Le président burundais Pierre Nkurunziza, a menacé, mercredi, de "combattre" les soldats de maintien de la paix que compte déployer l'Union Africaine pour rétablir la paix dans le pays secoué par une crise politico-sécuritaire qui a fait des centaines de morts depuis avril dernier.
L’Union africaine, a annoncé, la semaine passée, le déploiement d’une mission de 5 mille hommes dans le petit pays d'Afrique centrale. Elle n'a pas encore réagi à cette menace du président.
S’exprimant pour la première fois publiquement sur ce déploiement et alors que la présidence, le parlement et le conseil national de sécurité burundais avaient tous trois, «catégoriquement rejeté» l’envoi de soldats africains au Burundi, la semaine passée, Nkurunziza a de nouveau réaffirmé la position du pouvoir.
«Il y a trois conditions pour que des forces étrangères soient envoyées dans un pays : le pays concerné les demande, il peut être dans une situation telle qu’il n’y a pas d’état, il peut être dans une situation où deux forces en présence se battent et demandent le déploiement de ces forces. Mais le Burundi n’est dans aucune de ces situations », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse, tenue à Gitega (au centre) à 120 km de Bujumbura.
"Le respect de l’intégrité du territoire burundais s’impose à tout le monde", a déclaré Nkurunziza.
"Au cas où ils (les soldats de l’UA) violent ce principe, ils auront attaqué le pays. Et dans ce cas, tous les Burundais doivent se lever et se battre contre eux", a averti le président burundais.
Nkurunziza a également estimé que son pays a été «victime du complot de la communauté internationale» et a prévenu qu’il ne participera pas aux pourparlers prévus en janvier prochain à Arusha (Tanzanie).
«Mon gouvernement privilégie le dialogue avec toutes les couches du pays mais c’est un dialogue qui vise la bonne gestion des affaires publiques et non autre chose, ce dialogue doit se tenir ici au Burundi, car tous les 10 millions de Burundais ne peuvent pas se retrouver à Kampala (Ouganda) ou Arusha», a-t-il fait savoir.
L’Union africaine avait pour sa part, indiqué, plus tôt, mercredi, que les acteurs de la crise burundaise qui empêcheront la reprise du dialogue prévue le 6 janvier prochain dans la capitale tanzanienne, seront «sanctionnés».
"Tous ceux dont l'action pourrait compromettre le dialogue inter-burundais (...) feront l'objet de sanctions", a ainsi prévenu, la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, dans un communiqué dont Anadolu a reçu copie.
Le Burundi a plongé dans la violence depuis l'annonce fin avril de la candidature du président Nkurunziza à un 3e mandat qui, selon l'opposition, la société civile et jusqu'à une partie de son propre camp, viole la Constitution et l'Accord d'Arusha ayant mis fin à la guerre civile (1993-2006).