vouloir changer ce type de relation, en finir avec le “pacte colonial” […] “Avocat du tiers-monde”, Mitterrand n’avait cessé de dénoncer la politique monétaire, budgétaire et commerciale américaine qui [… a contribué] à creuser le fossé entre pays riches et pauvres. Chaque tribune [était] pour lui l’occasion de répéter que le sous-développement [constituait] une menace pour la paix bien pire que le surarmement. » Ainsi le « Jaurès planétaire » aurait-il beaucoup de défis à relever jusqu’à la fin de son second mandat présidentiel sur les « méfaits de l’échange inégal », « les séquelles du pacte colonial », la perversité du libéralisme… D’autant plus que, à en croire l’ancien ministre sénégalais de la Culture, Abdoulaye Élimane Kane, l’avènement de François Mitterrand avait été fêté comme « le printemps du socialisme au sortir d’une longue éclipse ». Mitterrand avait « libéré les rêves et les espoirs entretenus pendant les décennies de frustration coïncidant avec le long “règne” de la droite ».
Les intérêts français
Devenu un excellent diplomate, un politicien expérimenté, François Mitterrand avait su tempérer les discours des années quatre-vingt par rapport à ceux des années cinquante. « La France aura à dire avec force qu’il ne saurait y avoir de véritable communauté internationale tant que les deux tiers de la planète continueront d’échanger leurs hommes et leurs biens contre la faim et le mépris. Une France juste et solidaire qui entend vivre en paix avec tous peut éclairer la marche de l’humanité. » Ces propos humanistes du militant socialiste, qui venait juste d’accéder à la magistrature suprême, deviendraient très vite obsolètes face à la realpolitik. Au cours du déjeuner offert le 7 octobre 1982 à Kigali par le président du Rwanda, Juvénal Habyarimana, François Mitterrand avait pris le soin de rappeler que : « Il n’y [avait] pas d’hiatus dans la politique africaine de la France avant mai 1981 et après. Si la méthode [avait] changé, l’objectif [était] resté. Il [consistait] à préserver le rôle et les intérêts de la France en Afrique ». On ne pouvait pas être plus sincère. Les partenaires de la France étaient fixés sur le choix mitterrandien concernant la préservation des intérêts français en Afrique. Cela avait expliqué en partie l’enthousiasme ayant suscité une déclaration de François Mitterrand faite le 11 octobre 1982, au sommet franco-africain de Brazzaville : « L’avenir de l’Afrique intéresse au premier chef la sécurité militaire de la France. » Déclaration très surprenante de la part de quelqu’un qui avait pourtant dénoncé farouchement en 1978 l’intervention militaire française à Kolwezi, en République du Zaïre, au prétexte que les parachutistes du 2ème REP étaient intervenus à la demande personnelle de Giscard d’Estaing, dans le seul but de voler au secours du président Mobutu Sese Seko mis en difficulté par les gendarmes katangais de Nathanaël Mbumba. Mais cela n’empêcherait pas Mitterrand de décider, douze ans plus tard, quatre interventions militaires au cours de la même année en Afrique subsaharienne – au Gabon, aux Comores, au Rwanda et au Tchad –, pour protéger des régimes vacillants ou remplacer ceux qui étaient moins dociles par d’autres, susceptibles d’agir selon le bon vouloir de Paris.
La zone d’influence
le Président de la République française avait confirmé la continuité de la politique africaine de la France par un discours inaugural devant les auditeurs africains de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale, prononcé le 20 avril 1982 : « La France n’a pas pour mission et ne s’est pas donnée pour mission de régler les problèmes intérieurs, c’est-à-dire les luttes entre factions, entre partis, entre ethnies. Ce n’est pas notre affaire. Mais de temps en temps, nous devons remplir nos obligations internationales. La France a signé des accords de coopération militaire avec des pays d’Afrique noire. Si ces pays font appel à la France parce qu’une menace extérieure pèse sur eux, il est normal que la France soit présente ». Cette déclaration avait consacré le triomphe de la politique du secret dans l’implication, voire dans l’intervention, dans un cadre longtemps initié par Jacques Foccart. Ce dernier était tellement représentatif de la Françafrique que la gauche, à peine installée à l’Élysée en 1981, s’est tout de suite identifiée à ses pratiques. Le futur conseiller de François Mitterrand chargé de l’Afrique s’installerait même dans les locaux jadis occupés par Foccart.
