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RD Congo : accord-cadre : les Congolais sceptiques


Alwihda Info | Par - 2 Mars 2013


L’abbé Richard Mugaruka de la société civile y décèle un agenda caché, celui de "la mise sous tutelle de la RD Congo en vue de sa balkanisation progressive, comme l’ex-Yougoslavie et l’ex-Soudan."


(Syfia Grands/RD Congo) Onze pays africains ont signé le 24 février à Addis-Abeba en Ethiopie un accord cadre destiné à ramener la paix dans l’Est de la RD Congo, en proie à des guerres à répétition. Mais cette initiative laisse sceptiques de nombreux Congolais qui doutent de son efficacité et craignent le morcellement du pays.

Ils sont nombreux à Kinshasa à penser que le texte de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RD Congo et la région, signé le 24 février à Addis-Abeba, fait le lit du morcellement du pays. Ils l’ont dit lors d’une tribune d’expression libre organisée la veille de la signature, le 23 février à la paroisse Notre Dame de Fatima par le collectif des Ong des droits de l’homme, en partenariat avec les acteurs politiques regroupés au sein de la plate-forme "Forces acquises au changement". Cet accord a été signé par neuf pays membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et deux de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Ils se sont engagés à respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale des Etats et à ne soutenir aucun groupe armé. La RDC doit, elle, réformer ses forces de sécurité (police et armée), consolider l’autorité de l’Etat, avancer dans la décentralisation, promouvoir le développement économique, la réforme structurelle des institutions de l’Etat et les objectifs de réconciliation nationale, de tolérance, et de démocratisation.
L’abbé Richard Mugaruka de la société civile y décèle un agenda caché, celui de "la mise sous tutelle de la RD Congo en vue de sa balkanisation progressive, comme l’ex-Yougoslavie et l’ex-Soudan." Le professeur Emmanuel Kabongo est aussi d’avis que la présence de la force internationale neutre le long des frontières de la RD Congo avec le Rwanda et l’Ouganda consacrerait le démembrement du pays. Car, soutient-il, cette présence va faire obstruction au gouvernement congolais qui se trouve dans l’impossibilité d’imposer son autorité dans les territoires de Masisi et Rutshuru contrôlés par le M23.

Balkanisation ?
D'autres plus optimistes estiment que les engagements pris par les pays de la région sont forts et constituent des gages pour la souveraineté de la RD Congo. Mais tel Saint Thomas, les Congolais ne les croient plus sur parole. Ils ne prennent plus les signatures des plénipotentiaires pour argent comptant. De trop nombreux accords ont été signés pour la paix en RDC et les Congolais sont devenus méfiants, soupçonneux.
Selon Me Pathy Lendo de l’Opposition scientifique, le texte signé à Addis-Abeba ne contient aucun élément novateur. Bien au contraire. Ce document rappelle vaguement l’Accord de cessez-le-feu conclu fin juillet 1999, à Lusaka, en Zambie, par les mêmes acteurs. L’objectif était quasiment le même : la paix, la sécurité, la réconciliation nationale, l’instauration d’un nouvel ordre politique fondé sur la démocratie et le rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. Ce nouvel accord pourra-t-il réussir là où celui de Lusaka a connu une fortune peu glorieuse ? Une "force neutre" pourra-t-elle restaurer la paix dans la partie orientale du Congo là où les 17.000 hommes de la Mission onusienne de "stabilisation" au Congo a échoué ? Beaucoup en doutent

Des questions légitimes
Selon Bionic Ninumbi, originaire de Shabunda dans les Kivu, les guerres, les morts, les viols, les massacres à l’Est de la RD Congo ne se réduiraient pas à un conflit de prédation des ressources minières par des bandes de mercenaires et de pillards : " Les enjeux fonciers, démographiques et politiques sont les motivations premières à prendre les armes pour de nombreux groupes que le trafic alimente."
Lors d’un point de presse animé le 27 février, le ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, a affirmé que cet accord-cadre n’est pas une panacée, mais "un élément important de la solution de la crise à l’Est." Appliqué par toutes les parties, il pourrait faire bouger les lignes.

Didier Kebongo




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