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ANALYSE

Centrafrique : Derrière le trépignement des forces étrangères


Alwihda Info | Par Rodrigue Joseph Prudence MAYTE - 7 Janvier 2014



Un véhicule de l'armée française en Centrafrique. Crédit photo : AFP
Un véhicule de l'armée française en Centrafrique. Crédit photo : AFP
Manifestement la Centrafrique s’étiole peu à peu. Le regain des tensions ces derniers temps a mis le pays dans une impasse excessive. Les tueries s’intensifient et le conflit se communautarise au fur et à mesure. Pendant qu’on dénote plusieurs corps putréfiés qui jonchent indéniablement les bordures de la route, le pays se vide progressivement…Bangui s’apparente même à une ville fantôme à tel enseigne que les Centrafricains se refugient à quelques encablures de leurs maisons pour raison de sécurité. Diantre ! Une ghettoïsation forcée par la recrudescence des combats. A vrai dire, le pays dans toute son entièreté « se ledgerise » ; tel est le nouveau mode opératoire dans le pays des enturbannés…L’aéroport, les églises, les mosquées et les sites onusiens sont devenus des pôles de « ledgerisation » de la population centrafricaine.

Quant à Amdroko, il se « bunkerise » au camp de Roux pendant que tout le gouvernement se « ledgerise » dans l’ancien immeuble de 500 chambres. En dépit des dispositions sécuritaires prises par les forces étrangères stationnées en Centrafrique, la Misca piétine et le Sangaris s’enlise. Curieusement, les autorités françaises refusent d’admettre le fait que ses troupes s’enlisent actuellement en Centrafrique. Même si le verbe « enliser » fait encore l’objet d’un débat houleux parmi les spécialistes de conflits en France de nos jours, il n’en demeure pas moins qu’avec l’accentuation de la crise, ces derniers reconsidéreront leurs positions. Une chose est sûre, la France doit non seulement redynamiser ses stratégies d’approches en Centrafrique mais elle doit également faire une relecture de ses relations avec le voisin géant aux pieds d’argile si jamais elle veut préserver son image.

Une positive attitude qui passe nécessairement par la rupture et un choix clairement affiché. Déjà, il n’y a plus de doute sur l’ambition démesurée de Deby envers la Centrafrique. Quasiment tous les Centrafricains savent que Deby cherche inéluctablement à faire une mainmise sur l’or, le diamant et le pétrole du pays. En plus, la déclaration tonitruante et incendiaire du sulfureux Sabone sur la partition du pays n’est pas abjecte. On connait la suite de l’épisode car ce strapontin sera reçu à l’issue de sa déclaration par le roi Deby XXIII. Puisque les spécialistes de conflits s’accordent à dire que Deby constitue une entrave dans la crise actuelle en Centrafrique, pourquoi la France ne sonne t’elle pas le glas de son impuissance vis-à-vis de lui? Serait’ elle capable de troquer son patient tricot de pompier à un rôle alambiqué juste pour affermir son amitié avec le Tchad ? Pourquoi la France caresse t’elle impunément les pyromanes de la crise centrafricaine dans le sens du poil ? A-t-elle peur d’être mise sur le banc des accusés ?

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE.
Fort de tout ce qui précède, le Président Hollande doit désormais trancher au regard de la procrastination du Ministre des Affaires Etrangères Fabius et la reculade de son homologue de la défense Drian. Par-dessus le marché, l’influence des prêtres, des évêques, des imans, des pasteurs s’amenuisent à une vitesse vertigineuse en Centrafrique. Bien que les confessions religieuses essaient de jouer la carte de la réconciliation mais ce cri peine à se faire entendre dans les différentes communautés. A fortiori, le tandem pasteur-ministre, évêque-médiateur, iman-conseiller à présidence a largement contribué à la dépravation des meours et à la désacralisation de l’image que la Centrafrique profonde dispose des autorités religieuses. A force de se taire, le silence risque de devenir une trahison…Martin Luther King savait le dire dans un langage trop policé.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste
[email protected]
France, Vitré



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