Dans un entretien à Mediapart, Mohamed
Alhoumekani, l’homme qui avait révélé en 2000 la
possible implication de l’actuel président de Djibouti
dans le meurtre du magistrat français, révèle les
pressions dont il a fait l’objet au Yémen, où il a
été détenu durant 47 jours. Les autorités yéménites
et djiboutiennes lui ont demandé de se rétracter en
échange de sa libération. Une somme de cinq millions
de dollars lui aurait été proposée, ainsi qu’à Élisabeth
Borrel, la veuve du magistrat.
Le témoin clé dans l’affaire de l’assassinat en
octobre 1995 du juge Bernard Borrel, Mohamed
Alhoumekani, a été victime cet été d’une prise d’otage
peu ordinaire. Interpellé, détenu, puis retenu au
Yémen, sans raison légale, l’ancien militaire a vu des
ministres, des intermédiaires, et le président djiboutien
Ismail Omar Guelleh lui-même – par téléphone –
se relayer pour qu’il modifie, sous la contrainte, le
témoignage qu’il a livré aux juges français en février
2000.
Ancien membre de la garde présidentielle
djiboutienne, il avait surpris en 1995 le chef de cabinet
d’alors, un certain Ismail Omar Guelleh, s’enquérir,
dans le palais présidentiel vidé de ses occupants, de
la disparition d’un juge qualifié de trop « fouineur » :
Bernard Borrel, dont le corps avait été jeté dans la nuit
au fond d’un ravin.
Le 25 novembre dernier, Mohamed Alhoumekani s’est
finalement enfui, sans avoir fléchi. Mais il a d’ores et
déjà déposé plainte pour “séquestration” à Bruxelles
où il réside. Dans un entretien à Mediapart, il révèle
les pressions dont il a fait l’objet, et l’offre qu’il
aurait reçue du versement d’une somme de 5 millions
de dollars s’il venait à signer un document annulant
son témoignage. Il assure que ses geôliers lui ont
proposé de faire venir la veuve du magistrat, Élisabeth
Borrel, pour lui faire la même proposition financière.
Offre des plus saugrenue, s’agissant d’une femme qui
se bat depuis presque vingt ans pour identifier les
responsables du meurtre de son mari.
Après le dessaisissement, en juin 2000, des juges
Marie-Paule Moracchini et Roger Le Loire, qui
cherchaient à imposer la thèse d’un suicide de Borrel,
les expertises médico-légales ont prouvé la réalité
du crime. Depuis 2005, l’année du tournant de
l’instruction, la justice française n’a pas réussi à poser
les questions qui fâchent aux autorités djiboutiennes.
Le président Ismail Omar Guelleh qui s’est rendu,
tous les deux ans, avec régularité en France, a évité
par deux fois les convocations comme témoin de la
juge Sophie Clément. On l’a vu encore à Paris, le 6
décembre dernier, accueilli par François Hollande, au
sommet de l’Élysée pour la sécurité en Afrique. Ismail
Omar Guelleh avait été reçu, en décembre 2011, par
Nicolas Sarkozy, un an et demi après avoir accueilli
lui-même le président français à Djibouti.
Lire l'intégralité du document en PDF en cliquant sur le lien...
Alhoumekani, l’homme qui avait révélé en 2000 la
possible implication de l’actuel président de Djibouti
dans le meurtre du magistrat français, révèle les
pressions dont il a fait l’objet au Yémen, où il a
été détenu durant 47 jours. Les autorités yéménites
et djiboutiennes lui ont demandé de se rétracter en
échange de sa libération. Une somme de cinq millions
de dollars lui aurait été proposée, ainsi qu’à Élisabeth
Borrel, la veuve du magistrat.
Le témoin clé dans l’affaire de l’assassinat en
octobre 1995 du juge Bernard Borrel, Mohamed
Alhoumekani, a été victime cet été d’une prise d’otage
peu ordinaire. Interpellé, détenu, puis retenu au
Yémen, sans raison légale, l’ancien militaire a vu des
ministres, des intermédiaires, et le président djiboutien
Ismail Omar Guelleh lui-même – par téléphone –
se relayer pour qu’il modifie, sous la contrainte, le
témoignage qu’il a livré aux juges français en février
2000.
Ancien membre de la garde présidentielle
djiboutienne, il avait surpris en 1995 le chef de cabinet
d’alors, un certain Ismail Omar Guelleh, s’enquérir,
dans le palais présidentiel vidé de ses occupants, de
la disparition d’un juge qualifié de trop « fouineur » :
Bernard Borrel, dont le corps avait été jeté dans la nuit
au fond d’un ravin.
Le 25 novembre dernier, Mohamed Alhoumekani s’est
finalement enfui, sans avoir fléchi. Mais il a d’ores et
déjà déposé plainte pour “séquestration” à Bruxelles
où il réside. Dans un entretien à Mediapart, il révèle
les pressions dont il a fait l’objet, et l’offre qu’il
aurait reçue du versement d’une somme de 5 millions
de dollars s’il venait à signer un document annulant
son témoignage. Il assure que ses geôliers lui ont
proposé de faire venir la veuve du magistrat, Élisabeth
Borrel, pour lui faire la même proposition financière.
Offre des plus saugrenue, s’agissant d’une femme qui
se bat depuis presque vingt ans pour identifier les
responsables du meurtre de son mari.
Après le dessaisissement, en juin 2000, des juges
Marie-Paule Moracchini et Roger Le Loire, qui
cherchaient à imposer la thèse d’un suicide de Borrel,
les expertises médico-légales ont prouvé la réalité
du crime. Depuis 2005, l’année du tournant de
l’instruction, la justice française n’a pas réussi à poser
les questions qui fâchent aux autorités djiboutiennes.
Le président Ismail Omar Guelleh qui s’est rendu,
tous les deux ans, avec régularité en France, a évité
par deux fois les convocations comme témoin de la
juge Sophie Clément. On l’a vu encore à Paris, le 6
décembre dernier, accueilli par François Hollande, au
sommet de l’Élysée pour la sécurité en Afrique. Ismail
Omar Guelleh avait été reçu, en décembre 2011, par
Nicolas Sarkozy, un an et demi après avoir accueilli
lui-même le président français à Djibouti.
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