Le Tchad a franchi un nouveau pas dans sa politique de défense en installant ce jeudi une commission chargée de superviser le retrait des forces françaises du territoire national. Cette décision, annoncée fin novembre, marque un tournant majeur dans les relations bilatérales entre les deux pays.
La cérémonie d'installation s'est déroulée sous la présidence du Premier ministre, Allah Maye Halina, qui a souligné l'importance de cette mission "hautement patriotique et républicaine". Le comité, présidé par le ministre des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, est composé de 21 membres issus de différents ministères et services de l'État.
Les missions de la commission sont multiples:
- Notification officielle: Notifier aux autorités françaises la dénonciation de l'accord de coopération militaire.
- Élaboration d'un plan de retrait: Établir un calendrier précis pour le retrait des forces françaises, en tenant compte des aspects logistiques et sécuritaires.
- Gestion des aspects juridiques: S'assurer que le retrait se déroule dans le respect du droit international et des accords bilatéraux.
- Coordination avec les autorités françaises: Maintenir un dialogue constructif avec les autorités françaises pour assurer un retrait ordonné et sécurisé.
Le Premier ministre a insisté sur la nécessité d'une mise en œuvre rapide et efficace de cette décision. Il a également souligné l'importance de préserver les acquis de la coopération passée tout en renforçant la souveraineté nationale.
Contexte et enjeux
Cette décision s'inscrit dans un contexte de réaffirmation de la souveraineté nationale et d'une volonté de diversifier les partenariats du Tchad. Elle répond à une aspiration profonde de nombreux Tchadiens à voir leur pays prendre en main sa propre sécurité.
Cependant, ce retrait soulève également des interrogations sur les capacités du Tchad à assurer sa propre sécurité face aux défis sécuritaires régionaux. La commission aura pour mission de définir une nouvelle stratégie de défense nationale adaptée aux enjeux actuels.
Les réactions
Cette décision a suscité de vives réactions au sein de la classe politique tchadienne et au-delà. Si elle est largement saluée par les partisans d'une plus grande souveraineté, elle suscite également des inquiétudes quant aux conséquences sécuritaires à court et moyen terme.
Le président Déby a lui-même confirmé la rupture de l'accord lors d'une conférence de presse le 1er décembre, la qualifiant d’“acte souverain mûrement réfléchi” visant à renforcer l'indépendance nationale.
Perspectives
Le retrait des forces françaises marque une nouvelle étape dans l'histoire du Tchad. Il ouvre de nouvelles perspectives pour le pays mais pose également de nombreux défis. La réussite de cette transition dépendra de la capacité du gouvernement tchadien à mettre en œuvre une stratégie claire et cohérente, tout en s'appuyant sur le soutien de ses partenaires internationaux.