Le Pr Armand Leka Essomba.
Particulièrement couru et suivi par divers mécanismes à travers le monde, nombreux en viennent à considérer que l'on aura assisté à l'un des plus grands rendez-vous intellectuels de ces dix dernières années au Cameroun. L'on a pu mesurer encore la nécessité qu'il y a pour l'Université à rester attaché à sa tradition de discussion critique. Cette soif de lumière, il nous revient de la désaltérer en dépit de tout.
Le Département de sociologie de l'Université de Yaoundé I et le Laboratoire camerounais d'études et de recherches sur les sociétés contemporaines, s'efforceront toujours d'assumer cette vocation.
Hypothèse métaphysique
Certaines circonstances de nos vies qui, à nos yeux d’hommes, constituent des énigmes liées à ce qu’un langage commun, souvent teinté de suffisance scientiste appelle le hasard, apparaissent à la fin des temps, comme la continuité des évidences tissées par la trame d’un unique et invisible fil. Mais c’est toujours la distance du temps qui rend possible les reconstitutions en définitive logiques et finit par nous suggérer a posteriori, la cohérence de ces récits qui lient nos vies et nos cheminements dans ce monde.
Ma propre rencontre avec Jean-Marc Ela constitue un argument additif qui plaide en faveur de cette conviction philosophique que je partage avec beaucoup ici. Le risque de succomber à la tentation narcissique, en cette circonstance particulière et devant un important auditoire, est grand. Je fais toutefois le choix de courir ce risque devant vous, en privilégiant une entrée volontairement autobiographique à cette leçon que les circonstances m’imposent.
De ma « rencontre » avec Jean-Marc Ela
L’obtention d’un baccalauréat en 1994 m’ouvra la porte de l’Université. Nourri à la bibliothèque de mon propre père, qui enseignait l’Histoire et les matières connexes au lycée d’Obala, c’est tout naturellement qu’un consensus s’était vite établi sur mon orientation. Un accident de précarité, cette année-là, m’empêcha de m’inscrire à l’Université de Ngoa-Ekelle et je fus ainsi contraint de passer une interminable année dans mon village, à cueillir du vin de palme et à essayer de vivre la vie des champs.
J’acceptai malgré moi cette évidence à l’époque, avec une certaine tristesse et une profonde frustration. Or, ce sera au cours de cette sorte d’année finalement sabbatique, au village, que ma rencontre avec Jean-Marc Ela se fera. Ce sera grâce à la médiation d’un vieux compagnon, aujourd’hui moine dans un monastère quelque part dans le monde. Dans une des lettres qu’il me faisait parvenir régulièrement et que l’on me portait jusqu’au village, il mentionna Jean-Marc Ela et quelques paragraphes sur le personnage me décidèrent à changer d’orientation.
Un an plus tard, en septembre 1995, je sollicitais mon inscription au Département de sociologie et anthropologie, à l’étonnement agacé de mon père, qui se demandait à l’époque, où la sociologie voire l’anthropologie pouvait bien conduire son premier fils. Je dois dès à présent le répéter, je n’ai donc jamais connu personnellement, ni croisé physiquement la route de cet homme. Puisque mon arrivée coïncida en quelque sorte avec son propre départ en exil. Il partit en août 1995 très loin d’ici. Pour les étudiants de cette époque, ce fut une frustration académique supplémentaire. En dépit de cet exil lointain, il laissa derrière lui des traces. Et toute trace aide à suivre un chemin. Ce sont ces traces, que je n’ai cessé avec bien d’autres de suivre, traces qui m’ont conduit jusqu’à son intimité intellectuelle.
Ce fut d’abord à la modeste bibliothèque estudiantine du Cercle Philo-psycho-socio-anthropo, située à la Cité universitaire. C’est la raison pour laquelle à mes yeux, il a toujours été considéré comme le « Maitre absent », à l’ombre des textes duquel, je n’ai cessé de me nourrir intellectuellement et spirituellement.
Et lorsque le 26 décembre 2008, c’est-à-dire récemment, il quittait ce monde à l’âge de 72 ans à la Culumbian Royal Hospital de Vancouver au Canada, s’éteignait en fait, la voix de celui qui, très vite et durant de très longues décennies (1971-2007), s’imposa comme le sociologue le plus lucide et le plus fécond de sa génération. Il fut unanimement salué par ses amis, disciples ou collègues à l’époque, comme : un « infatigable veilleur » (Mbembe, 2009) ; un « martyr de la résistance » (Kom, 2008) ; un « baobab de la sociologie africaine » (Nga Ndongo, 2009) ; une « conscience aiguë des luttes auxquelles le continent africain est en permanence confronté » (Motaze Akam, 2011) ; un « géant et baobab intellectuel africain » (Yao Assogba, 2017), laissant derrière lui une pensée sociologique dense, incandescente et unique. Cette pensée sociologique intègre une diversité imbriquée de champs : l’éducation et ses systèmes d’inégalités ; les trajectoires rurales et urbaines de l’Afrique contemporaine ; la crise de l’omniprésence de l’Etat confronté aux rationalités paysannes ; les formes populaires de critique du pouvoir, de l’argent et de l’ingérence ; les formes de créativité du « monde d’en bas » et la renaissance africaine ; les fondements sociaux de l’accumulation économique ; la dialectique fécondité migrations et enfin, la recherche pour le développement et enfin la dialectique du rapport entre science, pouvoir et société.
