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REPORTAGE

« L'instruction ouverte à tous »


Alwihda Info | Par Issa Abakar - 11 Novembre 2013



Une classe en Centrafrique. Crédit photo : Sources
Une classe en Centrafrique. Crédit photo : Sources
L’UNESCO définit l’alphabétisation, comme un droit humain fondamental, et la base de l’apprentissage tout au long de la vie. Facteur déterminant du développement social et humain, elle permet de transformer les vies. Pour les individus, mais aussi pour les familles et les sociétés, c’est un instrument d’autonomisation qui améliore la santé, les revenus et les relations que l’on tisse avec le monde extérieur…

Les statistiques publiées le 1er Janvier 2012 par le World Factbook - Central Intelligence Agency (https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ct.html), montrent que la République Centrafricaine est l’un des pays au monde où le taux d’alphabétisation reste encore faible ; 60% en 1995, 48,6% en 2000, 51% en 2003, et enfin 56% en 2010.

Malgré les actions et les reformes initiées par l’Etat pour améliorer le fonctionnement du système éducatif et le rendre performant, à savoir les Etats Généraux de l’Education et de la Formation, l’élaboration du Document de Stratégie Nationale du secteur de l’Education 2008-2020, le Plan National d’Action de l’Education pour Tous 2003-2015 ou encore la Loi d’Orientation de l’Education de Décembre 1997, l’accès à l’éducation en République centrafricaine reste difficile en dépit de ces efforts.

L’instruction de son sens étymologique en latin instruere, signifie action d’instruire, de former l’esprit, d’enseigner, de transmettre des connaissances à quelqu’un. Elle reste un défi majeur en République Centrafricaine.

Confucius (v.551 – 479 av. J.-C.), philosophe chinois, fondateur du confucianisme et l’un des plus influents penseurs de l’histoire chinoise a dit : « Quand vous plantez une graine une fois, vous obtenez une seule et unique récolte. Quand vous instruisez les gens, vous en obtenez cent. »

Fort de ce qui précède, nous nous posons naturellement les questions suivantes : Pourquoi l’accès à l’instruction reste-il un défi en Centrafrique ?

L’analyse de la situation nous permet de comprendre les raisons du faible accès à l’instruction en RCA. En effet, l’instabilité politique constitue l’un des facteurs majeurs. Avec les mutineries et les coups d’Etat à répétition, toutes les infrastructures sont quasiment

détruites. Ce qui a entrainé une forte migration des élites centrafricaines vers l’étranger. Le nombre insuffisant des enseignants qualifiés et leurs mauvaises conditions de travail ne les encouragent pas à exercer leur métier de manière efficace. Le maigre pourcentage du budget en exercice de l’Etat alloué chaque année au Ministère en charge de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation est loin d’être suffisant pour un projet ambitieux de réforme du secteur éducatif. Le manque d’infrastructures socio-éducatives au niveau des communes, et auquel s’ajoute la mauvaise politique de décentralisation des activités au niveau des régions freinent les efforts de relance du secteur éducatif. Un manque de formations qualifiantes adaptées, et des laboratoires sous-équipés et non-conformes à la norme standard actuelle entravent à une meilleure éducation.

L’Etat dans sa mission régalienne doit garantir l’accès à l’instruction pour tous. Construire et/ou reconstruire les écoles sur toute l’entendue du territoire en commençant par les régions où le nombre des infrastructures scolaires est faible, renforcer les capacités des enseignants, et améliorer les conditions de vie de ces derniers, assurer le suivi de la mise en application du Plan National d’Action de l’Education pour Tous 2003-2015, doivent être en première ligne de la politique de redressement de l’état car le développement économique et social de la République Centrafricaine dépend de l’instruction de ses citoyens. Henri Pena-Ruiz dans une interview pour le Journal l’Humanité le 11-12-2003 déclarait : « Que l’école reste ouverte à tous, qu’elle fasse profession d’élever l’esprit à la liberté de jugement, qu’elle n’impose aucun autre message particulier que celui de liberté d’une instruction émancipatrice… »

« L'instruction ouverte à tous »
Les autorités de la transition en République Centrafricaine doivent veiller à la stricte application de l’Article 7 de la Charte Constitutionnelle de transition qui stipule : « Chacun a le droit d’accéder aux sources du savoir. L’Etat garantit à tout citoyen l’accès à l’instruction, à la culture et à la formation professionnelle. Il doit être pourvu à l’éducation et à l’instruction de la jeunesse par des établissements publics ou privés… »

Elles doivent également faire de l’éducation un axe de priorité de leur politique de développement afin d’assurer l’instruction à tous et de veiller à ce que chaque citoyen centrafricain jouisse de ce droit d’accès au savoir. Sinon, à quoi servent les lois si elles ne sont pas appliquées?

La rédaction OCPDDHC
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