Etant personnellement un fervent opposant à ce concept d’unité nationale parce qu’elle est l’incarnation de la dépossession à tous les niveaux et de l’expropriation de l’héritage historique de la minorité musulmane de Centrafrique.
L’unité nationale partagée par tous ces courants néo nationalistes est réaffirmée dans tous les discours comme élément structurant d’une idéologie fascisante parce qu’elle est dans le déni de la réalité et de l’histoire. L’unité nationale est utilisée comme épouvantail ou argument de chantage dans le discours politique pour montrer du doigt tous ceux qui résistent à cette marche forcée vers l’assimilation programmée. Elle est brandie comme sacrée, comme intouchable et comme impossible à remettre en cause car, pour eux, la Nation est faite et réalisée. L’unité nationale, plus qu’un slogan ou élément de propagande, est un élément structurant notre mental soumis à l’idée qu’on ne peut pas vivre ensemble dans nos différences comme si la différence est un élément dangereux à l’unité de la Nation.
La République Centrafricaine est définie par ses frontières reconnues par le droit international. Sa souveraineté frontalière qu’on appelle dans le discours diplomatique intégrité territoriale, que les Centrafricains eux-mêmes n’ont ni dessiné ni défini, est le produit du partage du monde dans un processus de l’histoire dont on a hérité et en même temps été exclus. Un tracé des frontières qui n’a pas respecté les territoires des peuples. Pour certains, c’est dramatique ainsi pour des peuples transfrontaliers comme les Peuhls qui se retrouvent dans une problématique identique aux Kurdes, répartis dans différents pays, posant la question des frontières dans l’optique un jour de réunifier leur peuple. Cette Centrafrique héritée du partage colonial du monde est un fait mais la RCA intérieure, la Centrafrique réelle est autre chose. Elle est le foisonnement de territoires et de peuples qui forment ce grand ensemble et c’est de cette RCA que je parle. La RCA de 1960 reconnue par les instances internationales a aujourd’hui tourné le dos à cette réalité et a administré de force les territoires et soumis les peuples comme dans notre passé colonial.
L’unité nationale est l’argument essentiel utilisé pour tuer toute possibilité d’ouvrir un débat sur la Nation. Elle est aussi utilisée pour justifier la répression sauvage et barbare des miliciens chrétiens Anti-balaka contre la minorité musulmane qui se retrouve spolié de son héritage historique, et doit tout accepter y compris sa propre négation pour que survive la Nation. Ces arguments ont malheureusement été repris par l’opposition dite démocratique qui a joué à ce jeu dangereux en reprenant volontairement cette thématique à son compte, maquillée de modernité, de justice et de démocratie. Elle a de ce fait renforcé le courant dominant et contribué à la désintégration physique du Dar-El-Kouti. Le concept de l’unité nationale est pour moi le premier verrou à faire sauter pour libérer les énergies dans le sens d’assumer la différence sans complexe.
À chaque fois qu’on pose la question de la Nation, on nous oppose l’unité de la Nation c’est-à-dire l’unité nationale. À chaque fois qu’on pose la question de peuple, on nous oppose l’unicité du peuple dans sa définition dominante et homogène. On a détruit les hétérogénéités pour que le néonationalisme ne fasse émerger que l’idée d’un seul peuple et d’une Centrafrique une et indivisible. À chaque fois qu’on pose la question du droit des peuples, on nous brandit le nationalisme et le danger de la division, le danger de la désintégration. À chaque fois que la question de la partition est posée, tous les réflexes pavloviens se mettent en ébullition dans une hystérie généralisée, une fièvre s’empare du pays pour conjurer le sort et chasser les mauvais esprits. De ce fait, tous les gourous (je veux dire l’élite) se mettent en action pour retrouver la paix et la sérénité, continuer à vivre dans cet absolu sacré, dans cet oubli. C’est l’histoire du néonationalisme Centrafricain qui ne peut s’accommoder des réalités vivantes et ne peut évoluer étant donnée qu’il est esclave de lui-même, de son schéma et empêche la RCA de se réconcilier avec elle-même, d’être ouverte pour concevoir une autre façon de vivre ensemble dans un grand espace qui conçoit la différence comme une richesse.
