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E.I ou la guérilla sous stéroïdes- L'Occident est suffisamment bien équipée pour faire face à l'EI ?


Alwihda Info | Par Planète Terre - 21 Juin 2015


Les forces armées des pays occidentaux — le Canada, notamment — s’investissent dans la contre-insurrection et le contre-terrorisme. Mais sont-elles, sur les plans conceptuel et opérationnel, suffisamment bien équipées pour faire face à un groupe tel EI ?


E.I ou la guérilla sous stéroïdes- L'Occident est suffisamment bien équipée pour faire face à l'EI ?
Je pense que la structure de forces du Canada n’est pas la moins adaptée des pays occidentaux et qu’il y a une vraie prise de conscience de la configuration stratégique du temps. Mais la techno-guérilla est aussi très évolutive, elle s’adapte constamment et contourne la supériorité technologique sur laquelle les États occidentaux se sont peut-être trop reposés.

Il y a une vraie « conscience stratégique » dans les groupes comme EI, là où nous sommes souvent trop obnubilés par la tactique. La tactique est importante, mais elle ne gagne pas à elle seule les guerres. On peut ajouter qu’un ennemi hybride impose pour la contrer de la masse, soit un grand nombre d’hommes que notre modèle de « nouvelles armées d’ancien régime » n’autorise plus. Nous avons, de fait, des petites armées, très technologiques et très professionnelles, utilisées par l’exécutif avec un appoint de sociétés militaires privées. D’une certaine manière — les historiens m’en voudront peut-être de la comparaison —, nous sommes face aux armées de la « guerre en dentelles » du XVIIIe siècle européen qui combattraient Gengis Khan.

EI continue à avancer. Les limites à l’intervention des forces occidentales ne sont-elles pas aussi politiques ?

Ce qui est militaire est par définition politique — c’est peut-être même ce qu’il y a de plus politique. Mais c’est effectivement à ce niveau que deux problèmes se posent. D’une part, pour gagner contre EI, il faut des troupes au sol — l’aviation ne suffit pas — et une large coalition. Or, déployer de l’infanterie reviendrait à donner corps à la vision, promue par EI, de l’occidental comme d’un croisé qui conquiert la terre d’islam. Ce serait délicat, en particulier alors que la perception n’est pas celle d’une menace directe sur nos intérêts vitaux. Il faut donc que les armées de la région interviennent, ce qui pose la question de nos relations avec elles.

D’autre part, nos limitations sont aussi matérielles et sont donc le résultat d’un choix politique, dès lors que très peu de pays de l’OTAN respectent la fameuse règle des 2 % du PIB à la défense. Certes, l’argent n’achète pas l’adaptation, mais y contribue et, quand bien même nous interviendrions, nous ne serions pas capables d’aligner la masse nécessaire pour l’emporter d’abord et conduire ensuite les opérations de stabilisation.

Jean-Frédéric Légaré-Tremblay Le Devoir

jflegaretremblay@ledevoir.com | Sur Twitter: @JeanFrederic_LT



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