L’Afrique représentait, aux yeux de François Mitterrand et de ses prédécesseurs, le « pré carré » de la France à ne lâcher sous aucun prétexte. Cela impliquait la responsabilité particulière qui consistait à préserver les frontières héritées de la colonisation. C’était dans cette logique que Mitterrand avait maintenu au moins 9 000 militaires répartis à Djibouti, en République Centrafricaine, au Tchad, au Gabon et en Côte d’Ivoire. Dispositif qui lui permettrait de stabiliser la ligne de partage entre l’Afrique du Nord et l’Afrique noire : allusion surtout à l’intervention de l’armée française au Tchad, dont l’ensemble du territoire était quasiment contrôlé par la Libye de Muammar Kadhafi en 1981.
Le président de la République française avait expliqué le 11 décembre 1984 en marge du sommet franco-africain de Bujumbura, lors d’une discussion tendue sur le Tchad, que : « La question du 16ème parallèle [relevait] de la même problématique que celle de la dissuasion : la frontière française [devait] être défendue et son franchissement [impliquait] riposte […] Le franchissement du 16ème parallèle [constituait] une attaque directe de l’Afrique noire impliquant [une] réaction immédiate. » De la même façon, l’aide au développement, « pierre angulaire » de son action depuis 1981, était une manière de maintenir l’influence de la France. « Aider le tiers-monde, c’est aussi s’aider soi-même à sortir de la crise », avait déclaré François Mitterrand en 1983 à Paris, à la conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés.
Quelques points positifs
La tenue régulière des sommets franco-africains et le flux continu de contacts bilatéraux ont néanmoins donné naissance – avant, avec et après Mitterrand – à plusieurs initiatives prometteuses. La France n’avait ménagé non plus ses efforts diplomatiques pour résoudre, ou du moins essayer d’atténuer, les conflits et les crises politiques qui affectaient un bon nombre de pays africains, que ce fût au sein des Nations Unies, en liaison avec quelques États de la région, ou plus particulièrement en favorisant les médiations africaines. Elle apportait un soutien logistique, financier ou humain dans le cadre de ses interventions d’urgence décidées le plus souvent dans l’attente d’un déploiement international ou régional. Avec les États-Unis et le Royaume-Uni, elle était à l’origine d’une initiative pour le renforcement des capacités des armées africaines à participer aux opérations de maintien de la paix sous l’égide des Nations Unies. Ce programme, baptisé RECAMP, avait été adopté au sommet franco-africain du Louvre en 1998. La France s’est engagée, par une logistique et un financement conséquents, dans les processus de paix initiés en Afrique centrale par les chefs d’État de la CEMAC, ou en Afrique de l’Ouest par ceux de la CEDEAO. Elle n’avait cessé d’appuyer les projets africains pour lutter contre les trafics d’armes légères et le désamorçage des mines antipersonnel. La France s’est aussi impliquée en faveur de la diffusion des nouveaux traitements du sida aux malades de tous les pays, de façon égale au Sud comme au Nord. Sur le plan du développement économique, dans toutes les grandes institutions multilatérales, au Conseil de sécurité comme au sommet du G8, dans la plupart des structures internationales ayant trait au développement, la France n’avait cessé de relayer les préoccupations qu’exprimaient les pays africains. Mais la France mitterrandienne, tout en menant ou en encourageant des actions en faveur de ses partenaires africains dans les instances internationales, n’œuvrait en réalité que pour la pérennité de sa grandeur, la « présence » française en Afrique francophone pendant la Guerre froide ayant constitué le point de départ et un élément consensuel du « rang » de la France dans le monde, au même titre que l’arme nucléaire ou le siège permanent au Conseil de sécurité de Nations Unies.
