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POINT DE VUE

MOUSSORO : L’ARMEE DE DEMAIN : SERA T-ELLE UN GAGE POUR NOTRE DEVELOPMENT NATIONAL ?


Alwihda Info | Par - 18 Décembre 2011


A mon frère, soldat - le « soldat-fantôme » doit disparaître de nos rangs etc. …


L’adjectif  « militaire » signifie : « propre à l’armée et à son organisation » mais comme nom commun il signifie   « personne qui fait partie de l’armée »

 

  Le mot « soldat » ou  « combattant » nom commun ou adjectif signifie aussi « militaire ».

 

Mot d’origine italienne (soldato), le soldat est défini par le petit Larousse comme : « homme ou femme équipé et instruit par l’Etat pour la défense du pays »

 

Par contre un « guérillero » est désigné comme un soldat qui combat dans une guerre généralement menée par des partisans. Le qualificatif « révolutionnaire » vise cette catégorie

 

Le soldat est aussi un militaire temporaire ou permanent d’une armée aussi bien en temps de guerre qu’en temps de paix.

 

Toujours pour faire allusion au soldat, il existe des  qualificatifs tels que : maquisard, résistant, sniper, franc-tireur, fidayî , moudjahid, engagé, guerrier et dans le jargon local : amkisse ; chinéguili ; goumié et que sais-je encore…

Là aussi, nous avons théoriquement un soldat instruit ou pas et équipé, mais pas par l’Etat.

Tout découle du qualificatif pour lequel vous optez. L’Etat s’occupe du soldat, l’instruit et l’équipe. Les semblables à notre soldat sont également équipés par quelqu’un mais il reste à savoir : les a-t-il instruits ?

Je n’adhère pas totalement au contenu de cette définition  qui précise qu’un soldat doit absolument être instruit car dans la pratique (surtout au niveau de l’infanterie), nous avons constaté que les soldats semi alphabétisés ont fait leur preuve et furent plus efficaces que les soldats instruits selon la définition.

Nous y reviendrons s’il faut approfondir le sujet puisque nous parlons d’un soldat tchadien en service à l’intérieur du territoire national.

Par contre, j’insiste qu’il soit au moment de l’engagement, en bonne santé physique et morale, libre, non marié, sans contraintes pour embrasser cette carrière. Un soldat marié est dans la pratique, source à problème.

Au Tchad,  la présence de premiers hommes/femmes engagés comme soldats a été signalée dans l’organisation des expéditions militaires, oeuvres des grands empires et royaumes que nous avons connus et dont l’épopée héroïque est enseignée dans nos écoles.  

Ces soldats portaient de titres et noms spécifiques selon la tradition en vigueur du lieu où ils étaient recrutés : Ouaddaï,  Baguirmi, Kanem et même dans les petites chefferies de l’actuelle zone méridionale du Tchad. 

1960-1962, l’Armée nationale Tchadienne (ANT) est mise sur pied avec quelques démembrements : les méharistes pour les FAT - les pelotons montés (mobiles) pour la Gendarmerie -  les S.I (sections d’intervention - une cinquantaine au total) pour la Garde Nomade etc…. 

Elle a évolué cahin-caha pour accomplir sa mission jusqu’aux Accords de Khartoum (Rép. du Soudan) qui fait de HABRE, premier ministre .dans un Gouvernement de consensus.

Je reviendrai prochainement plus en détail sur le contexte dans lequel le recrutement et la formation de cette jeune Armée ont eu lieu.

Février 1979 a sonné la dislocation de cette Armée Nationale Tchadienne.

De nombreux témoins sont encore en vie et peuvent fournir des informations à ceux qui voudraient bien être au bain de cet épilogue pour une raison ou une autre.

Les FAT, embryon de l’ANT, elle-même embryon du 1er Régiment Colonial français du Territoire du Tchad furent profondément marquées et bouleversées par ces événements.

Malgré la propagande à consonance géopolitique menée par le CCFAN, un grand nombre de soldats et officiers de cette composante ont suivi le Colonel Kamougué dans son retrait au sud du pays.

 

Mais les contraintes et les pesanteurs de toutes sortes obligèrent les FAT, à leur tour, à reprendre le maquis (opter pour la clandestinité)  à l’instar des éléments du Frolinat puisque les agglomérations sont conquises et occupées par les FAN d’Hissein Habré : ce sont les « Codo » 

 

A ce stade, l’histoire a fait couler dans une même moule  soldats des FAT et soldats du Frolinat à l’insu de leurs chefs politiques qui, entre-temps faisaient le marathon sur l’axe Kousseri-Lagos-Cotonou-Tripoli.

