« Avec un excès de mesures répressives, on finit par toujours tomber du côté où il ne faut pas tomber : celui qui fait tomber les républiques » François Mitterrand, discours du 18 août 1981.
Ce jour de 1er mai, qui devait être un jour de réflexion porté sur la recherche de l’amélioration des conditions de travail, n’est devenu, surtout pour se donner une contenance, qu’une journée de bombance où l’on ne fait que danser, chanter et dont des sommes considérables partent comme les volutes de fumée.
Un syndicaliste porte la parole des syndiqués. C’est avant tout un braillard. Par ses cris, il défend une cause. C’est aussi un combattant. Par ses invectives, il défend des personnes vulnérables. Il a le verbe haut et la menace à la bouche pour faire entendre les revendications des travailleurs. Le syndicat est, par essence, le terrier vers lequel tout travailleur doit se précipiter et s’échapper pour se protéger et trouver refuge dans un vaste mouvement d’unité et de solidarité. Parce que chaque employé est avant tout une proie.
Ailleurs, le syndicaliste gronde, tempête, propose et conquiert du terrain face à leurs gouvernements. Ici, c’en est tout le contraire : il félicite son supérieur hiérarchique, chuchote à l’oreille de son chef, et fait perdre du terrain aux travailleurs qu’il est sensé défendre. C’est un véritable satellite instrumentalisé. En quelque sorte un homme lige du pouvoir.
Ailleurs, il en est le moteur parce qu’il discute des sujets les plus brûlants de manière enflammée, parfois fiévreuse, mais surtout respectueuse. Ici, il en devient le frein, parce qu’il peine à être une force de propositions en affichant une plasticité d’intelligence et une mollesse d’esprit affligeantes. Avec un certain culot, il approuve et soutient les motions contre les travailleurs telle une grenouille s’ébrouant hors de son bénitier sans se soucier du bien-être de sa descendance.
Ailleurs, il ne manque ni d’ardeur ni de vigueur pour mobiliser et requinquer ses troupes. Ici, il fait tout pour désamorcer toute potentielle mobilisation et ne cherche qu’à les diviser.
Ces pseudo-syndicats ont préféré la vérité à la veulerie, le combat pour leurs collègues à la compromission. En réalité, les rôles de ces véritables cancaniers, dérisoires et misérables, ne se résument qu’à deux choses : contenir et colporter. Chacune de leur apparition est teintée du sceau de la médiocrité. Les très rares discussions avec le pouvoir, lorsqu’elles se présentent, il n’y a qu’à les voir, sont menées à fleurets mouchetés, et leurs propos, il n’y a qu’à les écouter, ne sont que des calembredaines. Des syndicats se réclamant indépendants et estampillés de la « société civile » mais réellement crypto-étatique. Un vrai monument d’illusion, ce syndicalisme Djiboutien.
La culture du syndicalisme a été sauvagement combattue depuis l’indépendance, et cette répression et compression, quasi-systématiques et permanentes, sont telles qu’elles ont plongé, à quelque degré que ce soit, le syndicat Djiboutien dans un abîme de stupeur et de honte indescriptible. Une telle situation, effilochant les fondements moraux et intellectuels, fournit autant de raisons de fuir la participation à la vie syndicale, pour tous ceux aspirant, parfois depuis fort longtemps, au triomphe d’un syndicalisme djiboutien audacieux.
C’est d’ailleurs pourquoi, plus personne n’accorde aucune confiance au syndicalisme et ne cherche plus à se syndiquer. Et dire que beaucoup en auraient rêvé pour ne pas être corvéables à merci pour la gloire de leur chef. Tel étant le cas, face à cette indécente défausse du syndicalisme, l’on observe chez les travailleurs Djiboutiens, depuis 1999, l’émergence de subjectivités au centre desquelles se trouvent une sorte d’acceptation passive que l’on pourrait expliquer par un renoncement, d’ailleurs non feint, et une certaine obséquiosité pérenne à toute épreuve.
Mais jusqu’à quand ?
Kadar Abdi Ibrahim
Un syndicaliste porte la parole des syndiqués. C’est avant tout un braillard. Par ses cris, il défend une cause. C’est aussi un combattant. Par ses invectives, il défend des personnes vulnérables. Il a le verbe haut et la menace à la bouche pour faire entendre les revendications des travailleurs. Le syndicat est, par essence, le terrier vers lequel tout travailleur doit se précipiter et s’échapper pour se protéger et trouver refuge dans un vaste mouvement d’unité et de solidarité. Parce que chaque employé est avant tout une proie.
Ailleurs, le syndicaliste gronde, tempête, propose et conquiert du terrain face à leurs gouvernements. Ici, c’en est tout le contraire : il félicite son supérieur hiérarchique, chuchote à l’oreille de son chef, et fait perdre du terrain aux travailleurs qu’il est sensé défendre. C’est un véritable satellite instrumentalisé. En quelque sorte un homme lige du pouvoir.
Ailleurs, il en est le moteur parce qu’il discute des sujets les plus brûlants de manière enflammée, parfois fiévreuse, mais surtout respectueuse. Ici, il en devient le frein, parce qu’il peine à être une force de propositions en affichant une plasticité d’intelligence et une mollesse d’esprit affligeantes. Avec un certain culot, il approuve et soutient les motions contre les travailleurs telle une grenouille s’ébrouant hors de son bénitier sans se soucier du bien-être de sa descendance.
Ailleurs, il ne manque ni d’ardeur ni de vigueur pour mobiliser et requinquer ses troupes. Ici, il fait tout pour désamorcer toute potentielle mobilisation et ne cherche qu’à les diviser.
Ces pseudo-syndicats ont préféré la vérité à la veulerie, le combat pour leurs collègues à la compromission. En réalité, les rôles de ces véritables cancaniers, dérisoires et misérables, ne se résument qu’à deux choses : contenir et colporter. Chacune de leur apparition est teintée du sceau de la médiocrité. Les très rares discussions avec le pouvoir, lorsqu’elles se présentent, il n’y a qu’à les voir, sont menées à fleurets mouchetés, et leurs propos, il n’y a qu’à les écouter, ne sont que des calembredaines. Des syndicats se réclamant indépendants et estampillés de la « société civile » mais réellement crypto-étatique. Un vrai monument d’illusion, ce syndicalisme Djiboutien.
La culture du syndicalisme a été sauvagement combattue depuis l’indépendance, et cette répression et compression, quasi-systématiques et permanentes, sont telles qu’elles ont plongé, à quelque degré que ce soit, le syndicat Djiboutien dans un abîme de stupeur et de honte indescriptible. Une telle situation, effilochant les fondements moraux et intellectuels, fournit autant de raisons de fuir la participation à la vie syndicale, pour tous ceux aspirant, parfois depuis fort longtemps, au triomphe d’un syndicalisme djiboutien audacieux.
C’est d’ailleurs pourquoi, plus personne n’accorde aucune confiance au syndicalisme et ne cherche plus à se syndiquer. Et dire que beaucoup en auraient rêvé pour ne pas être corvéables à merci pour la gloire de leur chef. Tel étant le cas, face à cette indécente défausse du syndicalisme, l’on observe chez les travailleurs Djiboutiens, depuis 1999, l’émergence de subjectivités au centre desquelles se trouvent une sorte d’acceptation passive que l’on pourrait expliquer par un renoncement, d’ailleurs non feint, et une certaine obséquiosité pérenne à toute épreuve.
Mais jusqu’à quand ?
Kadar Abdi Ibrahim