Les pontes du régime planifient sa chute
En prélude à la présidentielle de 2011, une clique de taupes inféodées au régime Biya, regroupée sous un courant politique dénommé G 11, avait planifié la chute du chef de l’Etat, par la faillite de 3 banques capitales en 2010, notamment : Cofinest, Amity et Cbc Bank. Le but recherché étant de susciter l’impossibilité du gouvernement à payer les fonctionnaires en 2010, créant de ce fait un soulèvement populaire qui fragiliserait le pouvoir de Paul Biya à un an de l’élection présidentielle. Toutes choses qui engendreraient un boulevard au candidat du G 11 pour la conquête de la magistrature suprême en 2011. Les malheurs d’Essimi Menye, alors grand argentier national en 2010, commencent quand à l’insu de ce plan savamment huilé du G 11 pour débarquer Biya, il va engager la restructuration de Amity et de Cbc Bank.
Dans sa publication N°170 du mardi 10 novembre 2015, l’hebdomadaire ‘‘L’Equation’’ titrait : ‘‘Affaire Essimi Menye : Le clair-obscur d’un lynchage organisé’’. Notre confrère s’interrogeait sur les curiosités observées autour des faits reprochés à Essimi Menye, suite à des actes posés non à titre personnel, mais es qualité de ministre des Finances dans le cadre de la restructuration d’Amity Bank, ainsi qu’autour de sa responsabilité alléguée relativement à la gestion du patrimoine de l’ex société camerounaise de tabac (Sct).
Au regard des orientations des données à ces affaires, nous serions en droit de nous associer à l’idée qu’à cause de sa rigueur quant à la prescription de la chose publique, Essimi Menye aurait frustré plus d’un attitré du sérail et semble faire les frais d’un règlement de comptes depuis son départ du ministère des Finances et de façon plus ostentatoire, depuis sa sortie du gouvernement. Car tout porte à croire que les voies de la vérité sont délibérément ignorées, et que le raisonnement à l’absurde est autorisé et fait recette.
En effet, dans sa lettre N°162/Cf/Cab/Me/Mj/Gds en date du 07 octobre 2014, Laurent Esso indiquait au ministre secrétaire général de la Présidence de la République que son collègue d’alors, ‘‘Essimi Menye a signé une convention avec Banque Atlantique le 9 mai 2009 en vue de la reprise des activités d’Amity Bank’’, tout en précisant que ‘‘l’Etat devait payer 9.025.000.000 Fcfa à Banque Atlantique en douze semestrialités avec quatre années de différé et qu’en contre partie, poursuit-il, l’Etat devait recevoir les créances douteuses de Amity Bank à concurrence du même montant et en confiait le recouvrement à la Société de Recouvrement des Créances (Src)’’.
Maquillage
Le garde des sceaux faisait valoir qu’alors que l’Etat avait déjà payé la somme totale de 1.360.563.500 Fcfa, il ‘‘n’a pas reçu les créances douteuses sus-évoquées pour les recouvrer’’.
Pour justifier la nécessité qu’il y avait à auditionner Essimi Menye ‘‘comme témoin’’, Laurent Esso avait prétendu que ’’pour élucider ces points d’ombre, les cadres du ministère des Finances interrogés déclarent tout ignorer de cet aspect du problème’’. Telle est la phase qui dissimule mal les accusations portées contre l’ex Minfi/Minader, et paraît servir de prétexte pour justifier les poursuites engagées à son encontre auprès du Tribunal criminel spécial (Tcs).
Mais le contenu de cette correspondance a ému bien d’observateurs avisés. Tout d’abord, en ce qu’au 7 octobre 2014 et d’après des informations crédibles, l’Etat avait déjà exécuté la convention de titrisation bien au-delà de 1.360. 563.500 Fcfa, à savoir, à hauteur de 2.255.000.000 Fcfa. Et contrairement aux indications du ministre de la justice, le ministre des Finances ne peut valablement ‘‘tout ignorer de cet aspect du problème’’.
Comment peut-on expliquer une telle discordance alors et surtout que l’Etat n’a jamais dénoncé cette convention dont il poursuit l’exécution ? Pour rester délicats, elle est bien loin de nous l’intention de qualifier de mensongères les allégations du ministre de la justice, seule l’acuité de la vérité pouvant en rapprocher l’opinion de nos lecteurs.
Ces vérités qu’on veut occulter
Pour charger Essimi Menye dans ce qu’il convient d’appeler un vrai poker politico-judiciaire menteur, l’on prête ‘‘l’ignorance’’ aux cadres du Minfi dans la restructuration de Amity Bank, alors que par lettre N°A501/M/Sg/Pm en date du 11 juillet 2013, c'est-à-dire antérieure à celle de Laurent Esso, et faisant suite ‘‘aux très hautes instructions du chef de l’Etat’’, (lettre dont la Src, la Cobac et la Banque Atlantique ont été ampliatrices), le Premier ministre chef du gouvernement demandait au Minfi ‘‘de bien vouloir lui faire tenir, de concert avec les administrations impliquées, un point détaillé sur les mécanismes de reprise de Amity Bank par la Banque Atlantique, tout en précisant le sort réservé aux créances douteuses de l’ex Amity Bank’’.