Au concept d’unité nationale, j’oppose l’union nationale, union des ensembles bien identifiés et reconnus constitutionnellement comme référents constituant la future bi-Nation en opposition au triptyque « Centrafricains, Chrétiens et Musulmans », auquel j’ai contribué mais on ne nait pas sécessionniste, on le devient. Comprendre les limites de nos révoltes, c’est comprendre la dynamique de l’histoire et la pensée sécessionniste s’inscrit dans cette voie. J’oppose à l’unité nationale, l’union des peuples clairement assumée pour reconstituer le grand ensemble appelé Nation. J’oppose à l’unité nationale l’union des ensembles qui reconstituent l’histoire et permet aux mémoires collectives des uns et des autres de retrouver le lien qui les fait appartenir à un ensemble cohérent. L’union nationale passe par le principe majeur de la reconnaissance des ensembles historiques. Comme ensemble historique, je désigne le couple peuple-territoire. Le Dar-El-Kouti en est un exemple. Cette notion a le mérite de poser la question de l’État, de la souveraineté et du transfert de souveraineté à ces ensembles. L’unité nationale pose la problématique de la souveraineté sur le droit du sol et le droit au patrimoine. C’est pour cette raison que je dis avec force que l’unité nationale est l’élément qui nous exproprie et nous dépossède de ce droit.
Si on veut que notre discours politique porte sur une nouvelle idée de la Nation Centrafricaine, il faut qu’on prenne comme point de départ l’ensemble de la problématique de la RCA coloniale et postcoloniale, c’est-à-dire la reconstruction de l’ensemble qui doit reposer la question de la Nation à travers l’abandon du nationalisme conventionnel. L’union nationale part d’une idée généreuse, celle de dire que la RCA est une Nation en construction qui doit refonder ses référents dans la reconnaissance du droit des peuples et donc de la reconfiguration des frontières actuelles. L’union nationale des ensembles est une chance pour la RCA pour nous éviter un divorce mais en même temps elle nous ouvre les portes d’un débat posé et serein mais sans compromission pour nous les musulmans, parce qu’il est temps d’assumer cette question, d’assumer notre propre histoire et de comprendre les enjeux historiques.
C’est pour cette raison que le courant national-moderne est en échec parce qu’il n’est pas capable de rupture historique par rapport au nationalisme. Il est condamné à disparaître et la réalité est là, les uns après les autres disparaissent au fur et à mesure de la recomposition du paysage. Notre révolte est vouée à l’échec si elle s’inscrit dans la continuité du même langage et du même horizon celui de l’unité nationale né d’un nationalisme excluant notre existence.
En parlant de ce sujet avec passion et aussi avec clarté, j’exprime ma révolte contre un concept qui nous a détruit, nous a emmené à nier notre propre existence pour épouser une idée qui nous a éloigné de la réalité. Beaucoup trouvent leur compte étant donné qu’aujourd’hui la question de la Nation, de l’État n’est même pas le sujet, dans ce système mafieux généralisé où l’État est détruit. Quant à la Nation, les décideurs, président, généraux, clans n’y pensent pas et pour eux la redéfinition de la Nation est une aspiration étrange, qu’ils ne comprennent pas pour la simple raison que, pour eux, il n’y a rien à discuter, le débat est clos.
L’unité nationale est le plus grand danger de la RCA, elle est l’élément destructeur de toute chance d’une coexistence pacifique entre musulman et non musulman, elle est le symbole qui a tué les consciences collectives, elle est le symbole du déracinement et de destruction de toute cohérence du pays. Paradoxalement c’est cette unité nationale qui rendra à terme inévitable la désintégration de la RCA, en cas de poursuite dans cette voie.
