Le 25 Avril 2011, les tchadiens à l’intérieur du pays et de l’extérieur en âge de voter sont appelés aux urnes pour élire un candidat de leur choix pour la présidence. On constate la présence des observateurs nationaux et internationaux des ONG, les présidents du bureau et leurs secrétaires dans les différents bureaux de vote ainsi que les représentants de trois candidats sont aussi présent dans certains bureaux. Mais l’on se pose toujours la question sur le pourcentage réel du taux de participation aux scrutins. Car la population ne se sentant pas dans son bain par manque du sérieux organisationnel et la demande de boycott de l’opposition, elle est presque absente aux urnes. Il y a dans certaines régions que après 12h on ne peut voir que des agents de bureaux de vote et les forces de l’ordre. Les électeurs ont voté avec les cartes d’électeurs, certains avec des cartes d’identité nationale ou encore sans une pièce quelconque. Et aussi des mineurs qui ont accompli leur droit civique sans aucune inquiétude. Pour résumer, il y a eu un désordre total dans l’organisation et dont la CENI en est grande partie responsable. Ce que l’on peut retenir de ces élections est que le taux de participation est très faible. Mais les résultats de l’élection présidentielle ne surprennent personne.
Les raisons de la victoire
Deux grandes raisons attestent que le président Deby, doit sortir victorieux des urnes. La première concerne le retrait des trois poids lourds de la course présidentielle et la deuxième raison concerne les projets de développement réalisés pendant les trois dernières années par le président sortant.
Sur ce dernier point, il est clair que, les infrastructures routières et immobilières qui ont fait de N’djamena la « vitrine » de l’Afrique centrale ainsi que les projets de constructions qui poussent comme de champions ont été des raisons pour certains N’djamènois et N’djamenoises de voter le président sortant. Il faut dire aussi sans ignorer que la santé n’a pas de prix et l’État tchadien s’en est investit sur l’ensemble du territoire. Las de guerre aux issues incertaines et aux conséquences imprévisibles, Les tchadiens ont privilégié les urnes mettant ainsi fin aux conflits inter armés fratricides des cinq dernières décennies. La population démontre par son engouement qu’elle fait confiance au président sortant car n’a-t-on pas dit que la vielle marmite prépare toujours de la bonne soupe ? Parlant de la paix, celle contractée avec le Soudan grâce à l’initiative IDI était également une raison convaincante poussant les tchadiens à se remettre au destin et privilégier la stabilité.
Les erreurs de l’opposition politique
Les leaders politiques qui ont préféré se retirer de la course présidentielle en accusant la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) de n’avoir pas réuni toutes les conditions pour le bon déroulement des élections présidentielles ont peut être tord de ne pas respecter la procédure normale. Sans consultation de base, ils ont mis certain de leurs militants dans des conditions difficiles ne sachant sur quel pied danser. « C’était depuis longtemps qu’on attendait cette élection, nous nous sommes bien préparés pour remporter, malheureusement nous sommes abandonnés à notre propre sort », a déclaré un militant de l’UNDR de Saleh Kebzabo.
Il est vrai que lors des élections législatives de février dernier, les partis de l’opposition ont rendu la vie dure au parti au pouvoir même s’il est arrivé à remporter une écrasante victoire, avec près des trois quarts des sièges à l’assemblée nationale.
Personne ne peut contester les revendications légitimes des partis politiques qui ont protesté les résultats des législatives et qui cherchaient à rendre l’élection présidentielle plus libre, plus transparente et plus propre. Mais le retrait précipité sans la concertation de la population n’a pas été du goût des bureaux concernés. Même son de cloche de la part de la communauté internationale. L’ancien ambassadeur de l’Union européenne au Tchad M. Gilles Desèsquelles, n’a pas mâché ses mots. A l’aéroport Hassan Djamous de N’djamena, à quelques minutes de son vol pour Paris, Desèsquelles n’a pas caché son amertume et sa déception. Il a fait savoir qu’il s’est entretenu plusieurs fois avec les intéressés pour les convaincre de revenir à la raison malheureusement il n’a pas réussi. Cette personnalité devenue spécialiste du dossier tchadien a quitté le Tchad tout en regrettant la situation dans laquelle s’y trouve selon se propres termes.
Déjà par le passé, les trois poids lourds « KebKamYo » avaient boudé le scrutin de 2006. Cette fois ci, ils protestent contre le rejet de leurs recours pour les élections législatives de février et également pour le refus du pouvoir de revoir la carte d’électeur. On se demande si les « retraités » de la course présidentielle vont participer aux élections locales prévues en juin prochain, conformément aux accords politiques signés le 13 août 2007 entre le gouvernement et l’opposition.
Les douze priorités qui attendent Deby
Aujourd’hui, on peut se permettre de dire que les résultats de l’élection présidentielle sont consommés, Idriss Deby est reconduit pour gérer la destinée du pays. Une chose est sûre : en aucun moment le nouveau mandat ne doit être semblable à celui du passé. Il y a une nouvelle génération sur le marché du travail. Une jeunesse qui suit avec une attention particulière ce qui se passe autour d’elle plus particulièrement dans le monde arabe. Une jeunesse avide du progrès et de la justice. Le nouveau président de la renaissance doit prendre en compte cette réalité et faire en sorte que cette jeunesse ne doit pas être déçue. Il doit nécessairement revoir sa politique et procéder à un changement radical pour satisfaire la jeunesse. Pour cela il ne faut pas perdre de vue les 12 priorités suivantes:
1/ Donner un nouveau look à la prochaine équipe gouvernementale en impliquant un peu plus la jeunesse dans la politique.
2/ Mener un vrai combat contre la corruption avec la création d’une institution indépendante capable d’assumer cette responsabilité.
3/ Investir dans l’éducation des enfants (jardins d’enfants—écoles primaires) en consacrant un budget important. Le but est de préparer la prochaine génération à être le fer de lance d’un Tchad nouveau loin de la corruption, de la haine et de tribalisme.
4/ Rétablir sans ‘démagogie’ l’eau et l’électricité dans toute l’étendue du territoire.
5/ Briser les barrières administratives en informatisant toute l’administration pour assouplir les démarches et mettre fin à la corruption et aux chantages dans l’administration.
6/ Relancer le vrai débat démocratique.
7/ Améliorer la situation socioéconomique:
a) Investir dans l’industrie agricole pour réduire le taux de chômage de la jeunesse,
b) accorder des prêts à la jeunesse pour concrétiser leurs propres idées et innovations,
c) accorder des crédits immobilier aux citoyens,
d) renforcer les domaines artisanal et touristique.
8/ Lancer un projet de construction d’habitats sociaux et des forages des puits dans les villages.
9/ Améliorer le transport routier dans la capitale et les grandes villes.
10/ S’investir dans les projets de énergie durable (solaire, éolienne, hydraulique)
11/ S’investir dans la communication
a/ exhonorer tout matériel informatique des droits de douanes à l’instar du Bénin...
b/ Faire baisser le coût de communication téléphonique
c/ Procéder à une aide sérieuse et respectable à la presse.
12 Dégraisser l’armée et l’organiser pour la rendre plus professionnelle.
Yo-hounkilam Jules Daniel & Rakhis