Cyclone-La Réunion : L'unique tchadien de l’Île, indemne, témoigne

Depuis plus d'une semaine avant son arrivé sur les côtes de la Réunion, les médias ont commencé à parler de ce cyclone appelé BEJISA, par rapport aux prévisions de météo France. C’est ainsi que la préfecture a déclenché l’alerte orange à 15h le mercredi 01 janvier 2014, puis, le jeudi 02 janvier 2014 à 7h (heure locale), le préfet de la Réunion a donné un préavis d'ALERTE ROUGE à 10h (à partir de cette heure, interdiction de sorti sous peine d'amende).

Mahamat Bachar Tyara est l'unique tchadien présent sur l'Île de la Réunion, un département français, situé à plus de 5730 kilomètres et plus de 15 heures de vol de N'Djamena, proche de Madagascar.

Il a fait ses études à Sarh, au sud du pays, de la maternelle jusqu'à la terminale -au lycée Charles Lwanga- où il obtient son baccalauréat, série scientifique, fin 2010. Il s'envole pour l'Algérie dans le cadre de la coopération tchado-algérienne. En avril 2013, il obtient un brevet de Technicien supérieur en Industrie Agroalimentaire, option Contrôle de Qualité, formation Intoxication Alimentaire, ISO 9001, Management Environnementale.
En mai 2013, il est accepté à l'université de la Réunion (IUT de Saint-Pierre), pour une formation en Qualité Hygiène, Sécurité, Environnement, filière Agro-alimentaire et Biologique (QHSE FAAB), une formation dans laquelle il est le premier étranger à être accepté jusqu'à présent !

En août 2013, il arrive à l'Île de la Réunion -qui est un département français- via Douala. Il est le seul tchadien présent sur l'Île confirme la préfecture. Il commence la formation à la mi-septembre en contrat d'apprentissage d'une durée de 12 mois, au poste d'assistant qualité avec le conseil régional (la plus grande entreprise locale avec plus de 2000 employés). A cause de plusieurs difficultés administratives, il prend service le 1er décembre 2013.

C’est alors qu’a partir de 7h (heure locale), les grandes surfaces des centres commerciaux ont été prises d'assaut par la population (ceux qui n’ont pas suivi les consignes de l’alerte orange) afin de faire un stock (eau, bougies, des boites de conserves...) puisqu'il y’aura des coupures d’électricité et d’eau.

La journée du 02 janvier a été une journée mémorable pour beaucoup des réunionnais car les dégâts étaient largement au delà de ce qu'on s'attendait au début. L’alerte rouge a été levée le vendredi 03 à 9h mais il y a toujours des consignes (sortir seulement qu’en cas de nécessité, les vitesses sur toute l’île limitée à 50 km/h…).

C’est une vraie catastrophe naturelle, je ne jamais vu des vents et pluies aussi forts, heureusement que la Réunion est bien préparée en conséquence pour faire face à la nature et aussi le respect des consignes par les réunionnais qui a permis de limiter les dégâts.

Pour ma part, j’ai eu aucun dégâts de mon côté, j’étais resté chez moi durant ces 24h, tout en suivant minute par minute les infos, tel que les consignes l'indiquaient. 

Chez moi, il n'y a pas eu non plus de coupure de courant ni d’eau, sauf que l’eau n’était pas potable. J’avais aussi fait le stock nécessaire bien avant. Par contre la cour de la cité tout comme la ville de Saint Denis est jonchée de saletés...à tel point qu’il est même difficile de trouver une chaussée intacte.

Mais par contre sur la plus grande partie de l’île c’était un désastre. Plusieurs familles étaient coupées du monde, sans électricité (131 000 foyers sont toujours privés d’alimentation électrique), sans eau (167 000 abonnés n’ont plus accès au réseau d’eau potable, soit près de la moitié des foyers réunionnais (49%), et des routes sont barrés partout par les branches d’arbres. Impossible de se déplacer.

Dans les ports, les dégâts engendrés par le cyclone sont impressionnants. Plus d’une vingtaine de bateaux ont coulés, l’eau est boueuse et chargée de débris dans la plus part des ports de l’île. Concernant le trafic aérien, l’aéroport Roland Garros a réouvert vendredi matin. A la dernière nouvelle on fait état de un mort et une dizaine de blessés, aussi une centaine de personnes sinistrées (accueilli dans les centres d’hébergements)…