Par la voix de son Premier Vice-Président, Gaspard-Hubert Lonsi Koko, l'Alliance de Base pour l'Action Commune (ABACO) évoque une dynamique nouvelle de l'opposition et une autre manière de faire de la politique en République Démocratique du Congo.
L'Abaco participera-t-elle à la « Nouvelle union sacrée de l'opposition à Bruxelles » ?
Au sein de l'Abaco, nous avons toujours été outrés par la multitude d'unions de l'opposition qui n'ont jamais abouti à quelque chose de positif : Dynamique de l'opposition, G7, G14, la Majorité présidentielle populaire... On y trouve même des plateformes dans des plateformes. A ce rythme, c'est plutôt une fédération ou une confédération de l'opposition qu'il faudra mettre en place.
On dirait que vous ne prenez pas les opposants congolais au sérieux...
Force est malheureusement de constater que les uns et les autres créent des structures dans l'espoir d'en tirer un profit personnel. Comme ils ont tous la même ambition, la tentative d'union génère souvent la désunion de l'opposition. Combien des Tshisekedistes sont-ils devenus, tout à coup Katumbistes ? Sans oublier qu'ils étaient, hier encore , des fervents partisans de Vital Kamerhe ou du docteur Denis Mukwege. On ne serait pas surpris qu'ils soutiennent Laurent Nkundabatware, si jamais ce dernier revenait militairement sur le sol congolais. Le tourisme politique n'est pas le propre de l'Abaco.
Il ne s'agit pas pour nous de critiquer systématiquement l'opposition au point de la fragiliser. C'est plutôt une question de crédibilité. Nous avons toujours préconisé une opposition constructive, donc intelligente.
Comment expliquez-vous ces incohérences que vous dénoncez avec ferveur ?
En fait, toute initiative d'union ou d'adhésion à une structure échoue dès lors que l'on met la charrue avant les bœufs. L'Abaco ne nouera aucun partenariat sur la base d'une communion avec un individu. Nous refusons la dictature, ou le culte de la personnalité, de la part de l'opposition ou de la majorité présidentielle. On ne peut pas prendre toute l'opposition en otage, sous prétexte que l'on est le seul à pouvoir l'incarner. S'attribuer d'office une telle légitimité s'apparenterait à de l'archaïsme. Nous n'avons pas cette conception de la pratique politique. Les mentalités doivent évoluer. La politique, c'est la chose publique et non l'intérêt personnel.
Il est temps que le peuple congolais soutienne un parti politique, ou un groupement de partis politiques, en fonction d'un programme et non de l'appartenance à un groupe ethnique, ni de l'association d'intérêts personnels, ni d'ailleurs d'une ancienneté militante n'ayant réellement permis aucune alternative politique. L'embrigadement, c'est le propre de ceux qui n'ont pas de projet politique.
Peut-on comprendre que l'Abaco est contre l'union de l'opposition ?
En 1977, un conglomérat dénommé AFDL avait vu le jour mais sans aucun projet politique. Le point commun des opposants au régime mobutiste soutenus par le Rwanda et l'Ouganda, c'était seulement la prise du pouvoir. Résultat ? Des millions de compatriotes tués, la crise politique et institutionnelle, la déstabilisation du pays... Le peuple congolais doit tirer les leçons du passé. Par conséquent, l'Abaco n'a nullement l'intention de se retrouver dans une configuration s'apparentant au mariage de la carpe et du lapin, tout simplement pour occuper le fauteuil du président de la République sortant et squatter les institutions de la République. Comment peut-on s'associer à ceux qui, à un moment donné, ont versé le sang de nos compatriotes, encouragé le pillage de nos ressources et permis l'occupation du pays par nos voisins ? Comment peut-on continuer de croire à des gens qui, depuis des lustres, ont rendu illisible le paysage politique ? Bruxelles après l'île de Gorée ?
Pour répondre à votre question, nous sommes favorables à une dynamique nouvelle de l'opposition mais sur une base idéologique. L'Abaco tient beaucoup à l'intégrité du territoire nationale, qu'il s'agisse de l'île de Mateba ou de la région du Kivu. Nous restons fidèles à notre devise : Dieu, les Ancêtres et le Peuple. Ainsi sommes-nous partisans de la Liberté, de l'Egalité, de la Prospérité et de la Paix.
Qu'allez-vous faire, alors ?
A l'Abaco, nous sommes partisans de la confrontation de différents programmes en vue d'une probable alliance politique. L'affinité idéologique reste, pour nous, la seule approche en vue d'une coalition gouvernementale. L'Abaco publiera très prochainement son avant projet de société. Celui-ci sera proposé à nos compatriotes pour des éventuels amendements en vue du projet final qui définira, le moment venu, notre vision pour le Congo du troisième millénaire.
Nous ne solliciterons pas le soutien à notre initiative politique par la distribution des pagnes et de la bière, ni par le terrorisme politique, ni par la corruption des acteurs de la société civile et des journalistes. Un projet cohérent pour le Congo, c'est la seule base qui conditionnera notre démarche. Nous tenons à une alternative en vue de l'instauration de l'État de droit, de la sécurisation et de la pacification du pays, de la croissance économique, de la cohésion sociale et nationale... Nous sommes prêts à discuter avec tous ceux qui partagent une telle approche.
Et le dialogue, dans tout cela ?
La position de l'ABACO sur le dialogue n'a jamais varié. Compte tenu de la menace plus que jamais précise de la balkanisation du pays, un dialogue inclusif s'impose non pas pour violer les articles 70-2, 75, 76 et 220 de la Constitution, mais pour trouver des voix et moyens en vue d'une transition apaisée.
