Les Centrafricains se sont rendus aux urnes sous la mitraille. Attaqués conjointement par les groupes armés, le coronavirus et une insécurité généralisée. Ils avaient toutes les raisons du monde de boycotter ces élections présidentielle et législatives. Ils ont pris leur courage à deux mains et dans les villes où régnait un calme relatif, sont allés en masse accomplir leur devoir civique. Bravo, peuple courageux ! Bravo, peuple résilient ! Bravo, peuple résistant ! Tu sais que la démocratie dans ton pays n’en est qu’à ses balbutiements : si tu ne la consolides pas par des actes courageux, elle tombera sous les coups de boutoir des forces antagonistes qui la combattent ouvertement. La conquête de la démocratie est tout aussi difficile que sa conservation. Aux États-Unis, une soi-disant grande démocratie, on a vu qu’un homme imbu de lui-même pouvait faire tanguer ce système. En Centrafrique, on observe que sa conquête relève d’une gageure. La démocratie est un champ qui coûte cher, mais que l’on doit entretenir tous les jours, parce qu’il pousse au milieu du chiendent.
Supposons que la Centrafrique demain devienne un pays démocratique, où tout le monde vote dans la transparence, comment avec son niveau de paupérisation actuel, parviendra-t-elle à entretenir sa démocratie ? Car la démocratie, ça s’entretient ; la démocratie, ça s’enseigne ; la démocratie, ça s’apprend ; la démocratie, ça se finance. Or chacun sait que les élections en Centrafrique sont jusqu’ici financées par l’Union européenne et la France. Chacun sait que la plupart des écoles construites sous l’ère Bokassa sont aujourd’hui en ruine ou squattées par les groupes armés. Que l’unique université du pays était dimensionnée pour trois-cents étudiants : elle en reçoit aujourd’hui trente-mille. Et je ne parle pas des populations qui croupissent dans une pauvreté endémique. Une démocratie véritable peut-elle s’ériger dans un milieu aussi précaire, aussi défavorisé que le milieu centrafricain actuel ?
Cette question repose implicitement le problème de l’ordre des priorités. Qu’est-ce qui est prioritaire en Centrafrique ? La paix ou l’élection présidentielle ? La sécurité des citoyens ou les élections législatives ?
Je rappelle que sous la transition de Samba-Panza, tous les acteurs de la crise centrafricaine avaient fait de l’élection présidentielle une priorité. Un nouveau président a été élu dans un calme apparent. Peu après, les groupes armés se déchaînaient comme jamais.
Sous l’égide de l’ONU, qui aurait dû assainir le terrain de la protodémocratie centrafricaine, un accord de paix improbable a été signé à Khartoum, entre les rebelles triomphateurs qui occupent 80 % du territoire, et le président Touadéra. Cet accord, dans l’esprit des dirigeants centrafricains, devait leur garantir le bon déroulement de l’élection présidentielle. Il a immédiatement été violé par ceux qui l’ont signé en position de force, les forces démocraticides qui viennent, en pleine élection présidentielle, de lui donner le coup de grâce en le dénonçant.
Anatole GBANDI
Supposons que la Centrafrique demain devienne un pays démocratique, où tout le monde vote dans la transparence, comment avec son niveau de paupérisation actuel, parviendra-t-elle à entretenir sa démocratie ? Car la démocratie, ça s’entretient ; la démocratie, ça s’enseigne ; la démocratie, ça s’apprend ; la démocratie, ça se finance. Or chacun sait que les élections en Centrafrique sont jusqu’ici financées par l’Union européenne et la France. Chacun sait que la plupart des écoles construites sous l’ère Bokassa sont aujourd’hui en ruine ou squattées par les groupes armés. Que l’unique université du pays était dimensionnée pour trois-cents étudiants : elle en reçoit aujourd’hui trente-mille. Et je ne parle pas des populations qui croupissent dans une pauvreté endémique. Une démocratie véritable peut-elle s’ériger dans un milieu aussi précaire, aussi défavorisé que le milieu centrafricain actuel ?
Cette question repose implicitement le problème de l’ordre des priorités. Qu’est-ce qui est prioritaire en Centrafrique ? La paix ou l’élection présidentielle ? La sécurité des citoyens ou les élections législatives ?
Je rappelle que sous la transition de Samba-Panza, tous les acteurs de la crise centrafricaine avaient fait de l’élection présidentielle une priorité. Un nouveau président a été élu dans un calme apparent. Peu après, les groupes armés se déchaînaient comme jamais.
Sous l’égide de l’ONU, qui aurait dû assainir le terrain de la protodémocratie centrafricaine, un accord de paix improbable a été signé à Khartoum, entre les rebelles triomphateurs qui occupent 80 % du territoire, et le président Touadéra. Cet accord, dans l’esprit des dirigeants centrafricains, devait leur garantir le bon déroulement de l’élection présidentielle. Il a immédiatement été violé par ceux qui l’ont signé en position de force, les forces démocraticides qui viennent, en pleine élection présidentielle, de lui donner le coup de grâce en le dénonçant.
Anatole GBANDI