Le sommet de La Baule
On ne peut guère débattre des relations franco-africaines sans évoquer ce que la majorité d’observateurs avertis considère comme un acte progressiste : c’est-à-dire le discours de La Baule, prononcé le 20 juin 1990. En ayant introduit le débat sur la démocratie et établi une corrélation entre démocratie et développement, le président français avait tenu à faire passer à ses pairs un message résumé en une phrase : « le souffle de la démocratie [ferait] le tour de la planète ».
Mitterrand aurait pu néanmoins se montrer ferme, et non chercher à ménager les bourreaux et les victimes. Dommage qu’avec le discours de La Baule, le débat sur la revendication démocratique ait été réduit à la discussion autour des notions de démocratie et de développement. En tout cas, c’était pour la toute première fois qu’un président de la République française annonçait à ses homologues africains qu’il accorderait, désormais, une « prime à la démocratisation » des systèmes politiques. De la manière la plus sibylline possible, le Machiavel français avait toutefois pris la précaution de préciser : « Nous ne voulons pas intervenir dans les affaires intérieures. Pour nous, cette forme subtile de colonialisme qui consisterait à faire la leçon en permanence aux États africains et à ceux qui les dirigent, c’est une forme de colonialisme aussi perverse que tout autre. Ce serait considérer qu’il y a des peuples supérieurs, qui disposent de la vérité, et d’autres qui n’en seraient pas capables, alors que je connais les efforts de tant de dirigeants qui aiment leur peuple, et qui entendent le servir, même si ce n’est pas de la même façon que sur les rives de la Seine ou de la Tamise… »
Cet extrait du discours de La Baule résume à merveille non seulement l’oxymore mitterrandien, mais surtout le flou ayant toujours prévalu dans les rapports ambigus entre la France et l’Afrique, la part d’ombre liée à une fermeté de façade cautionnant en réalité le laisser-faire. Ainsi le président François Mitterrand avait-il suscité, dans un premier temps, de l’espoir chez les dirigeants africains : « Quelques rappels simples : la France est toujours le premier des pays industriels avancés dans l’aide aux pays en voie de développement. Le premier, nettement, devant tous les autres ». Avec ce discours, François Mitterrand avait essayé, dans un second temps, de rassurer les peuples ou, au moins, de les inciter à s’approprier les différents processus démocratiques en gestation un peu partout à travers le monde, surtout en Europe de l’Est et en Europe centrale. Il espérait ainsi inciter les pouvoirs en place à poursuivre les initiatives déjà en cours dans quelques États africains pour rester dans l’air du temps et faire ainsi corps avec leurs peuples afin d’œuvrer ensemble en vue de la démocratisation de leurs pays respectifs : « À vous peuples libres, à vous États souverains que je respecte, de choisir votre voie, d’en déterminer les étapes et l’allure… »
Excepté un bémol mis par-ci par-là, l’ensemble du discours de La Baule était « verbalement » progressiste. Il avait donné l’impression de redéfinir le contour des relations franco-africaines, de vouloir finalement orienter cette coopération sur des fondements moraux (démocratie et respect des droits de l’Homme) et rationnels (relation démocratie et développement). S’il les avait plus ou moins influencées, sa mise en œuvre était incohérente et incertaine.
Les effets du discours de La Baule
De toute évidence, force est de constater que les effets du discours de La Baule étaient nombreux. Cette allocution avait influé sur des initiatives déjà prises en amont et généré d’autres impulsées en aval : l’alternance démocratique s’est enracinée au Mali, au Bénin et au Ghana ; le Cap Vert a conforté son penchant pour la démocratie parlementaire depuis 1990, bien avant le discours de La Baule. Mais quelques institutions de transition avaient renforcé encore plus les anciens régimes : le maréchal Mobutu Sese Seko avait réussi à phagocyter Étienne Tshisekedi wa Mulumba et à embrouiller Léon Kengo wa Dondo avant d’être piteusement chassé du pouvoir par Laurent-Désiré Kabila ; le général Gnassingbé Eyadéma avait facilement neutralisé le Premier ministre Joseph Kokou Koffigoh ; le Rwanda avait été en proie à des massacres dont les répercussions continuent à déstabiliser la partie Est de la République Démocratique du Congo ; la Côte d’Ivoire avait été pendant très longtemps coupée en deux face à l’inertie des militaires de l’opération Licorne.