Venu à la sociologie et aux sciences sociales par le détour de la théologie et de son expérience pastorale auprès des gens de la brousse, Jean-Marc Ela a su articulé des problématiques transversales et enchevêtrées à travers lesquelles, l’on perçoit sa « passion » pour les « pauvres » : les paysans, les jeunes sans travail, les femmes déclassées, les laissez-pour compte de la vie souhaitable, bref ce qu’il appelait « le monde d’en bas », qui pour l’essentiel, exprime dans nos sociétés, aujourd’hui, des figures sociales de la vulnérabilité. Dans sa façon d’écrire, l’on perçoit avec une rare constance, le souci permanent de démasquer et de dénoncer toutes « les forces de la mort » qui ne cessent de contester aux individus, surtout les plus vulnérables, le droit à une vie humaine digne.
Partant du postulat sien, selon lequel ni Dieu, ni les Evangiles, ni la sociologie ne sont neutres, il n’hésitait pas alors à prendre position pour les plus faibles, de partout. Marqué par la pensée de Frantz Fanon et héritier d’une tradition théologique d’inspiration prophétique, son expérience pastorale parmi les paysans Kirdi de l’Extrême-Nord Cameroun (1971-1985) et la tragédie de la profanation sans limite de la vie humaine dont il fut témoin au début des années 1990, aggrava son inquiétude devant un phénomène advenu en Afrique depuis le départ des colons : le « meurtre du frère par le frère » sous ses multiples formes. C’est en partant d’une critique sans concession de cette tragédie africaine du fratricide postcolonial, que sa pensée sociologique va faire apparaitre l’analyse de la vulnérabilité comme la condition inévitable qui fonde l’identité critique de la sociologie, et des sciences sociales de manière générale, dans un contexte contemporain où les épistémologies dominantes, les théories et méthodologies instituées, semblent faire échos aux idéologies du jour et aux forces sociales, culturelles, politiques et économiques qui les portent.
L’hypothèse sur laquelle, nous travaillons ces derniers jours, est que la trajectoire et une grande part de l’héritage théorique de Jean-Marc Ela sont fondées sur une « sélection empirique », ainsi que sur une « construction sélective » des « objets sociaux vulnérables ». C’est à partir de ce postulat méthodologique « orientée » que le sociologue fonde nécessairement l’identité critique de la sociologie, notamment dans ces sociétés africaines marquées par les rudesses d’une adversité historique reproductible. Cette identité critique spécifique apparait indispensable aux yeux de Jean-Marc Ela pour « sauver » le discours sociologique de ses compromissions toujours possibles avec les instances qui monopolisent les ressources de la violence symbolique légitime.
Question sociale
Comme on peut l’entrevoir, toute la pensée sociologique de Jean-Marc Ela est structurée autour de la question sociale, dans une perspective africaine. Ce colloque n’est qu’une manière de prolonger « les funérailles intellectuelles », ainsi qu’un prétexte opportun pour discuter autour de la question sociale au Cameroun. La thématique qui a guidé le choix autour du thème de ce colloque s’est nourri à la source de certaines évidences sociales. Depuis quelques décennies au Cameroun et plus largement dans la plupart des pays d’Afrique, l’État est durablement contrarié dans sa double capacité instituante et distributive.
La « capacité instituante » touche pour l’essentiel à la fonction centrale qui permet en quelque sorte à l’État, non seulement de jouir du monopole de la production des normes légitimes, mais aussi le pouvoir de les faire appliquer. La « capacité distributive » quant à elle, renvoie à la primauté dont il jouit dans les mécanismes de répartition de la richesse collective. Pourtant, c’est en grande part autour de cette double capacité que se sont pour l’essentiel, édifiées les bases de légitimation sociale de l’État postcolonial chez nous.
Cet État, tel qu’on l’a vu se construire au lendemain de nos indépendances dans les années 1960 (avec ses plans quinquennaux), se prévalait et se nourrissait d’un certain idéal de solidarité nationale et sociale, successivement encadré par les idéologies s’inscrivant dans le sillage d’un libéralisme économique atténué..........(....)
