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RDC : Dialogue exclusif ou monologue inclusif ?


Rédigé le Jeudi 29 Septembre 2016 à 09:54 | Lu 3649 fois | 0 commentaire(s)
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Essayiste réformiste et romancier, auteur de plusieurs ouvrages et de nombreux articles,... En savoir plus sur cet auteur


Le Premier Vice-Président de l’Alliance de Base pour l’Action Commune (ABACO), Gaspard-Hubert Lonsi Koko, annonce le choix de son parti politique pour la mise en place d’un « Gouvernement de transition » en République Démocratique du Congo sans le président Joseph Kabila.
 
Que pouvez-vous dire du dialogue national inclusif qui est en cours en République Démocratique du Congo ?
Le dictionnaire Larousse nous apprend que le mot « dialogue » est un échange, ou une conversation, entre deux ou plusieurs personnes sur un sujet défini tandis que le qualificatif « inclusif » rappelle ce qui contient en soi quelque chose d’autre. Au vu de ces définitions, peut-on conclure que le forum dont Edem Kodjo est le Facilitateur est un dialogue inclusif ?
 
C’est justement pour éclairer nos lecteurs qu’Œil d’Afrique s’entretient avec vous. L’initiative du président Joseph Kabila est-il un dialogue ou non ? Si oui, est-il inclusif ?
Je constate seulement qu’une partie de l’opposition, et non de moindre, n’a pas pris part à cette rencontre puisque les préalables posés à juste titre en amont n’ont pas été pris en compte. D’autres partis politiques de l’opposition, qui ont souhaité participer aux travaux de ce forum, ont purement et simplement été écartés parce qu’ils avaient la ferme intention d’évoquer les vraies causes de la crise politique et d’apporter des solutions idoines. Quant aux chefs coutumiers, personnalités importantes surtout dans la tradition bantoue, ils n’ont pas eu droit au chapitre. Vous me direz que quelques opposants – comme Vital Kamerhe, Samy Badibangi et Léon Kengo wa Dondo – y ont pris part. Certains l’ont fait par opportunisme, surtout après avoir clamé haut et fort tout le mal qu’ils pensaient de l’initiative présidentielle, alors que d’autres ont justifié leur participation par l’aspect protocolaire et à leur appartenance politique.
Pour répondre à votre question, il s’agit bel et bien d’un monologue inclusif, c’est-à-dire d’un dialogue exclusif. Plus explicitement, l’intention manifeste du Facilitateur, en l’occurrence Edem Kodjo, consiste à faire adopter un gouvernement de coalition nationale sous la présidence de Joseph Kabila. Cela aura comme conséquence la violation des dispositifs constitutionnels relatifs à la vacation de la présidence de la République dans le but d’éviter l’intérim de cette fonction par le président du Sénat pour un délai variant entre 90 et 120 jours.
L’ABACO ne cautionnera pas les résolutions d’un forum, auquel ses membres n’ont pas participé, qui violent de manière flagrante la Constitution. Le président de notre parti, le ministre honoraire Sylvère Luizi Balu, a clarifié notre position lors d’une interview accordée l’année dernière à Radio Okapi.
 
Pourtant, le Facilitateur Edem Kodjo, qui bénéficie d’ailleurs du soutien de la Communauté internationale, a été nommé par l’Union Africaine et non par le président Kabila. Mettez-vous en cause ces institutions ?
Je suis très sensible à la volonté de l’Union Africaine et de la Communauté internationale, s’agissant de la recherche des solutions appropriées à la crise politique qui ne cesse de fragiliser les institutions étatiques depuis la réélection du président la République en novembre 2011. Mais je ne suis pas pour autant indifférent à la suspicion du peuple congolais, laquelle réside dans le choix d’un Facilitateur dont la médiation au Burundi l’année dernière n’a fait qu’envenimer la situation. Y a-t-il une volonté manifeste, à travers l’option Edem Kodjo, de semer les germes de l’éclatement de notre pays, donc de l’embrasement de la région des Grands Lacs et de la déstabilisation de l’Afrique centrale ? Telle est, malheureusement, l’inquiétude d’un bon nombre de populations congolaises.
 
Que faut-il faire, alors, pour éviter que la République Démocratique du Congo ne sombre dans l’incertitude ?
Primo, il faut que le président Joseph Kabila commence par respecter la Constitution dont il est le garant. Secundo, à défaut d’élection présidentielle dans le délai constitutionnel, il faut recourir à l’intérim du président du Sénat en vue de l’organisation du scrutin dans le délai constitutionnel. Tertio, le Sénat ayant déjà glissé en fonctionnant dans l’illégalité, un dialogue inter-congolais davantage républicain et inclusif en vue de la mise en place d’un « Gouvernement de Salut public ou de transition » sous la présidence d’une autre personne que le président de la République serait un processus salutaire. D’ailleurs, l’ABACO soutient cette dernière option. Le parti politique dont je suis le Premier Vice-Président fera, très prochainement, des propositions allant dans ce sens.
 
Propos recueillis par Roger Musandji
 
© Œil d’Afrique



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