Maudite Centrafrique diront les uns, fatalité diront les autres. Les coups d’état se succèdent. Dès lors, le processus de réconciliation nationale initié par la CEEAC, la communauté des Etats d’Afrique centrale, marque le pas malgré ses efforts déployés à Libreville. Un homme s’autoproclame président de la République centrafricaine, l’un des principaux chefs de la coalition Séléka, Michel Djotodia.
Ce dernier suscite l’ire de certains pays voisins d’Afrique centrale, mais s’engage à respecter les accords signés à Libreville en janvier 2013. Premier signe fort, le maintien de Nicolas Tiangaye, opposant au régime Bozizé, au poste de Premier ministre d’un gouvernement d’union nationale. Le président de la transition promet la tenue d’élections libres et transparentes d’ici 3 ans. Et surtout, il assurait encore il y a quelques mois le retour de la sécurité dans le pays d’ici la fin de l’année. Dix mois après son coup de force contre le régime de François Bozizé, la République centrafricaine est aux prises avec la violence et l’insécurité.
En première ligne, la population. Les Nations Unies dressent un bilan de 1,6 million de déplacés sur une population de près de 5 millions d’habitants, et 400 morts, un chiffre jugé en deçà de la réalité et revu à la hausse à plus de 3.000 morts par des sources y compris judiciaires du pays.
Michel Djotodia impuissant
Porté au pouvoir par une organisation hétéroclite de plusieurs mouvements rebelles sous le nom de l’alliance Séléka, Michel Djotodia, ancien fonctionnaire du ministère centrafricain des Affaires étrangères et ex-consul à Nyalla au Soudan, semble impuissant face à la situation alarmante qui prévaut dans le pays . Les efforts de la transition en faveur du désarmement des milices et de la population civile ne portent pas leurs fruits.
Jean-Didier Kabral, président de la fédération Europe du MLPC, le mouvement de libération du peuple centrafricain, parti d’opposition au régime de Bozizé, explique la situation: “Michel Djotodia est l’un des chefs de Seleka, ce n’est pas l’unique chef. La rébellion ne constitue pas une structure organisée et maîtrisée qui obéit à une hiérarchie militaire. Ses forces se composent d’éléments en provenance du Darfour, au Soudan, du Tchad. Elles ne disposent d’aucune formation militaire. Quand elles sont arrivées dans le pays, c’était la débandade. Ses hommes ne respectaient rien, ils dévastaient tout. Dans la mesure où Djotodia n’était pas le responsable unique de la rebéllion, il lui était difficile de contrôler tout ses mouvements. »
Incorporation de repris de justice, de bandits
De 4 à 5.000 éléments à l’origine, des mercenaires tchadiens et soudanais, les effectifs de la coalition Séléka étaient estimés entre 20 et 25.000 à la fin de l’offensive contre le régime de François Bozizé, et cela à la suite d’une incorporation incontrôlée de repris de justice remis en liberté et de redoutables bandits. “Quand Bozizé a chuté, la confusion s’est installée. Des prisonniers ont été libérés et sont venus renforcer les rangs de Séléka”, confirme Jean-Didier Kabral.
Absence des FACA
“Juste après la chute de François Bozizé, on ne parlait pas des FACA, les forces armées centrafricaines. Les FACA étaient invisibles. C’est seulement lorsque les autorités de la transition ont pensé à dissoudre Séléka que les FACA ont refait leur apparition.”
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Par Samantha Ramsamy
Source : Afrique Inside