Ce colloque nourrit l’ambition de relancer un nouveau cycle de dynamisation de la pratique sociologique et des sciences sociales de manière générale. Ces sciences ne serviraient à rien si elles renonçaient à la grande tradition critique qui les a nourris. C’est cette tradition critique qui ouvre la voie à la créativité. Cette dette, la génération à laquelle nous appartenons, se doit de la payer.
Le Département de sociologie de l'Université de Yaoundé I et le Laboratoire camerounais d'études et de recherches sur les sociétés contemporaines, s'efforceront toujours d'assumer cette vocation.
Hypothèse métaphysique
Certaines circonstances de nos vies qui, à nos yeux d’hommes, constituent des énigmes liées à ce qu’un langage commun, souvent teinté de suffisance scientiste appelle le hasard, apparaissent à la fin des temps, comme la continuité des évidences tissées par la trame d’un unique et invisible fil. Mais c’est toujours la distance du temps qui rend possible les reconstitutions en définitive logiques et finit par nous suggérer a posteriori, la cohérence de ces récits qui lient nos vies et nos cheminements dans ce monde.
Ma propre rencontre avec Jean-Marc Ela constitue un argument additif qui plaide en faveur de cette conviction philosophique que je partage avec beaucoup ici. Le risque de succomber à la tentation narcissique, en cette circonstance particulière et devant un important auditoire, est grand. Je fais toutefois le choix de courir ce risque devant vous, en privilégiant une entrée volontairement autobiographique à cette leçon que les circonstances m’imposent.
De ma « rencontre » avec Jean-Marc Ela
L’obtention d’un baccalauréat en 1994 m’ouvra la porte de l’Université. Nourri à la bibliothèque de mon propre père, qui enseignait l’Histoire et les matières connexes au lycée d’Obala, c’est tout naturellement qu’un consensus s’était vite établi sur mon orientation. Un accident de précarité, cette année-là, m’empêcha de m’inscrire à l’Université de Ngoa-Ekelle et je fus ainsi contraint de passer une interminable année dans mon village, à cueillir du vin de palme et à essayer de vivre la vie des champs.
J’acceptai malgré moi cette évidence à l’époque, avec une certaine tristesse et une profonde frustration. Or, ce sera au cours de cette sorte d’année finalement sabbatique, au village, que ma rencontre avec Jean-Marc Ela se fera. Ce sera grâce à la médiation d’un vieux compagnon, aujourd’hui moine dans un monastère quelque part dans le monde. Dans une des lettres qu’il me faisait parvenir régulièrement et que l’on me portait jusqu’au village, il mentionna Jean-Marc Ela et quelques paragraphes sur le personnage me décidèrent à changer d’orientation.
Un an plus tard, en septembre 1995, je sollicitais mon inscription au Département de sociologie et anthropologie, à l’étonnement agacé de mon père, qui se demandait à l’époque, où la sociologie voire l’anthropologie pouvait bien conduire son premier fils. Je dois dès à présent le répéter, je n’ai donc jamais connu personnellement, ni croisé physiquement la route de cet homme. Puisque mon arrivée coïncida en quelque sorte avec son propre départ en exil. Il partit en août 1995 très loin d’ici. Pour les étudiants de cette époque, ce fut une frustration académique supplémentaire. En dépit de cet exil lointain, il laissa derrière lui des traces. Et toute trace aide à suivre un chemin. Ce sont ces traces, que je n’ai cessé avec bien d’autres de suivre, traces qui m’ont conduit jusqu’à son intimité intellectuelle.
Ce fut d’abord à la modeste bibliothèque estudiantine du Cercle Philo-psycho-socio-anthropo, située à la Cité universitaire. C’est la raison pour laquelle à mes yeux, il a toujours été considéré comme le « Maitre absent », à l’ombre des textes duquel, je n’ai cessé de me nourrir intellectuellement et spirituellement.
Et lorsque le 26 décembre 2008, c’est-à-dire récemment, il quittait ce monde à l’âge de 72 ans à la Culumbian Royal Hospital de Vancouver au Canada, s’éteignait en fait, la voix de celui qui, très vite et durant de très longues décennies (1971-2007), s’imposa comme le sociologue le plus lucide et le plus fécond de sa génération. Il fut unanimement salué par ses amis, disciples ou collègues à l’époque, comme : un « infatigable veilleur » (Mbembe, 2009) ; un « martyr de la résistance » (Kom, 2008) ; un « baobab de la sociologie africaine » (Nga Ndongo, 2009) ; une « conscience aiguë des luttes auxquelles le continent africain est en permanence confronté » (Motaze Akam, 2011) ; un « géant et baobab intellectuel africain » (Yao Assogba, 2017), laissant derrière lui une pensée sociologique dense, incandescente et unique. Cette pensée sociologique intègre une diversité imbriquée de champs : l’éducation et ses systèmes d’inégalités ; les trajectoires rurales et urbaines de l’Afrique contemporaine ; la crise de l’omniprésence de l’Etat confronté aux rationalités paysannes ; les formes populaires de critique du pouvoir, de l’argent et de l’ingérence ; les formes de créativité du « monde d’en bas » et la renaissance africaine ; les fondements sociaux de l’accumulation économique ; la dialectique fécondité migrations et enfin, la recherche pour le développement et enfin la dialectique du rapport entre science, pouvoir et société.