Les effets du discours de La Baule s’étaient étendus, par ondes successives, jusqu’aux deux mandats de François Mitterrand. C’est ainsi que le Sénégal et le Kenya avaient connu, en 2000 pour le premier et en 2002 pour le second, une alternance politique autre que celle des régimes qui avaient été en place depuis des lustres. À Dakar, Abdoulaye Wade avait succédé de manière démocratique au président sortant, le Abdou Diouf et, à Nairobi, Mwai Kibaki a pris pacifiquement la relève de Daniel Arap Moï. Le Liberia était en fin de compte sorti d’une décennie de guerres après avoir élu une femme comme présidente de la République.
Si le sommet de La Baule n’avait pas été le point de départ d’un mouvement qui a impulsé un vent de démocratisation en Afrique, il avait créé les conditions favorables à des alternances politiques. Si l’on se met avec cynisme dans la peau de François Mitterrand, plus de dix-sept ans après le discours de La Baule, on dira mollement que « la France est restée fidèle à son histoire, dont les Africains font plus ou moins partie, et à son avenir, dont elle espère que l’Afrique ne cessera de prolonger. Elle ne se retirera pas de l’œuvre engagée depuis si longtemps, qui l’a associée à de nombreux pays d’Afrique ». Quoi que l’on puisse dire, le discours de La Baule avait révélé les prémices d’une conception politique nouvelle relative, au moins formellement, à l’exercice des libertés et à l’État de droit. Il avait fixé le point de repères vers lequel devait en principe tendre la vraie amitié franco-africaine et préconisé l’instauration de la démocratie. Il revenait donc aux peuples africains et à leurs dirigeants de s’engouffrer dans la brèche ouverte par Mitterrand pour changer le cours de leur Histoire. Dans la longue et tumultueuse histoire des relations entre la France et l’Afrique, il y a un avant et un après La Baule.
Un bilan mitigé
Le bilan des deux septennats de François Mitterrand, s’agissant des relations franco-africaines, n’a pas été globalement à la hauteur de la vision humaniste ayant toujours animé le président en tant qu’adhérent du Parti Socialiste. Il faut reconnaître que François Mitterrand avait ses raisons, puisées forcément dans une culture en vogue à une époque, qui le poussaient à rester fidèle à une « certaine idée de la colonisation » avec tout ce qu’elle comportait de « positif » ou de « négatif ». François Mitterrand a évoqué, dans l’ouvrage intitulé Aux frontières de l’Union française, l’idée selon laquelle les frontières de l’Union française devraient constituer du « Congo au Rhin une nation-continent [qui s’équilibrerait] autour de [la] métropole ». On dispose là de la preuve irréfutable, chez François Mitterrand, de la conception nationaliste des relations franco-africaines, faisant de l’Afrique une composante intrinsèque du statut de grande puissance mondiale de la France. En cela, il partageait la même vision que le général de Gaulle qui souhaitait vivement faire émerger une Europe allant de l’Atlantique à l’Oural.
François Mitterrand avait exprimé une double conviction. D’une part, l’Afrique ne pouvait être en reste de la formidable accélération de l’histoire qui s’était produite après 1989 et les modes de gouvernement désormais en décalage avec les aspirations universelles à plus de liberté. D’autre part, cette évolution vers des systèmes plus ouverts, où le choix des dirigeants se ferait par le suffrage universel devait s’opérer de manière consensuelle en préservant la cohésion de nations encore fragiles. De nombreux remords avaient poursuivi cet homme si intelligent et si intuitif, au point de se découvrir, au cours du dernier sommet de Biarritz, des justifications et de demander implicitement à ses interlocuteurs africains de le juger sur la noblesse de ses intentions plutôt que sur la réalité.
Gaspard-Hubert Lonsi Koko