Le social a un coût, les gouvernements africains négligent laspect habitationnel. Lindustrie du bâtiment est lune de filière où nos pays ont la chance de consolider notre indépendance et den faire un gisement demploi en faveur de notre jeunesse. Laspect social de tout projet de développement est une garantie de réussite : disposer dun logement décent, organiser les villes pour y vivre, et faciliter laccès aux transports en commun ; cest assumer de main de maître la libération de nos pays par lamélioration de la qualité de vie de nos surs et frères etc... Dans le présent article, nous abordons trois points, à savoir : la politique de logement, la revalorisation de lusage de la brique en terre et de lurbanisation. 1/ La politique de logement : les constructions de logements sociaux à bon marché pour améliorer les conditions de vie des citoyens moyens représentent une forme de modernisation quon doit introduire dès que le gouvernement est préparé à lorganiser et à la diriger en la dotant dune subvention destinée à couvrir une partie des frais. Lobjet de lopération qui sadresse à des gens extrêmement pauvres, consiste à leur montrer quils peuvent habiter des logements bien supérieurs à leurs taudis ou habitation de fortune, sans être écrasés par les emprunts ruineux lorsque cela est possible, quils pourraient contracter pour les améliorer. Conformément à ses missions, lEtat doit construire les routes, organiser léducation, veiller à laccès de soins pour tous, il se doit de contribuer à lhabitation sociale pour permettre à ses citoyens de revenus modestes dêtre propriétaires dun logement. La puissance publique doit prendre une grande part dans la mise en uvre de lhabitat social qui ne devrait pas être laissés aux seules initiatives des structures paraétatiques chargées de limmobilier. LEtat doit subventionner lhabitat pour favoriser toutes les couches sociales à lhabitat collectif ou individuel par un loyer modéré capable dêtre supporté même par les plus démunis grâce à sa contribution effective à laccès au logement sera possible. Il sagit dune ferme volonté politique pour permettre à tous les citoyens davoir un logement décent. La conception dun programme de construction avec les matériaux locaux devrait préoccuper les gouvernements dans la mesure du possible, on rechercherait lintégration des futurs propriétaires aux projets de construction pour réduire les coûts de revient. La construction de logement est source daccumulation de capital. Les maisons sont vendues contre un versement minimum à lachat et une hypothèque dont le remboursement seffectue sur un certain nombre dannées. Lacheteur étant obligé dépargner pour effectuer ses paiements échelonnés. Le capital initial étant remboursé servira pour dautres investissements. Dans nos pays les banques peuvent prêter pour acquérir ou améliorer une ferme puisquelle crée une nouvelle richesse ; par contre sendetter pour sacheter une voiture touristique est parfois préjudiciable pour le pays. LEtat garantirait un habitat social au loyer modeste, sinon il doit permettre à chacun davoir un chez soi en ville ou en campagne suivant un plan et des modèles préalablement élaborés évitant ainsi des constructions anarchiques ou la prolifération des taudis ne disposant même pas un minimum dinfrastructure pour lalimentation en eau potable et délectricité. Jourdain Edmé chargé de la qualité de vie et de lassainissement environnemental du Mouvement Africain de la renaissance démocratique institutionnalisée (MARDI) relève que "Le bien être dune population passe par lappropriation dun logement, avoir son propre toit tel est le but de la vie de nombreux citoyens qui narrivent pas après tant dannées de dur labeur à latteindre". Dans sa politique dhabitat social et daménagement urbain, la construction des habitations individuelles et des immeubles où les appartements seront à loyer modéré en vente ou en location prise en charge par les employeurs (sociétés privées, mixtes ou Etat). La construction nécessite dimportants capitaux. Son financement doit regrouper lEtat et ses partenaires privés. La création dinstitutions appropriées pour répondre aux besoins de lhabitat social est indispensable dans le cadre de la politique de lhabitat. Les sociétés immobilières de construction (SIC) pour le financement et la mise en uvre des projets de construction, le crédit foncier pour lachat des terrains et le crédit mobilier pour financer lindustrie de transformation et des équipements de maisons. Il arrive que nous ignorions souvent que nous navons pas attendus larrivée des occidentaux pour bâtir en pierre (Zimbabwé), alors pourquoi sommes-nous aujourdhui incapable de valoriser ou de développer notre industrie de matériaux de construction pour le bonheur de nos populations ? LA REVALORISATION ET LUSAGE DE LA BRIQUE EN TERRE La terre source inépuisable demeure un matériau de construction accessible à tous. La technologie de fabrication est facile à maîtriser, on peut obtenir carreau, briques tuiles et verres etc... à des coûts modérés. Il est vrai que lindustrialisation du bâtiment et les grandes mutations dans les sociétés industrielles ont rendues désuètes les techniques ancestrales basées sur lemploi des matériaux et des savoir faire locaux. La construction en terre apparaît comme un moyen efficace de production à court terme dun habitat et déquipements communautaires (écoles, hôpital et centres sociaux etc...) économique et de qualité (adaptation culturelle et climatique). Sachant que nous avons toujours su utiliser intelligemment les matériaux de construction en notre possession, lexemple du Zimbabwe illustre bien mon propos puisquavant larrivée des Hollandais, les Zimbabwéens construisirent déjà avec la pierre. Quest ce qui fait que lAfrique qui dispose de tant des ressources naturelles pour soutenir et disposer dune industrie florissante de matériaux de construction dépense dénormes sommes pour importer ces matériaux ? En Ndébélé Zimbabwe signifie la maison en pierre ! Que loccident ne nous trompe pas pour nous orienter aveuglement sur les matériaux onéreux souvent importés fabriqués par une technologie de pointe. Si nous voulons réellement résorber le chômage des jeunes en cette période de crise, nous devons investir méthodiquement dans le développement de cette