Josef Braml, Quotidien du Peuple
La démocratie américaine est confrontée à des problèmes fondamentaux : l'augmentation des inégalités sociales, la stagnation de la mobilité entre les classes, la mainmise des riches sur le gouvernement, des politiques qui reflètent les points de vue de groupes d'intérêt, la plupart des gens tombés dans une situation d'impuissance -voici la réalité actuelle des États-Unis. Le système politique américain ne recueille plus les faveurs de la majorité du peuple américain, et il se trouve même, au contraire, dans une crise de légitimité. C'est le postulat de base de mon nouveau livre, « Auf Kosten der Freiheit. Der Ausverkauf der amerikanischen Demokratie und die Folgen für Europa » (« Au prix de la liberté - La vente de la démocratie américaine et son impact sur l'Europe »).
La plupart des Américains ont perdu confiance dans la puissance économique et politique actuelle des États-Unis. Le rêve américain, celui qui fait qu'on peut changer son destin grâce à ses propres efforts, s'est fané. Beaucoup d'Américains commencent à s'inquiéter pour leur vie quotidienne et se sentent impuissants à changer leur destin. Dans le même temps, ils en sont réduits à regarder quelques personnes imposer leur force sur la politique, et changer les règles du jeu afin que leur part du gâteau soit plus grosse. C'est un phénomène anormal où on voit la redistribution se faire à partir du bas de la société vers le haut ; seule une petite partie de l'élite en bénéficie, et l'effet ciseaux entre riches et pauvres est en croissance.
Pendant la campagne, des populistes comme Donald Trump sont appréciés des gens, parce que la plupart d'entre eux croient que les hommes et femmes politiques actuels ne sont plus représentatifs des intérêts du peuple. Le peuple américain en a assez du train-train et du manque de changement dans la politique. Les fonds de campagne d'Hillary Clinton sont soumis à Wall Street, tandis qu’un super-riche comme Donald Trump n'a aucune crainte d'être soudoyé par qui que ce soit, et il n'est redevable envers personne.
Lors des dernières élections présidentielles américaines, les financements de campagne contrôlables ont atteint les 2 milliards de Dollars US, mais pour les élections de cette année, ils pourraient atteindre 6 milliards de Dollars US. Derrière la campagne pour amasser des fonds, chaque centime a vocation à influencer les décisions politiques futures. La plupart de ceux qui versent des contributions politiques sont des fabricants d'armement, des magnats du pétrole et du gaz, des sociétés des technologies de l'information et le secteur financier. Et ces gens-là ne veulent pas voir l'État contrôler et imposer des taxes sur ces secteurs.
Les riches peuvent aussi faire de bons « investissements » lors des élections législatives. Lors des élections à la Chambre des représentants, 94% des gagnants sont les candidats qui ont le plus d'argent. Au Sénat, ce taux est de 82%. Par conséquent, conserver son siège lors des élections à la Chambre des représentants tous les deux ans suppose de dépenser au moins 2 millions de Dollars US. Et pour devenir ou demeurer un sénateur lors des élections sénatoriales, qui ont lieu tous les six ans, il faut une moyenne d'environ 10 millions de Dollars US.
La situation d'opposition entre le président américain et le Congrès née après les élections de mi-mandat de 2010 se poursuivra après les élections présidentielles de 2016. Cette impasse dans laquelle se trouve la politique américaine a complètement déformé l'intention originelle des pères fondateurs des Etats-Unis, qui voulaient établir un équilibre des pouvoirs entre le Congrès et le président.
Le prochain président américain ne pourra avoir un réel pouvoir de décision que dans un domaine : la politique de sécurité. Le Président américain est le commandant suprême, tandis que dans le même temps, les États-Unis dominent les activités mondiales des services de renseignement, et c'est à ce moment-là qu'il est le « plus fort » du monde, en particulier quand les États-Unis prétendent être menacés -par exemple, par des menaces terroristes extrémistes. Lorsque la menace s'approche, le Président, dont la liberté de mouvement est en général restreinte, renforcera ses propres pouvoirs et brisera les limitations imposées par le Congrès. Cela s'explique d'une part parce que les menaces externes écartent de la vue du public les graves contradictions sociales internes comme le racisme, la pauvreté, la criminalité, les stupéfiants, etc. ; et d'autre part, parce qu'identifier des adversaires peut permettre d'investir davantage dans des domaines liés à la sécurité comme le renseignement et les affaires militaires.