Entre le 11 juillet 2013, date de la lettre du Premier ministre, et le 7 octobre 2014, date de la lettre du Garde des sceaux, il s’est écoulé plus d’un an. Et si le chef du gouvernement a exigé ‘‘une prompte réaction’’, il est évident qu’au 7 octobre 2014, le point détaillé sollicité devait avoir été transmis et que dans ces conditions, l’on ne pouvait prétendre que les cadres du Minfi ne pouvaient éclairer l’enquête sous couvert de leur ‘‘ignorance’’. Face à un tel constat, comment ne pas croire à la thèse d’un complot contre Essimi Menye ?
Autant le dire sans détour, la légèreté qui semble caractériser les accusations portées contre ce dernier en rapport avec la convention de titrisation sus visée, contamine nécessairement celle de l’autre ‘‘non-dossier’’ ex Sct.
Au sein du ministère des Finances en effet, cette autre affaire dans l’absurde n’est ni une équation à résoudre, ni un écheveau à démêler, toujours est-il que le tableau des opérations de liquidation est parfaitement connu comme insusceptible de prêter à équivoque dans un contexte de bon sens tout court.
Cependant, force est de constater que les acteurs de l’ombre s’éloignent allègrement de la vérité pour jeter l’opprobre à un citoyen dont le crime est d’avoir à plusieurs égards, servi de fusible contre certains prédateurs qui le savent au parfum de leurs propres crimes autant effectifs que tentés.
Légalité
Au 12 janvier 2015, le Comité de pilotage des liquidations (Cptl) disposait déjà de tous les éléments d’informations sur le patrimoine de l’ex Sct et le 18 juin 2015, le Sg/Minfi a convoqué une réunion avec objectif de clôturer définitivement cette liquidation et entre autres, de statuer sur la dévolution du patrimoine résiduel, et ce dans un cadre strictement légal.
En d’autres termes, on est parfaitement au courant de qui a acquis tel bien et suivant telles modalités, autant que sont identifiés les redevables de la liquidation dont au moins un est aux affaires, et n’est sujet à la moindre des inquiétudes.
Si le ministère des Finances constitue donc pour la justice une banque de données crédibles, et donc susceptibles de garantir l’objectivité dans les poursuites, pourquoi ne pas l’exploiter à bon compte en marquant la préférence pour une chasse aux sorcières ?
Dans cette affaire, le mensonge pourrait faire le lit de l’injustice, pour que s’y couche la conscience des juges, et que dans cet abîme, périssent des innocents. Il est encore temps pour que le cas Essimi Menye ne nous y bascule.
PD
Dans sa publication N°170 du mardi 10 novembre 2015, l’hebdomadaire ‘‘L’Equation’’ titrait : ‘‘Affaire Essimi Menye : Le clair-obscur d’un lynchage organisé’’. Notre confrère s’interrogeait sur les curiosités observées autour des faits reprochés à Essimi Menye, suite à des actes posés non à titre personnel, mais es qualité de ministre des Finances dans le cadre de la restructuration d’Amity Bank, ainsi qu’autour de sa responsabilité alléguée relativement à la gestion du patrimoine de l’ex société camerounaise de tabac (Sct).
Au regard des orientations des données à ces affaires, nous serions en droit de nous associer à l’idée qu’à cause de sa rigueur quant à la prescription de la chose publique, Essimi Menye aurait frustré plus d’un attitré du sérail et semble faire les frais d’un règlement de comptes depuis son départ du ministère des Finances et de façon plus ostentatoire, depuis sa sortie du gouvernement. Car tout porte à croire que les voies de la vérité sont délibérément ignorées, et que le raisonnement à l’absurde est autorisé et fait recette.
En effet, dans sa lettre N°162/Cf/Cab/Me/Mj/Gds en date du 07 octobre 2014, Laurent Esso indiquait au ministre secrétaire général de la Présidence de la République que son collègue d’alors, ‘‘Essimi Menye a signé une convention avec Banque Atlantique le 9 mai 2009 en vue de la reprise des activités d’Amity Bank’’, tout en précisant que ‘‘l’Etat devait payer 9.025.000.000 Fcfa à Banque Atlantique en douze semestrialités avec quatre années de différé et qu’en contre partie, poursuit-il, l’Etat devait recevoir les créances douteuses de Amity Bank à concurrence du même montant et en confiait le recouvrement à la Société de Recouvrement des Créances (Src)’’.
Maquillage
Le garde des sceaux faisait valoir qu’alors que l’Etat avait déjà payé la somme totale de 1.360.563.500 Fcfa, il ‘‘n’a pas reçu les créances douteuses sus-évoquées pour les recouvrer’’.