industrie, produire, acheter africain, cest créer plus demploi et de revenu pour nos compatriotes et consolider notre indépendance économique. En France la quasi-totalité des maisons individuelles sont construites avec du parpaing, des briques en terre cuite et la toiture est en tuile. Doù vient-il quen Afrique centrale où il y a des chaleurs torrides nous puissions importer les tôles ondulées ? Voilà une survivance de la colonisation. La terre comme matériau de construction et ces techniques sont forts utilisées et peuvent garantir une réalité architecturale qui permette aux communautés africaines de bâtir leur cadre de vie et dintégrer les réalisation bâties dans une problématique cohérente de développement autocentré et dynamique tirant le meilleur parti des ressources disponibles au plan matériel comme humain. Les développements de la recherche scientifique et architecturale sur la terre et les techniques de construction au cours de décennies précédentes convergent vers la revalorisation de lusage de la terre par la mise à disposition dun ensemble de procédés de production et de solutions techniques parfaitement maîtrisées et dune grande variétés offrant une grande souplesse dadaptation aux multiples applications possibles. En France, on bâtit de plus en plus avec le torchis. Cela peut nous inspirer. Les gouvernements doivent promouvoir les matériaux de construction locaux et préconiser un retour à la terre comme solution à la crise du logement, puisque les coûts sont minorés. Lon devrait arriver rapidement à la construction des maisons à faibles coûts. LEtat dans sa lutte contre le chômage massif des jeunes et dans le soucis déconomiser les devises rares doit encourager la création des unités de fabrication de matériaux de construction, donc une vraie maîtrise de la céramique (tuiles, briques, carreaux et verres etc...) en permettant à chacun davoir un chez soi. En valorisant et en soutenant lémergence dune industrie de matériaux de construction dans nos pays nous contribuons à consolider notre indépendance et participons à la résorption du chômage. URBANISATION : la croissance démographique urbaine seffectue dans la grande indifférence des autorités municipales probablement en raison dune insuffisance de moyens financiers, mais faute de volonté politique à lencontre de ce problème. La situation précaire est à lorigine de la dégradation de lenvironnement : décharges sauvages sur les bords de routes et à proximité des habitations, construction dans les zones marécageuses, décharges des matières fécales dans les cours deau ou des latrines ne respectant aucune règle dhygiène. A cela sajoute la quasi inexistence des infrastructures de base comme les égouts, le ramassage des ordures ménagères, délectricité et deau potable. En cette première décennie du vingt et unième siècle, une telle situation ne peut perdurer ; cest pourquoi Chany MAYAMOU, secrétaire, chargé de léducation environnementale du Club Prospective et Alternative (.CP.A.) : pense quil faille porter un effort sur laménagement du territoire sur une distribution équilibrée des ressources naturelles, humaines et lon doit faire respecter les schémas directeurs définissant les zones foncières constructibles, agricoles et les réserves foncière tout en contribuant sans cesse à lamélioration du cadre de vie. Force est de constater que la plupart des villes Africaines ont une évolution tentaculaire ; doù il faut délimiter, redécouper nos villes en distinguant la ville et sa banlieue au lieu de créer sans cesse les arrondissements supplémentaires. Dans le cadre de sa politique daménagement du territoire, les autorités mettraient laccent sur le développement des campagnes qui sont toujours au cur de la croissance économique. Il faut alors décentraliser le pouvoir pour que les ruraux organisent leur destin, pour que les populations se fixent chez elles et relèvent les défis locaux. On investirait massivement dans les équipements physiques, on favoriserait laccès à lélectricité, aux transports en commun et ladduction deau potable sans omettre de relancer les grandes plantations que nous avons connu dans les années cinquante, soixante et soixante dix du vingtième siècle. Il sagit de conduire des bonnes politiques agricoles sur lesquelles les industries locales sappuieraient pour consolider lautonomie de gestion des collectivités territoriales. On accroitrait les investissements dans les services sociaux de base comme la santé, léducation, lalimentation en eau potable et laccession à lélectricité, aux transports et ramassage des déchets en favorisant la participation des forces vives locales. Il faut donc une ferme volonté politique pour engager et approfondir la décentralisation en donnant plus de pouvoir aux collectivités territoriales puisque lEtat central ne peut pas tout faire. Il serait même sage quautour des activités minières, agricoles et industrielles nous puissions envisager la création des villes moyennes en jouant sur la planification et laménagement du territoire, en cherchant à assurer un développement national équilibré de larmature urbaine. On connait limportance de la flore et de la faune dans la préservation de lenvironnement ainsi les villes seraient loties darbres, des plantes, fleuries, décorées darbres fruitiers. Dans les grandes villes comme Brazzaville, pointe Noire, Dolisie, Nkayi ; Owando, Oyo, Makoua, Ouesso et Impfondo, les autorités locales pour répondre à lépineux problème des transports pourraient envisager douvrir avec lappui du Ministère de lAménagement du territoire, de la planification régionale et des grands travaux ouvrir les lignes de tramway, des trolleybus et bus urbain pour nos populations. Il est donc logique pour que cette politique donne les résultats escomptés, que la puissance publique donne aux collectivités territoriales la maîtrise de la fiscalité locale, en contrepartie lEtat doit renforcer son contrôle en réorganisant la gestion budgétaire et en renforçant les capacités financières des collectivités décentralisées. Nous Sommes le Congo Cessons d'Avoir Peur Pour Construire un Etat de Droit.
Ange Marie MALANDA, économiste juriste Secrétaire général du Club Prospective et Alternative (CPA)
Ange Marie MALANDA, économiste juriste Secrétaire général du Club Prospective et Alternative (CPA)