À suivre
Le Front Patriotique Pour l’Autodétermination –FPPA-
L’unité nationale partagée par tous ces courants néo nationalistes est réaffirmée dans tous les discours comme élément structurant d’une idéologie fascisante parce qu’elle est dans le déni de la réalité et de l’histoire. L’unité nationale est utilisée comme épouvantail ou argument de chantage dans le discours politique pour montrer du doigt tous ceux qui résistent à cette marche forcée vers l’assimilation programmée. Elle est brandie comme sacrée, comme intouchable et comme impossible à remettre en cause car, pour eux, la Nation est faite et réalisée. L’unité nationale, plus qu’un slogan ou élément de propagande, est un élément structurant notre mental soumis à l’idée qu’on ne peut pas vivre ensemble dans nos différences comme si la différence est un élément dangereux à l’unité de la Nation.
La République Centrafricaine est définie par ses frontières reconnues par le droit international. Sa souveraineté frontalière qu’on appelle dans le discours diplomatique intégrité territoriale, que les Centrafricains eux-mêmes n’ont ni dessiné ni défini, est le produit du partage du monde dans un processus de l’histoire dont on a hérité et en même temps été exclus. Un tracé des frontières qui n’a pas respecté les territoires des peuples. Pour certains, c’est dramatique ainsi pour des peuples transfrontaliers comme les Peuhls qui se retrouvent dans une problématique identique aux Kurdes, répartis dans différents pays, posant la question des frontières dans l’optique un jour de réunifier leur peuple. Cette Centrafrique héritée du partage colonial du monde est un fait mais la RCA intérieure, la Centrafrique réelle est autre chose. Elle est le foisonnement de territoires et de peuples qui forment ce grand ensemble et c’est de cette RCA que je parle. La RCA de 1960 reconnue par les instances internationales a aujourd’hui tourné le dos à cette réalité et a administré de force les territoires et soumis les peuples comme dans notre passé colonial.
L’unité nationale est l’argument essentiel utilisé pour tuer toute possibilité d’ouvrir un débat sur la Nation. Elle est aussi utilisée pour justifier la répression sauvage et barbare des miliciens chrétiens Anti-balaka contre la minorité musulmane qui se retrouve spolié de son héritage historique, et doit tout accepter y compris sa propre négation pour que survive la Nation. Ces arguments ont malheureusement été repris par l’opposition dite démocratique qui a joué à ce jeu dangereux en reprenant volontairement cette thématique à son compte, maquillée de modernité, de justice et de démocratie. Elle a de ce fait renforcé le courant dominant et contribué à la désintégration physique du Dar-El-Kouti. Le concept de l’unité nationale est pour moi le premier verrou à faire sauter pour libérer les énergies dans le sens d’assumer la différence sans complexe.
À chaque fois qu’on pose la question de la Nation, on nous oppose l’unité de la Nation c’est-à-dire l’unité nationale. À chaque fois qu’on pose la question de peuple, on nous oppose l’unicité du peuple dans sa définition dominante et homogène. On a détruit les hétérogénéités pour que le néonationalisme ne fasse émerger que l’idée d’un seul peuple et d’une Centrafrique une et indivisible. À chaque fois qu’on pose la question du droit des peuples, on nous brandit le nationalisme et le danger de la division, le danger de la désintégration. À chaque fois que la question de la partition est posée, tous les réflexes pavloviens se mettent en ébullition dans une hystérie généralisée, une fièvre s’empare du pays pour conjurer le sort et chasser les mauvais esprits. De ce fait, tous les gourous (je veux dire l’élite) se mettent en action pour retrouver la paix et la sérénité, continuer à vivre dans cet absolu sacré, dans cet oubli. C’est l’histoire du néonationalisme Centrafricain qui ne peut s’accommoder des réalités vivantes et ne peut évoluer étant donnée qu’il est esclave de lui-même, de son schéma et empêche la RCA de se réconcilier avec elle-même, d’être ouverte pour concevoir une autre façon de vivre ensemble dans un grand espace qui conçoit la différence comme une richesse.