Propos recueillis par Roger Musandji
© Œil d'Afrique
L'Abaco participera-t-elle à la « Nouvelle union sacrée de l'opposition à Bruxelles » ?
Au sein de l'Abaco, nous avons toujours été outrés par la multitude d'unions de l'opposition qui n'ont jamais abouti à quelque chose de positif : Dynamique de l'opposition, G7, G14, la Majorité présidentielle populaire... On y trouve même des plateformes dans des plateformes. A ce rythme, c'est plutôt une fédération ou une confédération de l'opposition qu'il faudra mettre en place.
On dirait que vous ne prenez pas les opposants congolais au sérieux...
Force est malheureusement de constater que les uns et les autres créent des structures dans l'espoir d'en tirer un profit personnel. Comme ils ont tous la même ambition, la tentative d'union génère souvent la désunion de l'opposition. Combien des Tshisekedistes sont-ils devenus, tout à coup Katumbistes ? Sans oublier qu'ils étaient, hier encore , des fervents partisans de Vital Kamerhe ou du docteur Denis Mukwege. On ne serait pas surpris qu'ils soutiennent Laurent Nkundabatware, si jamais ce dernier revenait militairement sur le sol congolais. Le tourisme politique n'est pas le propre de l'Abaco.
Il ne s'agit pas pour nous de critiquer systématiquement l'opposition au point de la fragiliser. C'est plutôt une question de crédibilité. Nous avons toujours préconisé une opposition constructive, donc intelligente.
Comment expliquez-vous ces incohérences que vous dénoncez avec ferveur ?
En fait, toute initiative d'union ou d'adhésion à une structure échoue dès lors que l'on met la charrue avant les bœufs. L'Abaco ne nouera aucun partenariat sur la base d'une communion avec un individu. Nous refusons la dictature, ou le culte de la personnalité, de la part de l'opposition ou de la majorité présidentielle. On ne peut pas prendre toute l'opposition en otage, sous prétexte que l'on est le seul à pouvoir l'incarner. S'attribuer d'office une telle légitimité s'apparenterait à de l'archaïsme. Nous n'avons pas cette conception de la pratique politique. Les mentalités doivent évoluer. La politique, c'est la chose publique et non l'intérêt personnel.
Il est temps que le peuple congolais soutienne un parti politique, ou un groupement de partis politiques, en fonction d'un programme et non de l'appartenance à un groupe ethnique, ni de l'association d'intérêts personnels, ni d'ailleurs d'une ancienneté militante n'ayant réellement permis aucune alternative politique. L'embrigadement, c'est le propre de ceux qui n'ont pas de projet politique.
Peut-on comprendre que l'Abaco est contre l'union de l'opposition ?
En 1977, un conglomérat dénommé AFDL avait vu le jour mais sans aucun projet politique. Le point commun des opposants au régime mobutiste soutenus par le Rwanda et l'Ouganda, c'était seulement la prise du pouvoir. Résultat ? Des millions de compatriotes tués, la crise politique et institutionnelle, la déstabilisation du pays... Le peuple congolais doit tirer les leçons du passé. Par conséquent, l'Abaco n'a nullement l'intention de se retrouver dans une configuration s'apparentant au mariage de la carpe et du lapin, tout simplement pour occuper le fauteuil du président de la République sortant et squatter les institutions de la République. Comment peut-on s'associer à ceux qui, à un moment donné, ont versé le sang de nos compatriotes, encouragé le pillage de nos ressources et permis l'occupation du pays par nos voisins ? Comment peut-on continuer de croire à des gens qui, depuis des lustres, ont rendu illisible le paysage politique ? Bruxelles après l'île de Gorée ?
Pour répondre à votre question, nous sommes favorables à une dynamique nouvelle de l'opposition mais sur une base idéologique. L'Abaco tient beaucoup à l'intégrité du territoire nationale, qu'il s'agisse de l'île de Mateba ou de la région du Kivu. Nous restons fidèles à notre devise : Dieu, les Ancêtres et le Peuple. Ainsi sommes-nous partisans de la Liberté, de l'Egalité, de la Prospérité et de la Paix.
Qu'allez-vous faire, alors ?
A l'Abaco, nous sommes partisans de la confrontation de différents programmes en vue d'une probable alliance politique. L'affinité idéologique reste, pour nous, la seule approche en vue d'une coalition gouvernementale. L'Abaco publiera très prochainement son avant projet de société. Celui-ci sera proposé à nos compatriotes pour des éventuels amendements en vue du projet final qui définira, le moment venu, notre vision pour le Congo du troisième millénaire.
Nous ne solliciterons pas le soutien à notre initiative politique par la distribution des pagnes et de la bière, ni par le terrorisme politique, ni par la corruption des acteurs de la société civile et des journalistes. Un projet cohérent pour le Congo, c'est la seule base qui conditionnera notre démarche. Nous tenons à une alternative en vue de l'instauration de l'État de droit, de la sécurisation et de la pacification du pays, de la croissance économique, de la cohésion sociale et nationale... Nous sommes prêts à discuter avec tous ceux qui partagent une telle approche.
Et le dialogue, dans tout cela ?
La position de l'ABACO sur le dialogue n'a jamais varié. Compte tenu de la menace plus que jamais précise de la balkanisation du pays, un dialogue inclusif s'impose non pas pour violer les articles 70-2, 75, 76 et 220 de la Constitution, mais pour trouver des voix et moyens en vue d'une transition apaisée.
Propos recueillis par Roger Musandji
© Œil d'Afrique