Michel Djotodia, l'ex-président centrafricain par intérim, le 31 décembre 2013 à Bangui (Centrafrique). (MIGUEL MEDINA / AFP)
Qu'on se le dise,le chef des enturbannés n'était plus en odeur de sainteté auprès des autorités françaises.Tellement que le président Hollande s'offusquait de la recrudescence des conflits en Centrafrique, il avait clairement laissé présager son intention de déboulonner le responsable de ces conglomérats de bandits au pouvoir. Une intention affichée qui terrifie l’intéressé à tel enseigne qu'il commence à faire les yeux de biches à la France.Interrogé sur l'intention du président Hollande par les journalistes occidentaux, Amdroko déclarait: « C'est inhumain que la France m'éjecte du pouvoir ». A vrai dire, il faut reconnaître que le président Hollande venait de jeter les pavés dans la mare.Sitôt l'idée émise, les Ministres en charge de la défense et des affaires étrangères de la France devaient écrire le scénario pour que le casting soit macéré avec les ingrédients appropriés.
Manifestement, le départ de Djotodia était le meilleur scénario pour éviter l’enlisement des troupes françaises en Centrafrique. Il faut admettre que Amdroko était le centre de symétrie de l'actuelle crise et ne contrôlait guère la totalité de ses troupes.Une attitude qualifiée d'inadmissible par la France au point qu'elle envisage son départ car le dénouement apaisée de la crise en dépendait.Seul bémol...Comment la France doit s'y prendre sans être victime d'un stéréotype de la part de l'opinion nationale et internationale?L'idée sous-jacente du scénario aurait voulu que la France actionne le départ d'Amdroko par le truchement des pays voisins de la Centrafrique. Puisque le voisin géant aux pieds d'argile réclame toujours un rôle de gendarme dans l’immédiateté, la France a surfé sur le désamour du peuple centrafricain envers les troupes tchadiennes pour lui proposer le casting du départ de Djotodia dans l'optique de redorer son blason.
Pour joindre l'utile à l'agréable, le ministre de la défense française a entrepris une mission de sensibilisation auprès des chefs d'états de l'Afrique centrale. Cerise sur le gâteau,Deby attendait ce rôle de metteur en scène pour confirmer sa prédominance sur la Centrafrique.A priori, la France voulait juste sauver sa face dans cette crise.Pour ce faire, elle aimerait mieux gagner en réputation pour bonifier davantage son nouveau rôle de pompier.A contrario, Deby s’évertue pour capitaliser totalement la mutation politique en Centrafrique. Adoubé du titre de metteur en scène par la France, Deby cherche à rabattre sa propre carte en multipliant des consultations auprès des autorités centrafricaines pour non seulement huiler le nouveau changement mais placer également ses lieutenants en vue d'avoir la mainmise sur la nouvelle transition.
D'emblée , Deby informera Djotodia sur son probable départ. Pour ce faire, Djotodia multipliera plusieurs consultations auprès de ses proches et s'accordera in fine avec son beau frère Guendet sur la modalité de sa démission. Selon les sources concordantes, Guendet voudrait que la démission de Djotodia soit actée avec celle du premier ministre Tiangaye en vue d'ouvrir d'autres boulevards pouvant lui être bénéfique. Une aubaine qui lui permettra de sceller son futur auprès de ses contacts de N’Djamena.Dans la foulée, cinq (5) mercenaires politiques de la Centrafrique qui ont un contact personnalisé avec les autorités tchadiennes,poseront leurs valises à N’Djamena pour persuader le voisin géant aux pieds d'argile dans l'optique de mettre leurs pieds à l'étrier ou de les remettre en selle dans la nouvelle équipe dirigeante du pays.Au demeurant, le sommet de N’Djamena initialement prévu pour le départ de Djotodjia, désarçonne en même temps Tiangaye.
Avec ce nouveau boulevard, le sulfureux Guendet développe en ce moment une stratégie peu orthodoxe auprès des membres du CNT absolument acquis à sa cause en vue d'obtenir leurs suffrages dans l'unique intention de présider la nouvelle transition.Toutefois, on consacrera une colonne ces temps-ci aux manœuvres dilatoires de ce pleutre. Néanmoins, Deby peut encore se targuer de sa réussite préfabriquée en Centrafrique...
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste
[email protected] France , Vitré