(Josef Braml, expert en affaires américaines à la Société allemande pour la politique étrangère)
La démocratie américaine est confrontée à des problèmes fondamentaux : l'augmentation des inégalités sociales, la stagnation de la mobilité entre les classes, la mainmise des riches sur le gouvernement, des politiques qui reflètent les points de vue de groupes d'intérêt, la plupart des gens tombés dans une situation d'impuissance -voici la réalité actuelle des États-Unis. Le système politique américain ne recueille plus les faveurs de la majorité du peuple américain, et il se trouve même, au contraire, dans une crise de légitimité. C'est le postulat de base de mon nouveau livre, « Auf Kosten der Freiheit. Der Ausverkauf der amerikanischen Demokratie und die Folgen für Europa » (« Au prix de la liberté - La vente de la démocratie américaine et son impact sur l'Europe »).
La plupart des Américains ont perdu confiance dans la puissance économique et politique actuelle des États-Unis. Le rêve américain, celui qui fait qu'on peut changer son destin grâce à ses propres efforts, s'est fané. Beaucoup d'Américains commencent à s'inquiéter pour leur vie quotidienne et se sentent impuissants à changer leur destin. Dans le même temps, ils en sont réduits à regarder quelques personnes imposer leur force sur la politique, et changer les règles du jeu afin que leur part du gâteau soit plus grosse. C'est un phénomène anormal où on voit la redistribution se faire à partir du bas de la société vers le haut ; seule une petite partie de l'élite en bénéficie, et l'effet ciseaux entre riches et pauvres est en croissance.
Pendant la campagne, des populistes comme Donald Trump sont appréciés des gens, parce que la plupart d'entre eux croient que les hommes et femmes politiques actuels ne sont plus représentatifs des intérêts du peuple. Le peuple américain en a assez du train-train et du manque de changement dans la politique. Les fonds de campagne d'Hillary Clinton sont soumis à Wall Street, tandis qu’un super-riche comme Donald Trump n'a aucune crainte d'être soudoyé par qui que ce soit, et il n'est redevable envers personne.
Lors des dernières élections présidentielles américaines, les financements de campagne contrôlables ont atteint les 2 milliards de Dollars US, mais pour les élections de cette année, ils pourraient atteindre 6 milliards de Dollars US. Derrière la campagne pour amasser des fonds, chaque centime a vocation à influencer les décisions politiques futures. La plupart de ceux qui versent des contributions politiques sont des fabricants d'armement, des magnats du pétrole et du gaz, des sociétés des technologies de l'information et le secteur financier. Et ces gens-là ne veulent pas voir l'État contrôler et imposer des taxes sur ces secteurs.
Les riches peuvent aussi faire de bons « investissements » lors des élections législatives. Lors des élections à la Chambre des représentants, 94% des gagnants sont les candidats qui ont le plus d'argent. Au Sénat, ce taux est de 82%. Par conséquent, conserver son siège lors des élections à la Chambre des représentants tous les deux ans suppose de dépenser au moins 2 millions de Dollars US. Et pour devenir ou demeurer un sénateur lors des élections sénatoriales, qui ont lieu tous les six ans, il faut une moyenne d'environ 10 millions de Dollars US.
La situation d'opposition entre le président américain et le Congrès née après les élections de mi-mandat de 2010 se poursuivra après les élections présidentielles de 2016. Cette impasse dans laquelle se trouve la politique américaine a complètement déformé l'intention originelle des pères fondateurs des Etats-Unis, qui voulaient établir un équilibre des pouvoirs entre le Congrès et le président.
Le prochain président américain ne pourra avoir un réel pouvoir de décision que dans un domaine : la politique de sécurité. Le Président américain est le commandant suprême, tandis que dans le même temps, les États-Unis dominent les activités mondiales des services de renseignement, et c'est à ce moment-là qu'il est le « plus fort » du monde, en particulier quand les États-Unis prétendent être menacés -par exemple, par des menaces terroristes extrémistes. Lorsque la menace s'approche, le Président, dont la liberté de mouvement est en général restreinte, renforcera ses propres pouvoirs et brisera les limitations imposées par le Congrès. Cela s'explique d'une part parce que les menaces externes écartent de la vue du public les graves contradictions sociales internes comme le racisme, la pauvreté, la criminalité, les stupéfiants, etc. ; et d'autre part, parce qu'identifier des adversaires peut permettre d'investir davantage dans des domaines liés à la sécurité comme le renseignement et les affaires militaires.
(Josef Braml, expert en affaires américaines à la Société allemande pour la politique étrangère)