 

Revenir et expliquer que le soldat issu des FAT n’est pas semblable à celui issu du Frolinat (y compris celui issu des FAN) devient une équation difficile à déchiffrer. Soldat = Soldat. Je m’arrête là.

 

C’est aux alentours de cette période qu’un autre sigle vit officiellement le jour ; il s’agit du sigle : « FANT » =Forces Armées Nationales Tchadiennes ; singulier sigle né de la fusion de deux autres sigles à savoir FAN et FAT.

 

 Considérées comme une sorte de plate-forme, les FANT ont servi par la suite de lieu de refuge et d’intégration à un grand nombre de combattants issus des Ex-tendances politico-militaires du GUNT (CDR-FAP-1ère Armée etc….)

 

Selon les concepteurs de ce sigle, on a tout simplement demandé aux seconds (le groupe des dissidents au Colonel Kamougué qui ont rejoint les rangs des FAN) d’effacer les deux premières lettres (FA) des FAT pour les remplacer par les deux premières lettres (FA) des FAN qui,  étymologiquement, ont la même signification et transcription à moins de consulter l’Académie Française pour se situer..

 

Mais pour les vainqueurs, le poids et la portée symboliques des mots ont leur sens même si «Forces Armées» est et signifie «Forces Armées». Ce qui fut fait.

 

Ainsi les seconds, considérés filleuls, s’acoquinèrent aux premiers.

 

Mais malgré leur état d’esprit, ils eurent néanmoins le courage de solliciter que la troisième lettre du sigle « FANT », le N, maintenu, soit prononcé « Nationale » et non « Nord » Le reste sans changement.

 

La sollicitation fut chimériquement acceptée. Pour la petite histoire, la fameuse sollicitation qui, en principe devrait être une demande transmise par écrit à qui de droit pour être entérinée (officialisée) n’a pas été faite, faute de signature.

Dans tous les cas, notre étrange sigle a vu le jour et a eu droit de cité.

 

Depuis lors, notre sigle  « FANT » a fait clopin-clopant son petit bout de chemin pour enfin faire place à un autre sigle : les « FAS » = Forces Armées et de Sécurité (art 187 de la Constitution) .

 

Nonobstant son caractère officiel, les usagers du sigle « FAS » l’utilisent dans une confusion totale lui faisant perdre sa valeur constitutionnelle et son respect. (Voir la transcription des en-têtes dans les documents officiels des Armées)

              Malgré son caractère officiel dis-je, certaines administrations de notre Armée continuent de nos jours, sans se rendre compte, à faire usage des sigles « ANT », « FAT » et « FANT ».

              L’histoire en la matière est longue et diversifiée. Nous y reviendrons un jour pour discuter avec ceux qui s’intéressent à ce sujet si les détenteurs des amphithéâtres (Maisons des culturels) peuvent avoir le courage de nous organiser de telles rencontres.

L’opération de clarification que le Président Idriss Deby Itno mène actuellement est arrivée à point nommé.

Personnellement, je le félicite et l’encourage sur cette voie.

Tant qu’on n’arrive pas à mettre en place une armée digne de ce nom, tout ce qu’on fera pour le développement de ce pays sera considéré comme de l’eau versée sur une tête rasée. (Pas sur ma tête)

 

Le nettoyage doit continuer car malgré le travail effectué à Moussore, certains « gros poissons »  ont échappé au filet.

Je confirme la teneur de cette affirmation car mon  passage de courte durée (10 ans) dans les rangs du Frolinat m’a permis de les connaître et nous continuons à nos jours de garder de bonnes relations.

Certains collègues ont refusé de reprendre leur ancienne profession et ont opté pour l’armée, non pas par conviction, mais pour la simple raison que le grade d’officier en vogue est porteur.

 

Je peux citer à titre d’exemple qu’un aide de camp d’un chef de guerre que j’ai connu dans les grottes de l’Ennedi (Fada) venait souvent me rendre visite affichant sur ses épaules  le grade de  COLONEL.

 

Que son âme repose en paix puisqu’il n’est plus de ce monde suite aux événements douloureux que le pays a connus tout récemment. Si dieu ne l’a pas rappelé auprès de lui, aujourd’hui je le verrai GENERAL sans aucun doute.

 

De nos jours, et c’est avec peine que je le signale, certaines individus pensent que le grade le plus élevé dans l’Armée, les hautes fonctions et titres dans l’administration  constituent une aubaine divine, un héritage hors pair destinés  et réservés uniquement à certains d’entre eux pour service  rendu dans le maquis. Hélas….qu’ils se détrompent….

A l’époque, sous prétexte de les motiver pour services rendus à la Nation, le Président Tombalbaye  avait accordé à certains fonctionnaires des grades et titres exceptionnels. L’acte en soit n’étant pas mauvais, mais l’opération s’est déroulée en violation des textes réglementant et accordant ces  privilèges.

