RFI : Comment expliquez-vous ces tueries entre chrétiens et musulmans depuis un mois à Bangui ?
Omar Kobine Layama : Nous vivons cette crise où les Centrafricains s’entretuent. On dit que c’est les musulmans et les chrétiens qui s’entretuent, mais ce n’est pas une crise religieuse, c’est politique. Les politiques veulent se cacher derrière ça et faire cet amalgame pour que la religion puisse vraiment endosser la responsabilité. Nous condamnons ces tueries, que cela soit fait par ceux qui se disent musulmans ou ceux aussi qui se réclament chrétiens. Le bon musulman tout comme le bon chrétien n’est pas un acteur de tuerie, c’est un acteur de paix.
Quand est-ce que la défiance est apparue entre les différentes communautés ?
Depuis le 10 décembre 2012 ; cela a pris naissance lorsque la Seleka a commencé à entreprendre sa descente sur Bangui. Le pouvoir en place commençait déjà à dire que les Seleka sont seulement des musulmans qui viennent instaurer la charia dans le pays, l’islamisation du pays pour transformer les écoles en madrasas et qu’il fallait que tous les Centrafricains s’élèvent pour leur barrer la route. C’était déjà un début et l’esprit est resté.
C’était la propagande du régime de François Bozizé ?
Oui, contre les musulmans. Et ensuite la Seleka aussi dans sa course pour le pouvoir, il y a eu des amalgames, il y a eu des éléments incontrôlés qui ont fait empirer la situation, qui ont transformé le visage de la rébellion avec des pillages de tout bord, des tueries. Ca a augmenté la haine de nos frères, les victimes, qui confondaient la Seleka, avec une structure musulmane. Or non, la Seleka est composée à la fois de chrétiens et de musulmans.
A l’arrivée des rebelles Seleka au pouvoir en mars 2013, beaucoup de chrétiens se sont alarmés de voir des églises attaquées et des fidèles rançonnés pendant la messe du dimanche matin. Est-ce que vous comprenez leur émotion ?
Oui, je comprends et de tout temps, j’ai condamné cela. Les églises sont des maisons de Dieu et n’appartiennent à personne. Ce sont des lieux sacrés. Il ne faut jamais s’en approcher, ni les profaner. Aujourd’hui, les mosquées connaissent le même sort.
→ A (RE)LIRE : Centrafrique: Bangui connaît toujours la violence
En tant que président de la Conférence islamique de Centrafrique, vous êtes un homme de dialogue entre les religions. Mais est-ce que c’est le cas de tous les autres imams de Bangui et de Centrafrique ?
Les imams de Bangui, même si certains ont des réactions des fois qui ne sont pas ce que nous voulons, écoutent notre appel. Nous pouvons faire vraiment un dialogue pour la paix avec la quasi-totalité des imams. Nous n’avons pas des imams tellement extrémistes en Centrafrique. S’il y en a, ils ne se sont pas encore présentés comme tels.
Le pasteur protestant Guerekoyamé-Gbangou dit que depuis quelques mois, de nouveaux imams venus du Tchad et du Soudan sont arrivés à Bangui et ne tiennent pas le même langage que vous ?
Je n’ai pas encore appris la présence de ces imams. S’il y en a, je devais les enregistrer et je devais les connaître. Dans nos mosquées, nous avons un Conseil des imams et il y a un Bureau des imams qui est là et qui travaille sous ma supervision. Donc, je n’ai pas enregistré la présence d’imams étrangers. Peut-être qu’il s’agit de prédicateurs. Ces jours-ci, toutes les administrations ne fonctionnent pas et s’il y a des nouveaux prédicateurs qui sont arrivés, c’est une information pour moi, je vais faire le découpage pour vous donner ma position.
Y a-t-il à Bangui des imams qui prônent la charia ?
Les imams qui prônent la charia, ce ne sont pas des imams qui ont le pouvoir de prononcer la charia. Ils n’ont pas l’autorité politique et spirituelle de la religion. Nous incarnons cette autorité et les imams sont convaincus que le pays est un pays laïc où la minorité musulmane ne pourrait jamais imposer la charia dans le pays. Même si les musulmans étaient majoritaires, ils n’ont pas aussi le pouvoir d’imposer la charia, même à la minorité des chrétiens non plus. Parce que l’islam, dieu nous dit dans le Coran, pas de contrainte en religion. Aucun musulman n’a le droit d’imposer l’islam à quelqu’un.
Etes-vous pour la force militaire française Sangaris ?
Je ne peux pas être contre, ça fait partie de mes vœux pour nous aider à rétablir la paix. Donc je soutiens totalement cette mission en Centrafrique. Je ne serai jamais aussi contre la mission Sangaris qui est une mission de paix, même s’il y a des petites erreurs sur le terrain.
Quelles sont ces petites erreurs sur le terrain ?
Quand on fait le désarmement et que les dispositions ne sont pas prises pour épargner les tas de vols, les tas de pillages, les tas de tueries, ça peut envenimer aussi la situation. Il faut vraiment que les gens puissent être en sécurité.
Vous croyez à une paix encore possible dans les mois qui viennent après les tueries qui viennent de se produire ?
L’optimisme n’est pas religieux. Il y aura la paix parce qu’il y a des frères africains, musulmans, la majorité ne sont pas pour ce qui se passe en ce moment, parce qu’au début c’était difficile, mais en ce moment, il y a des frères chrétiens qui viennent me voir pour poser leurs problèmes. Et je reçois tout le monde en tant que leader musulman. Ca veut dire que mon message est entendu et que tous les Centrafricains reconnaissent vraiment notre autorité religieuse.