Au concept d’unité nationale, j’oppose l’union nationale, union des ensembles bien identifiés et reconnus constitutionnellement comme référents constituant la future bi-Nation en opposition au triptyque « Centrafricains, Chrétiens et Musulmans », auquel j’ai contribué mais on ne nait pas sécessionniste, on le devient. Comprendre les limites de nos révoltes, c’est comprendre la dynamique de l’histoire et la pensée sécessionniste s’inscrit dans cette voie. J’oppose à l’unité nationale, l’union des peuples clairement assumée pour reconstituer le grand ensemble appelé Nation. J’oppose à l’unité nationale l’union des ensembles qui reconstituent l’histoire et permet aux mémoires collectives des uns et des autres de retrouver le lien qui les fait appartenir à un ensemble cohérent. L’union nationale passe par le principe majeur de la reconnaissance des ensembles historiques. Comme ensemble historique, je désigne le couple peuple-territoire. Le Dar-El-Kouti en est un exemple. Cette notion a le mérite de poser la question de l’État, de la souveraineté et du transfert de souveraineté à ces ensembles. L’unité nationale pose la problématique de la souveraineté sur le droit du sol et le droit au patrimoine. C’est pour cette raison que je dis avec force que l’unité nationale est l’élément qui nous exproprie et nous dépossède de ce droit.
Si on veut que notre discours politique porte sur une nouvelle idée de la Nation Centrafricaine, il faut qu’on prenne comme point de départ l’ensemble de la problématique de la RCA coloniale et postcoloniale, c’est-à-dire la reconstruction de l’ensemble qui doit reposer la question de la Nation à travers l’abandon du nationalisme conventionnel. L’union nationale part d’une idée généreuse, celle de dire que la RCA est une Nation en construction qui doit refonder ses référents dans la reconnaissance du droit des peuples et donc de la reconfiguration des frontières actuelles. L’union nationale des ensembles est une chance pour la RCA pour nous éviter un divorce mais en même temps elle nous ouvre les portes d’un débat posé et serein mais sans compromission pour nous les musulmans, parce qu’il est temps d’assumer cette question, d’assumer notre propre histoire et de comprendre les enjeux historiques.
C’est pour cette raison que le courant national-moderne est en échec parce qu’il n’est pas capable de rupture historique par rapport au nationalisme. Il est condamné à disparaître et la réalité est là, les uns après les autres disparaissent au fur et à mesure de la recomposition du paysage. Notre révolte est vouée à l’échec si elle s’inscrit dans la continuité du même langage et du même horizon celui de l’unité nationale né d’un nationalisme excluant notre existence.
En parlant de ce sujet avec passion et aussi avec clarté, j’exprime ma révolte contre un concept qui nous a détruit, nous a emmené à nier notre propre existence pour épouser une idée qui nous a éloigné de la réalité. Beaucoup trouvent leur compte étant donné qu’aujourd’hui la question de la Nation, de l’État n’est même pas le sujet, dans ce système mafieux généralisé où l’État est détruit. Quant à la Nation, les décideurs, président, généraux, clans n’y pensent pas et pour eux la redéfinition de la Nation est une aspiration étrange, qu’ils ne comprennent pas pour la simple raison que, pour eux, il n’y a rien à discuter, le débat est clos.
L’unité nationale est le plus grand danger de la RCA, elle est l’élément destructeur de toute chance d’une coexistence pacifique entre musulman et non musulman, elle est le symbole qui a tué les consciences collectives, elle est le symbole du déracinement et de destruction de toute cohérence du pays. Paradoxalement c’est cette unité nationale qui rendra à terme inévitable la désintégration de la RCA, en cas de poursuite dans cette voie.
À suivre
Le Front Patriotique Pour l’Autodétermination –FPPA-