 

Je me passe de commentaires, le Président Tombalbaye a ses raisons, mais il en avait mis trop de sel.

Ainsi, en 1975, le CSM a ramené ces agents liges à leur catégorie et classe initiales conformément au statut de la Fonction publique. (voir Livre blanc du CSM) .

L’Etat a été clément puisque aucune poursuite n’est engagée à l’encontre de ceux-ci pour les condamner à verser au trésor public le surplus de fonds qu’ils avaient indûment gagnés au cours de cette opération.

 

Que dire des cadres civils pour lesquels l’Etat a déboursé de fonds pour les former dans diverses spécialités et qui jurent sur la tête de leurs ancêtres de ne pas les exercer tant que l’Armée existe ? Je peux comprendre à la rigueur le cas des petits frères qui n’ont pas pu achever leurs études mais pas les autres matures c.-à-d. ceux qui ont eu à exercer dans le secteur public et privé ?

 

Quelle est cette logique qui vous astreint à être officier des FAS au lieu de reprendre votre travail d’enseignant, maçon, charcutier, taximen… étant donné que la lutte pour laquelle vous aviez consenti des sacrifices a triomphé si ce n’est qu’être officier est une fonction porteuse ? On opte pour l’Armée mais on ne le devient pas. Le militaire n’est pas un homme ordinaire. Que chacun de nous le sache pour l’avenir.

Par contre si le pays est menacé de manière grave, rien n’empêche qu’on vous mobilise pour la cause. Il y a bel et bien au Tchad des officiers réservistes. On pourra bien mettre ces officiers dans cette catégorie au lieu de les considérer comme des officiers assimilés.

 

Dans un passé récent, les officiers assimilés étaient considérés comme de purs produits de parcours d’une politique militaire frimeuse et erratique à court de qualificatifs appropriés pour les identifier et les classer dans la hiérarchie militaire..

Le but final recherché étant tout simplement d’en faire une catégorie dans l’Armée et partant de les motiver dans le plus grand obscurantisme..  

Je me suis posé la question à l’époque de savoir si, à cette allure, on  pourra avoir des soldats pour constituer un groupe de combat dans une section d’infanterie classique ? Je n’ai pas eu de réponse jusqu’à présent. Le « gros » du problème se situe à ce niveau car ce sont les soldats qui font les Armées..

 

Dans la hiérarchie classique de l’Armée, il y a les hommes de troupe, les sous-officiers et les officiers.

Mais lorsque le mot « assimilé » est entré dans le jargon militaire tchadien, l’équivalent supposé de cette hiérarchisation fut : combattant (HT) ;  sous-officiers assimilés (SOA), officiers assimilés (OA).

 

En d’autres termes, le combattant a le choix d’arborer la distinction de soldat de 1ere;;; classe comme dans l’ex GNNT - Le Sous-officier assimilé, lui, peut sélectionner et galvauder un des galons destinés aux Sous-officiers (du Caporal à l’Adjudant-chef) - quant à l’Officier assimilé sa préférence touche les galons destinés aux Officiers  (du Sous-lieutenant à ceux réservés aux  Généraux).

Dans ces hypothèses, l’assimilé a toujours opté pour le grade et le titre le plus élevé.

 

 Mais nombreux sont ceux qui oublient qu’il y a aussi le personnel civil de l’Armée ou des Armées.

On peut envisager la possibilité de procéder à des recrutements dans cette catégorie de personnel si ce geste pourrait résoudre le problème des « assimilés » qui demandent, coûte que coûte, à être au service de l’Armée.

Ils y trouveront leur compte puisqu’ils refusent d’aller ailleurs. Certains ont poussé le ridicule, en se faufilant, telle une couleuvre en quête de gîte, pour se positionner dans les structures spécialisées de l’Etat : la Police Nationale, la Douane et les Eaux et forêts. Tout est lié, en fin de parcours, à l’acquisition du gain facile.

 

Il faut travailler dans le sens que ce concept disparaisse de nos habitudes si nous voulons réussir les batailles de développement en cours et à venir.

Le « soldat-fantôme » doit disparaître du Tchad.

 

L’Etat étant le plus gros pourvoyeur d’emploi au Tchad s’occupera de ce dossier ; j’affirme sans ambiguïtés que les accrocs les plus incongrus, grossiers, extravagants seront constatés et relevés dans les opérations d’investigation et de contrôle à venir.

 

Va-t-on les découvrir dans les conclusions des  prochaines investigations chez nos frères et sœurs paramilitaires, les retraités de  la CNRT ou ailleurs ? On le saura….

Je reviendrai avec d’autres contributions, si le temps s’offre, pour étayer cette situation.

Par Abou Bila

A la prochaine…..

 

 




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