Omar Kobine Layama : Nous vivons cette crise où les Centrafricains s’entretuent. On dit que c’est les musulmans et les chrétiens qui s’entretuent, mais ce n’est pas une crise religieuse, c’est politique. Les politiques veulent se cacher derrière ça et faire cet amalgame pour que la religion puisse vraiment endosser la responsabilité. Nous condamnons ces tueries, que cela soit fait par ceux qui se disent musulmans ou ceux aussi qui se réclament chrétiens. Le bon musulman tout comme le bon chrétien n’est pas un acteur de tuerie, c’est un acteur de paix.
Quand est-ce que la défiance est apparue entre les différentes communautés ?
Depuis le 10 décembre 2012 ; cela a pris naissance lorsque la Seleka a commencé à entreprendre sa descente sur Bangui. Le pouvoir en place commençait déjà à dire que les Seleka sont seulement des musulmans qui viennent instaurer la charia dans le pays, l’islamisation du pays pour transformer les écoles en madrasas et qu’il fallait que tous les Centrafricains s’élèvent pour leur barrer la route. C’était déjà un début et l’esprit est resté.
C’était la propagande du régime de François Bozizé ?
Oui, contre les musulmans. Et ensuite la Seleka aussi dans sa course pour le pouvoir, il y a eu des amalgames, il y a eu des éléments incontrôlés qui ont fait empirer la situation, qui ont transformé le visage de la rébellion avec des pillages de tout bord, des tueries. Ca a augmenté la haine de nos frères, les victimes, qui confondaient la Seleka, avec une structure musulmane. Or non, la Seleka est composée à la fois de chrétiens et de musulmans.
A l’arrivée des rebelles Seleka au pouvoir en mars 2013, beaucoup de chrétiens se sont alarmés de voir des églises attaquées et des fidèles rançonnés pendant la messe du dimanche matin. Est-ce que vous comprenez leur émotion ?
Oui, je comprends et de tout temps, j’ai condamné cela. Les églises sont des maisons de Dieu et n’appartiennent à personne. Ce sont des lieux sacrés. Il ne faut jamais s’en approcher, ni les profaner. Aujourd’hui, les mosquées connaissent le même sort.
→ A (RE)LIRE : Centrafrique: Bangui connaît toujours la violence
En tant que président de la Conférence islamique de Centrafrique, vous êtes un homme de dialogue entre les religions. Mais est-ce que c’est le cas de tous les autres imams de Bangui et de Centrafrique ?
Les imams de Bangui, même si certains ont des réactions des fois qui ne sont pas ce que nous voulons, écoutent notre appel. Nous pouvons faire vraiment un dialogue pour la paix avec la quasi-totalité des imams. Nous n’avons pas des imams tellement extrémistes en Centrafrique. S’il y en a, ils ne se sont pas encore présentés comme tels.
Le pasteur protestant Guerekoyamé-Gbangou dit que depuis quelques mois, de nouveaux imams venus du Tchad et du Soudan sont arrivés à Bangui et ne tiennent pas le même langage que vous ?
Je n’ai pas encore appris la présence de ces imams. S’il y en a, je devais les enregistrer et je devais les connaître. Dans nos mosquées, nous avons un Conseil des imams et il y a un Bureau des imams qui est là et qui travaille sous ma supervision. Donc, je n’ai pas enregistré la présence d’imams étrangers. Peut-être qu’il s’agit de prédicateurs. Ces jours-ci, toutes les administrations ne fonctionnent pas et s’il y a des nouveaux prédicateurs qui sont arrivés, c’est une information pour moi, je vais faire le découpage pour vous donner ma position.
Y a-t-il à Bangui des imams qui prônent la charia ?
Les imams qui prônent la charia, ce ne sont pas des imams qui ont le pouvoir de prononcer la charia. Ils n’ont pas l’autorité politique et spirituelle de la religion. Nous incarnons cette autorité et les imams sont convaincus que le pays est un pays laïc où la minorité musulmane ne pourrait jamais imposer la charia dans le pays. Même si les musulmans étaient majoritaires, ils n’ont pas aussi le pouvoir d’imposer la charia, même à la minorité des chrétiens non plus. Parce que l’islam, dieu nous dit dans le Coran, pas de contrainte en religion. Aucun musulman n’a le droit d’imposer l’islam à quelqu’un.
Etes-vous pour la force militaire française Sangaris ?
Je ne peux pas être contre, ça fait partie de mes vœux pour nous aider à rétablir la paix. Donc je soutiens totalement cette mission en Centrafrique. Je ne serai jamais aussi contre la mission Sangaris qui est une mission de paix, même s’il y a des petites erreurs sur le terrain.
Quelles sont ces petites erreurs sur le terrain ?
Quand on fait le désarmement et que les dispositions ne sont pas prises pour épargner les tas de vols, les tas de pillages, les tas de tueries, ça peut envenimer aussi la situation. Il faut vraiment que les gens puissent être en sécurité.
Vous croyez à une paix encore possible dans les mois qui viennent après les tueries qui viennent de se produire ?
L’optimisme n’est pas religieux. Il y aura la paix parce qu’il y a des frères africains, musulmans, la majorité ne sont pas pour ce qui se passe en ce moment, parce qu’au début c’était difficile, mais en ce moment, il y a des frères chrétiens qui viennent me voir pour poser leurs problèmes. Et je reçois tout le monde en tant que leader musulman. Ca veut dire que mon message est entendu et que tous les Centrafricains reconnaissent vraiment notre autorité religieuse.