Venu à la sociologie et aux sciences sociales par le détour de la théologie et de son expérience pastorale auprès des gens de la brousse, Jean-Marc Ela a su articulé des problématiques transversales et enchevêtrées à travers lesquelles, l’on perçoit sa « passion » pour les « pauvres » : les paysans, les jeunes sans travail, les femmes déclassées, les laissez-pour compte de la vie souhaitable, bref ce qu’il appelait « le monde d’en bas », qui pour l’essentiel, exprime dans nos sociétés, aujourd’hui, des figures sociales de la vulnérabilité. Dans sa façon d’écrire, l’on perçoit avec une rare constance, le souci permanent de démasquer et de dénoncer toutes « les forces de la mort » qui ne cessent de contester aux individus, surtout les plus vulnérables, le droit à une vie humaine digne.
Partant du postulat sien, selon lequel ni Dieu, ni les Evangiles, ni la sociologie ne sont neutres, il n’hésitait pas alors à prendre position pour les plus faibles, de partout. Marqué par la pensée de Frantz Fanon et héritier d’une tradition théologique d’inspiration prophétique, son expérience pastorale parmi les paysans Kirdi de l’Extrême-Nord Cameroun (1971-1985) et la tragédie de la profanation sans limite de la vie humaine dont il fut témoin au début des années 1990, aggrava son inquiétude devant un phénomène advenu en Afrique depuis le départ des colons : le « meurtre du frère par le frère » sous ses multiples formes. C’est en partant d’une critique sans concession de cette tragédie africaine du fratricide postcolonial, que sa pensée sociologique va faire apparaitre l’analyse de la vulnérabilité comme la condition inévitable qui fonde l’identité critique de la sociologie, et des sciences sociales de manière générale, dans un contexte contemporain où les épistémologies dominantes, les théories et méthodologies instituées, semblent faire échos aux idéologies du jour et aux forces sociales, culturelles, politiques et économiques qui les portent.
L’hypothèse sur laquelle, nous travaillons ces derniers jours, est que la trajectoire et une grande part de l’héritage théorique de Jean-Marc Ela sont fondées sur une « sélection empirique », ainsi que sur une « construction sélective » des « objets sociaux vulnérables ». C’est à partir de ce postulat méthodologique « orientée » que le sociologue fonde nécessairement l’identité critique de la sociologie, notamment dans ces sociétés africaines marquées par les rudesses d’une adversité historique reproductible. Cette identité critique spécifique apparait indispensable aux yeux de Jean-Marc Ela pour « sauver » le discours sociologique de ses compromissions toujours possibles avec les instances qui monopolisent les ressources de la violence symbolique légitime.
Question sociale
Comme on peut l’entrevoir, toute la pensée sociologique de Jean-Marc Ela est structurée autour de la question sociale, dans une perspective africaine. Ce colloque n’est qu’une manière de prolonger « les funérailles intellectuelles », ainsi qu’un prétexte opportun pour discuter autour de la question sociale au Cameroun. La thématique qui a guidé le choix autour du thème de ce colloque s’est nourri à la source de certaines évidences sociales. Depuis quelques décennies au Cameroun et plus largement dans la plupart des pays d’Afrique, l’État est durablement contrarié dans sa double capacité instituante et distributive.
La « capacité instituante » touche pour l’essentiel à la fonction centrale qui permet en quelque sorte à l’État, non seulement de jouir du monopole de la production des normes légitimes, mais aussi le pouvoir de les faire appliquer. La « capacité distributive » quant à elle, renvoie à la primauté dont il jouit dans les mécanismes de répartition de la richesse collective. Pourtant, c’est en grande part autour de cette double capacité que se sont pour l’essentiel, édifiées les bases de légitimation sociale de l’État postcolonial chez nous.
Cet État, tel qu’on l’a vu se construire au lendemain de nos indépendances dans les années 1960 (avec ses plans quinquennaux), se prévalait et se nourrissait d’un certain idéal de solidarité nationale et sociale, successivement encadré par les idéologies s’inscrivant dans le sillage d’un libéralisme économique atténué..........(....)
Ce colloque nourrit l’ambition de relancer un nouveau cycle de dynamisation de la pratique sociologique et des sciences sociales de manière générale. Ces sciences ne serviraient à rien si elles renonçaient à la grande tradition critique qui les a nourris. C’est cette tradition critique qui ouvre la voie à la créativité. Cette dette, la génération à laquelle nous appartenons, se doit de la payer.