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Etats-Unis: une princesse saoudienne arrêtée pour esclavagisme moderne


Alwihda Info | Par - 13 Juillet 2013


Ces conditions de travail deviennent son quotidien jusqu'à mardi 9 juillet, lorsqu'elle parvient à s'échapper et se fait aider par une dame dans un bus. Selon son avocat, Steve Baric, « elle a vu une occasion de recouvrer sa liberté et elle a su la saisir ».


Par Mélissa Barra     RFI Meshael Alayban, 42 ans et membre de la famille royale saoudienne, est accusée depuis mercredi 10 juillet de séquestration et de traite d'êtres humains, pour avoir forcé une Kényane à travailler dans des conditions d'exploitation et lui avoir retiré son passeport. Les autorités enquêtent sur quatre autres victimes possibles.
 
À première vue, le scénario est classique. Une jeune migrante à faibles ressources se voit proposer un travail très loin de chez elle. Un contrat idéal avec un salaire idéal, en apparence. À son arrivée, l'employeur lui enlève son passeport et commence le cauchemar : horaires et cadences de travail abusifs, conditions de vie indignes et rémunération minable font le quotidien de l'employée domestique devenue esclave.
Mais, dans ce cas de travail forcé, le scénario se déroule en Californie et l'employeur n'est autre que la princesse Meshael Alayban, l'une des six épouses d'un petit fils du roi Abdallah d'Arabie Saoudite. Arrêtée par les autorités américaines mercredi 10 juillet, elle a été inculpée de traite d'êtres humains, une forme d'esclavagisme moderne, pour avoir sequestré et forcé à travailler une Kényniane, mère de famille, dans des conditions abusives.  
Tout a commencé il y a un an, lorsque la victime accepte de travailler dans la palais de la princesse, qui lui promet un salaire alléchant de 1 600 dollars par mois et deux jours de repos hebdomadaire. Elle lui aurait ensuite dérobé son passeport, l'empêchant ainsi de sortir du royaume saoudien. Deux mois plus tard, Meshael Alayban et sa famille s'installent à Irvine, dans le comté d'Orange, au sud-est de Los Angeles, avec l'employée de maison, à qui elle rend temporairement son passeport afin d'effectuer les démarches d'obtention du visa. 
Quatres autres domestiques découvertes sans passeport
Une fois ses papiers en règle, son passeport lui est à nouveau saisi. L'employée kényane de 30 ans est alors « obligée de travailler pour au moins huit personnes dans quatre appartements de la résidence » pendant seize heures par jour, sept jours sur sept, et ne touche que 220 dollars par mois. Ces conditions de travail deviennent son quotidien jusqu'à mardi 9 juillet, lorsqu'elle parvient à s'échapper et se fait aider par une dame dans un bus. Selon son avocat, Steve Baric, « elle a vu une occasion de recouvrer sa liberté et elle a su la saisir ».
Ce n'est pas le cas de quatre autres employées philippines, découvertes dans l'appartement lors de l'arrestation. Une enquête devra déterminer si elle ont été également victimes d'esclavagisme. Leurs papiers d'identité se trouveraient dans le coffre-fort d'une banque.
Une caution de 5 millions de dollars, payée le lendemain même
Quant à la princesse, qui risque 12 ans de réclusion, elle a payé une caution de 5 millions de dollars pour sortir de prison le lendemain de son arrestation. El devra porter en permanence un système de géolocalisation et rester dans les limites du comté, en attendant sa comparution. Paul Meyer, son avocat, a voulu insisté sur un « différend contractuel » qui aurait mené sa cliente devant la justice. Argument auquel le procureur Tony Rackauckas a rétorqué : « Il ne s’agit pas d’un différend autour d’un contrat. Il s’agit de retenir quelqu’un en captivité contre son gré ».
L'Organisation Internationale du Travail (OIT) estime que chaque année près de 21 millions de personnes sont victimes du travail forcé, soit 3 personnes sur 1000, tandis que 90% sont exploitées par des particuliers ou des entreprises privées.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)