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ANALYSE

Inondations au Sahel : Un désastre récurrent


Alwihda Info | Par Koffi Dieng - 2 Septembre 2024


Du Sénégal au Tchad en passant par le Mali, les populations du Sahel sont confrontées à de fortes inondations et ce depuis maintenant trois mois. Un phénomène climatique connu, qui a fait des centaines de morts et s’intensifie à mesure que le réchauffement climatique augmente.


En l’espace de quelques mois, la capitale du Niger (Niamey) s’est retrouvée encerclée par les eaux. Selon le gouvernement, les pluies diluviennes sont à l’origine de 217 morts et 200 blessés. Au Tchad, dans la province du Tibesti, les autorités font état de plus de cinquante morts. Une situation difficile qui n’est pas sans rappeler celles des années précédentes. De telles inondations ont déjà eu lieu en 2019, 2015, et 2012 à Ouagadougou. Pour Niamey, c’était en 2004, 2016, 2021, et 2023. La récurrence de ces intempéries n’a toutefois pas permis d’anticiper l’ampleur de la catastrophe. Selon Idriss Abdallah Hassan, directeur du réseau d’observation et prévisions météorologiques à l’Agence nationale de la météorologie du Tchad, les pluies étaient « torrentielles », alors qu’en temps normal « les précipitations atteignent difficilement 200 millimètres par an ».
 
Le réchauffement climatique en est la principale raison. L’augmentation de la température de l’océan Atlantique a renvoyé un surplus de particules d’eau dans l’atmosphère, qui a alimenté les pluies diluviennes. La circulation de l’air a été modifiée par le réchauffement du Sahara, en repoussant les orages à ses abords. Un système convectif de méso-échelle, autrement dit, une combinaison d’orages sur une dizaine de kilomètres serait à l’origine de ces précipitations abondantes. Associés aux habituelles périodes de mousson ouest-africaine, l’envergure des inondations a été bien supérieure aux autres années.
 
Un fait météorologique inévitable
Le Sahel doit faire face à une situation météorologique inéluctable. Une situation difficile accentuée par un manque de moyens de la population à affronter chaque année ces inondations. Pour cause, les maisons sont construites par nécessité avec des matériaux peu résistants aux intempéries, sur des parcelles totalement inondables, qui sont pour la plupart des bras de rivières asséchés. Pour l’ensemble des agglomérations sahéliennes, le schéma est le même : une forte croissance démographique issue des populations locales, fuyant la misère de leurs terroirs et contraintes de s’installer comme elles le peuvent, sur des sites peu propices à l’urbanisation. Un autre facteur aggravant demeure le manque d’infrastructures protectrices. Les 11 000 ha de la communauté urbaine de Niamey (CUN) ne sont desservis que par 150 km de caniveaux de drainage, mal entretenus et très souvent comblés par des ordures, comme en témoigne, Hamadou Issaka, chargé de recherche à l’Institut de Recherche en Sciences Humaines (IRSH). Ces inondations ont entraîné un bilan alarmant : 30 morts et 47 374 sinistrés pour le Mali. Au vu des conséquences, le gouvernement a déclaré le 23 août dernier, l‘état de catastrophe nationale lors d’un conseil des ministres extraordinaire. Un plan d’organisation des secours doit être adopté, prévoyant notamment l’interdiction d’installation sur des parcelles inondables ou encore le curage des voies d’écoulement d’eau. Au Niger, le gouvernement a alloué 12 milliard de FCFA pour les opérations de prévention et de gestion des inondations. Des moyens matériels ont été envoyés sur les zones sinistrées, mais restent dérisoires face à l’ampleur des dégâts.
 
Une poursuite de l’assèchement
L’Afrique de l’Ouest connaît un réchauffement plus marqué que le reste du monde et cela se traduit par une intensification des épisodes pluvieux, en particulier dans la zone du Sahel, qui reste une zone très vulnérable face au dérèglement climatique. « On peut s'attendre dans cette région de la planète à une poursuite de la tendance générale à l'assèchement, avec une variabilité et une incertitude accrues pour des acteurs comme les agriculteurs et les urbanistes » déclare Fatima Denton, auteure-coordinatrice du Rapport spécial sur le changement climatique et les surfaces continentales (SRCCL) du Groupe d'expert intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). La mesure de ces évènements catastrophiques doit être prise en compte à sa juste valeur par les autorités au pouvoir. La mise en place de mesures imposant une gestion efficace des parcelles habitables, ainsi que le développement de protections fluviales, doit devenir une priorité pour une population en proie à des menaces accrues concernant la sécurité alimentaire, les infrastructures mais aussi les systèmes de santé.
 



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