Dans un communiqué (ci-dessous) diffusé ce 3 novembre 2015 sur son compte Facebook, Maître Zakaria Abdillahi, avocat de la défense, ancien magistrat à la Cour d'appel de Djibouti, député de l'opposition USN, défenseur des Droit de l'Homme et président de la ligue Djiboutienne des Droits de l'Homme (LDDH) dénonce le non-accès à plusieurs de ses clients (plusieurs dizaines de jeunes), détenus illégalement par la police de Balbala. Ces arrestations ont eu lieu le 01-02-03 novembre 2015, lors de la journée de la jeunesse africaine qui fut instrumentalisée par le régime à des fins électoralistes en une marche "pré-payée" de la "honte", grâce essentiellement aux concours d'agents publics de l’État (fonctionnaires, policiers et militaires en civil) utilisant les biens et moyens de l'État (exemple : l'hélicoptère de l'Armée de l'Air djiboutienne qui défila au couleur de "Oui IOG 2016") afin de soutenir le 4ème mandat d'Ismaël Omar Guelleh (IOG). Ce, en violation des dispositions de la Loi Électorale du pays et du devoir général d’impartialité de l’administration publique. A 6 mois du scrutin Présidentiel d'avril 2016, en réponse à une campagne prématurée qui bat son plein, mais uniquement pour les sympathisants du RPP (parti au pouvoir), les jeunes militants de l'opposition djiboutienne se sont mobilisés, à juste titre, l'après-midi même et ont organisé un meeting au siège du Parti MRD de Cheiik Moussa (à Balbala) pour dire "Non4Mandat". C'est alors que les forces de l’ordre ont sauvagement saccagé les lieux, plus d'une vingtaine de militants du Mouvement des Jeunes de l'Opposition (MJO) furent arrêtés, pour certains chez eux, cela en dehors de toute justification légale. Frappés à coups de crosse à la tête, sur les jambes et aux reins, lors de ces arrestations, ils seront par la suite torturés dans les locaux de la police, sous les ordres du Lieutenant-colonel Elmi Jess.
Voici le communiqué de Me ZAKARIA :
"A la demande des jeunes militants de l’opposition et des défenseurs des humains, je me suis rendu ce matin vers 12 H 30 aux commissariats de police du 4e et 5e arrondissement et de Hodan pour pouvoir les assister.
Mais l'accès m'a été interdit et il m'a été dit que je n'avais pas le droit d'assister les jeunes en garde à vue. C'est tout simplement une grave violation de la constitution de Djibouti. En effet, aux termes de l'article 10 de la Constitution : La personne humaine est sacrée. L'État a l'obligation de la respecter et de la protéger. Tous les êtres humains sont égaux devant la loi. Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l'intégrité de sa personne. Nul ne peut être poursuivi, arrêté, inculpé ou condamné qu'en vertu d'une loi promulguée antérieurement aux faits qui lui sont reprochés. Tout prévenu est présumé innocent jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie par la juridiction compétente. Le droit à la défense, y compris celui de se faire assister par l'avocat de son choix, est garanti à tous les stades de la procédure. Toute personne faisant l'objet d'une mesure privative de liberté a le droit de se faire examiner par un médecin de son choix. Nul ne peut être détenu dans un établissement pénitentiaire que sur mandat délivré par un magistrat de l'ordre judiciaire". Il est clair que, ces arrestations s’inscrivent dans le cadre d’une répression contre la liberté d’expression avant l'élection présidentielle qui doit avoir lieu dans le pays en avril 2016. Cette affaire présente les caractéristiques de poursuites à motivations politiques destinées à inspirer la peur chez les militants de l'opposition qui craignent une répétition des évènements de 2013 (fraudes aux législatives du 22 février). Après l'accord-cadre, mort né, signé le 30 décembre 2014 entre l'opposition USN et le régime djiboutienne, la question qui taraude tous les analystes est la suivante : en plus du conflit armé, actuellement en cours dans le nord du pays, jusqu'à quand l'opposition USN pourra-t-elle contenir l'insurrection populaire, en fin de gestation et aux conséquences imprévisibles ?
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