Pour justifier la nécessité qu’il y avait à auditionner Essimi Menye ‘‘comme témoin’’, Laurent Esso avait prétendu que ’’pour élucider ces points d’ombre, les cadres du ministère des Finances interrogés déclarent tout ignorer de cet aspect du problème’’. Telle est la phase qui dissimule mal les accusations portées contre l’ex Minfi/Minader, et paraît servir de prétexte pour justifier les poursuites engagées à son encontre auprès du Tribunal criminel spécial (Tcs).
Mais le contenu de cette correspondance a ému bien d’observateurs avisés. Tout d’abord, en ce qu’au 7 octobre 2014 et d’après des informations crédibles, l’Etat avait déjà exécuté la convention de titrisation bien au-delà de 1.360. 563.500 Fcfa, à savoir, à hauteur de 2.255.000.000 Fcfa. Et contrairement aux indications du ministre de la justice, le ministre des Finances ne peut valablement ‘‘tout ignorer de cet aspect du problème’’.
Comment peut-on expliquer une telle discordance alors et surtout que l’Etat n’a jamais dénoncé cette convention dont il poursuit l’exécution ? Pour rester délicats, elle est bien loin de nous l’intention de qualifier de mensongères les allégations du ministre de la justice, seule l’acuité de la vérité pouvant en rapprocher l’opinion de nos lecteurs.
Ces vérités qu’on veut occulter
Pour charger Essimi Menye dans ce qu’il convient d’appeler un vrai poker politico-judiciaire menteur, l’on prête ‘‘l’ignorance’’ aux cadres du Minfi dans la restructuration de Amity Bank, alors que par lettre N°A501/M/Sg/Pm en date du 11 juillet 2013, c'est-à-dire antérieure à celle de Laurent Esso, et faisant suite ‘‘aux très hautes instructions du chef de l’Etat’’, (lettre dont la Src, la Cobac et la Banque Atlantique ont été ampliatrices), le Premier ministre chef du gouvernement demandait au Minfi ‘‘de bien vouloir lui faire tenir, de concert avec les administrations impliquées, un point détaillé sur les mécanismes de reprise de Amity Bank par la Banque Atlantique, tout en précisant le sort réservé aux créances douteuses de l’ex Amity Bank’’.
Entre le 11 juillet 2013, date de la lettre du Premier ministre, et le 7 octobre 2014, date de la lettre du Garde des sceaux, il s’est écoulé plus d’un an. Et si le chef du gouvernement a exigé ‘‘une prompte réaction’’, il est évident qu’au 7 octobre 2014, le point détaillé sollicité devait avoir été transmis et que dans ces conditions, l’on ne pouvait prétendre que les cadres du Minfi ne pouvaient éclairer l’enquête sous couvert de leur ‘‘ignorance’’. Face à un tel constat, comment ne pas croire à la thèse d’un complot contre Essimi Menye ?
Autant le dire sans détour, la légèreté qui semble caractériser les accusations portées contre ce dernier en rapport avec la convention de titrisation sus visée, contamine nécessairement celle de l’autre ‘‘non-dossier’’ ex Sct.
Au sein du ministère des Finances en effet, cette autre affaire dans l’absurde n’est ni une équation à résoudre, ni un écheveau à démêler, toujours est-il que le tableau des opérations de liquidation est parfaitement connu comme insusceptible de prêter à équivoque dans un contexte de bon sens tout court.
Cependant, force est de constater que les acteurs de l’ombre s’éloignent allègrement de la vérité pour jeter l’opprobre à un citoyen dont le crime est d’avoir à plusieurs égards, servi de fusible contre certains prédateurs qui le savent au parfum de leurs propres crimes autant effectifs que tentés.
Légalité
Au 12 janvier 2015, le Comité de pilotage des liquidations (Cptl) disposait déjà de tous les éléments d’informations sur le patrimoine de l’ex Sct et le 18 juin 2015, le Sg/Minfi a convoqué une réunion avec objectif de clôturer définitivement cette liquidation et entre autres, de statuer sur la dévolution du patrimoine résiduel, et ce dans un cadre strictement légal.
En d’autres termes, on est parfaitement au courant de qui a acquis tel bien et suivant telles modalités, autant que sont identifiés les redevables de la liquidation dont au moins un est aux affaires, et n’est sujet à la moindre des inquiétudes.
Si le ministère des Finances constitue donc pour la justice une banque de données crédibles, et donc susceptibles de garantir l’objectivité dans les poursuites, pourquoi ne pas l’exploiter à bon compte en marquant la préférence pour une chasse aux sorcières ?
Dans cette affaire, le mensonge pourrait faire le lit de l’injustice, pour que s’y couche la conscience des juges, et que dans cet abîme, périssent des innocents. Il est encore temps pour que le cas Essimi Menye ne nous y bascule.
PD