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AFRIQUE

Niger : éradiquer le mariage des enfants


Alwihda Info | Par Koffi Dieng - 11 Mars 2025


Le mariage des jeunes filles vise à perpétuer une relation inter-familles, sauvegarder l’honneur de la famille, préserver la virginité avant le mariage et empêcher toute grossesse extraconjugale.


Le 9 janvier 2025, le gouverneur de la région de Maradi, Mamane Issoufou, a ouvert un forum des jeunes pour la vulgarisation du plan stratégique national 2024-2028 pour mettre fin aux mariages des enfants dans la région. Au Niger, 28 % des filles de moins de 15 ans et 76 % des filles de moins de 18 ans sont mariées.

Le Niger est l’un des pays d’Afrique aux taux de mariage précoce les plus élevés. Selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), au moins 5 millions d’épouses sont des mineures. Près de 3 jeunes femmes sur 4 ont été mariées pendant leur enfance.

Au Niger comme dans l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne, les mariages précoces sont influencés par deux facteurs : les facteurs socioculturels et les facteurs économiques. Les facteurs socioculturels jouent un rôle central dans la pratique des mariages précoces. Cette pratique a des racines culturelles très profondes dans de nombreuses communautés.

Le mariage des jeunes filles vise à perpétuer une relation inter-familles, sauvegarder l’honneur de la famille, préserver la virginité avant le mariage et empêcher toute grossesse extraconjugale. Les facteurs économiques jouent également un rôle notable dans la perpétuation de cette tradition. Dans les familles aux faibles revenus, les filles peuvent être considérées comme des fardeaux, elles coûtent davantage qu’elles ne rapportent.

Leur mariage est une façon de les passer à la charge d’une autre famille. Cela permet d’avoir moins d’enfants à nourrir, habiller et éduquer. De plus, dans certaines communautés, les mariages sont souvent arrangés en fonction de la dot, un paiement symbolique effectué par le marié ou sa famille à la famille de la jeune fille. Ce paiement représente un bénéfice économique non négligeable pour la famille de la jeune fille.

Ainsi, la perspective d’obtenir une dot tôt peut motiver le mariage précoce. Ce paiement est également considéré comme un signe de l’engagement du futur époux qui, dans 40 % des cas, a plus de 10 ans de plus que sa promise.

Mettre fin aux mariages précoces
Au Niger, au cours des 10 dernières années, le pourcentage de femmes ayant été mariées ou en couple pour la première fois avant l’âge de 18 ans n’a baissé que de 0,3 %. Il aurait dû baisser de 24,1 % pour permettre la fin des mariages d’enfants en 2030.

Plusieurs programmes nationaux et internationaux luttent contre cette pratique dans le pays. Depuis 2019, le Niger met en place des plans stratégiques nationaux pour éradiquer les mariages précoces. Également, le Niger a ratifié plusieurs textes internationaux visant à interdire et à lutter contre les mariages d'enfants comme la Convention relative aux droits de l'enfant de 1989, la Déclaration et Programme d’action de Beijing de 1995, etc. Mamane Issoufou souligne que « Le mariage des enfants constitue une violation flagrante des Droits de l’Homme.

Il compromet la santé, l’éducation et la participation sociale des enfants, tout en les privant de leur liberté ». Le Niger bénéficie de l’action de plusieurs organisations internationales. Notamment du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFAP) et de son initiative adolescente du Niger qui vise à scolariser les jeunes filles.

Selon Dominique Tabutin il existe une corrélation positive entre le niveau d’éducation et l’âge au mariage. La scolarisation favorise le recul de l’âge d’entrée en union. En 2022 et 2023, Filles, Pas Épouses a aidé huit organisations et coalitions de la société civile à plaider en faveur du financement national ou local de l’éducation des filles. Cela dans le cadre du projet Éducation à voix haute.

Un projet du Partenariat Mondial pour l’Éducation qui vise à aider la société civile à être active et influente dans l'élaboration des politiques d'éducation afin de mieux répondre aux besoins des communautés, en particulier des populations vulnérables et marginalisées. Le Niger bénéficie également du Programme mondial UNFAP-UNICEF lancé en 2016, visant à mettre fin au mariage d'enfants.

En conclusion, bien que le Niger fasse face à des défis considérables pour éradiquer les mariages d'enfants, des efforts nationaux et internationaux sont en cours pour mettre fin à cette pratique et protéger les droits des filles. L'engagement des autorités nigériennes, des jeunes, ainsi que des organisations internationales telles que l'UNICEF et l’UNFAP, est crucial pour permettre ce changement.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)