Maître Abdou DANGABO MOUSSA, Avocat au Barreau de Paris.
Lettre d’information
Excellence Monsieur l’Ambassadeur,
J’ai l’honneur de venir très respectueusement auprès de votre haute autorité, appelé votre attention sur la situation dramatique de la communauté musulmane de Centrafrique
En effet, la guerre en Centrafrique oppose des compatriotes qui vivaient ensemble depuis bientôt plus d’un siècle dans le même pays et qui partageaient plus largement les mêmes références culturelles. Une minorité d’élite catholique ayant accaparé le pouvoir depuis l’indépendance formelle en 1960 refuse de le partager avec l’élite musulmane. Cette dernière, s’estimant lésée décide de passer en force et prend le pouvoir le 24 mars 2013.
La perception de l’islam et son instrumentalisation en Europe a impacté les conflits en RCA. Au départ larvée, ces conflits à caractère confessionnel a pour but de créer une haine, qui préexistait depuis 1993, pour s’attirer la sympathie de la France, puissance tutélaire, et dans une moindre mesure les « pays voisins et frères catholiques ».
La coalition rebelle (Seleka) au pouvoir avec à sa tête Michel Djotodia, est désigné par les Accords de Libreville (Gabon) et de NDjamena pour diriger la transition jusqu’à 2015.
Insupportable au yeux de l’élite chrétienne, qui ne supporte pas qu’un musulman dirige le pays même pour une transition courte de 18 mois, va déclencher les hostilités.
La coalition au pouvoir était composée de 5000 troupes, mais elle s’est retrouvée avec 10 à 20.000 mille hommes depuis leur arrivée dans la capitale Bangui. Le surplus était en réalité les déçus de l’ancien régime et certains sujets Tchadiens et Soudanais convertis pour l’occasion en « rebelles ». Certains parmi eux étaient des opposants aux Présidents Déby Itno(Tchad) et Oumar El Bachir (Soudan). Cette situation est une occasion rêvée pour l’ancien régime dirigé par François Bozizé et ses soutiens dans la région et à l’extérieur du continent pour reconquérir le pouvoir tout en surfant sur un anti islamisme ambiant pour dénoncer «l’importation de la Charia ».
Les milices chrétiennes et les anciens soldats de la garde prétorienne ainsi que certains éléments de l’armée nationale (FACA) chauffer à bloc par une idéologie xénophobe et nationaliste vont à leur tour se coaliser au nom de la chrétienté pour chasser les « terroristes islamistes » et « Tchado-Soudanais ». D’où il suit que les centrafricains musulmans vont être taxer de complices de leurs coreligionnaires musulmans.
En dépit des efforts de réconciliation et de sécurisation du nouveau pouvoir de transition, les milices chrétiennes se préparent à l’affrontement. Tout était planifié pour l’assaut final le 5 décembre 2013. C’était un fiasco.
Faute d’avoir réussit leur coup, ces assaillants vont être disséminés dans la ville de Bangui, fondus dans la population civile qui les accueil et les aide. Et c’est le début de la chasse à l’homme dans les quartiers où les musulmans étaient minoritaires. La purification ethnique, la meute succombant au plus bas instincts, rappelant le drame d’épuration ethnique au Rwanda de triste mémoire : meurtres, exécutions sommaires et les corps des victimes sont souvent brûlés(bûcher) dans certains quartiers (Pétévo) les corps des victimes musulmans étaient souvent offerts au Saint-Esprit au sens religieux, scènes d’anthropophagie rituelles, pillages des biens, etc.
Nous vous informons que nous avions interpellé la nouvelle Ministre de la justice de la république Centrafricaine afin qu’elle use de son droit de saisine de la Cour Pénale Internationale (CPI) pour génocide et crimes contre l’humanité et violations des lois et coutumes de la guerre.
Les instigateurs (les politiques)alimentant une meute de jeunes voyous en les laissant véhiculer l’idéologie mortifère de l’épuration ethnique : « nous ne voulons plus de musulmans en Centrafrique ! », « ces rats doivent quitter ou être exterminer ! », « notre pays est à 80 % catholique et doit être dirigé par un catholique !».
"Les nouveaux éléments de preuve recueillis, qui font état du massacre de femmes, d'enfants et de vieillards, mettent en lumière le grand péril que court la minorité musulmane en République centrafricaine", a affirmé Amnesty dans un communiqué.
Madame Joanne Mariner, conseillère d'Amnesty International pour les situations de crise ajoute : "De très nombreux civils ont été laissés sans protection face aux représailles violentes des milices antibalaka, à un moment où ces attaques étaient tout à fait prévisibles", a-t-elle dénoncé. Pour aller plus loin : http://fr.africatime.com/republique_centrafricaine/articles/centrafrique-les-forces-internationales-manquent-leur-devoir-envers-les-musulmans-amnesty#sthash.8fmOuPRa.dpuf
Une enquête diffusée sur la Chaîne française Canal+ montre les forces françaises Sangaris donnant un coup de main aux milices chrétiennes et anti Balaka contre les musulmans, en encerclant leur quartier sous prétexte d’y rechercher les éléments de la Séleka, alors que le but de sa mission consiste à désarmer les deux camps. ( voir l’image:Centrafrique : Anti Balaka VS Seleka ou http://www.youtube.com/watch?v=i6VSkaDz9M4).
En conséquence de quoi, nous lançon un cri d’alarme et un appel pressant en faveur de cette communauté encerclée et mise en quarantaine dans le quartier KM5. Elle ne reçoit plus l’aide humanitaire, ni de soin comme disait un conseiller de transition, « nous sommes dans une prison à ciel ouvert » en attendant l’assaut final des milices chrétiennes et anti Balaka. Les troupes Rwandaise et Burundaise de la MISCA, positionnées en ce moment dans le quartier KM5, vont-elles tenir face à la pression de la foule qui s’est rassemblée tout autour à une distance de 500 mètres tout au plus ?
Veuillez agréer, Excellence Monsieur l’Ambassadeur, en l’assurance de ma très haute considération.
Maître Abdou DANGABO MOUSSA
Avocat au Barreau de Paris
Président de l’Association Africaine pour la Défense des Droits Humains et des Libertés Fondamentales (AADDHLF)
E-mail : [email protected]
102, Rue La Boetie A son Excellence Monsieur l’Ambassadeur
E-mail : [email protected]
Tél. : 01 40 75 01 60
Fax : 01 40 75 01 19
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