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AFRIQUE

Somalie/Annadif : "c’est un défi et je mesure le poids"


Alwihda Info | Par - 5 Novembre 2012



Le représentant spécial de l'Union Africaine auprès de la Somalie. Crédits photos : Idriss Izzo/ATPE
Le représentant spécial de l'Union Africaine auprès de la Somalie. Crédits photos : Idriss Izzo/ATPE

Interview réalisée par Salahadine Mahamat Sabour - infotchad.com

La diplomatie tchadienne est active ces dernières années. Nous en voulons pour preuve, la nomination de plusieurs cadres tchadiens dans des postes internationaux, et dont la dernière en date est celle de l’Ambassadeur Mahamat Saleh Annadif au poste de Représentant Spécial de l’Union Africaine auprès de la Somalie. C’est une mission difficile d’autant que la Somalie traverse une guerre civile depuis 1991. Les milices Chebabs, les pirates au large des côtes somaliennes sont, entre autres, quelques-uns des défis auxquels sont confrontés la communauté internationale, et bien évidemment le nouveau Représentant Spécial. Au cours de l’interview qu’il a accordé à l’Info, Mahamat Saleh Annadif demeure cependant serein quant aux tâches qui l’attendent.

Ma pensée va d’abord vers mon pays, au nom duquel j’ai été appelé. Je ressens une certaine fierté pour mon pays, en tant que tchadien, et pour moi-même. Au-delà de ca, je mesure un peu les défis auxquels je dois faire face. C’est vrai que l’Union Africaine est un domaine que j’ai beaucoup côtoyé aussi bien en tant que Ministre des Affaires Etrangères, Chef de Cabinet et Secrétaire Général de la Présidence de la République. Mais là, c’est une question assez sensible, la paix, la stabilité et l’unité de la Somalie. Comme vous savez, depuis 1991, la Somalie en tant qu’Etat n’existe pas du tout. Il n’y a pas une autorité centrale. Maintenant, les dossiers ont plus ou moins avancé. Il se trouve qu’il y a un gouvernement, mais la mission demeure toujours un challenge. Il y a des aspects diplomatiques, politiques, mais il y a aussi des aspects militaires parce que la MISSOM dont je serai bientôt le chef est une mission qui comporte près de 18 000 hommes sur le terrain dont à peu près une soixantaine de policiers. Ce nombre va sûrement augmenter et atteindre 20 000 hommes. Les interlocuteurs sont nombreux. D’abord le gouvernement somalien, la Communauté économique régionale (IGAD) dont la Somalie fait partie. Il y a l’Union Africaine, les partenaires qui financent la MISSOM, l’Union Européenne et d’autres partenaires bilatéraux,… Il y a au tant de partenaires avec lesquels il faut avoir un langage approprié aussi bien diplomatique que politique et comme je le dis, il y a un enjeu militaire. Tout cela réuni, c’est un défi et je mesure le poids.

Connaissez-vous personnellement la Somalie ?

J’avoue que j’ai une connaissance livresque de la Somalie. Je la connais à travers la télé et les journaux. Je n’y ai pas séjourné, à part quelques escales à l’aéroport de Mogadishu. Mais j’ai une idée quand même de ses difficultés.

Qu’est-ce qu’un représentant spécial ? Quelle est sa mission ?

Le Représentant spécial de l’Union Africaine est le Chef de la MISSOM. A ce titre, il a un triple chapeau. Il a un chapeau diplomatique, parce qu’il faut discuter, dialoguer et convaincre tous les partenaires qu’ils doivent appuyer la Somalie dans ses efforts de reconstruction. Il y a également, l’ONU, l’Union Européenne, la Ligue Arabe et bien évidemment l’Union Africaine. Il y a aussi des aspects politiques. Comment faire en sorte que les enfants de la somalie, toute tendance et toute obédience confondues, puissent s’entendre et penser à la reconstruction de leur pays, à son unité ? Là aussi, c’est un dialogue qui a des aspects diplomatiques et politiques. Il y a aussi la force militaire qui, elle jusque –là, combat ce que vous appelez les Chebabs et d’autres forces comme la piraterie dans les côtes somaliennes. Ce sont autant d’enjeux qu’il me faut prendre à bras le corps avec le concours des uns et des autres, parce qu’il y a quand même une structure sur le terrain sur laquelle je dois m’appuyer et j’espère que je pourrai un peu faire avancer ce dossier qui n’est pas facile du tout.

Pensez-vous vraiment régler un imbroglio comme la Somalie ? Êtes-vous vraiment optimiste ?

Optimiste ? C’est à l’Afrique de l’être parce que moi, je crois à l’Afrique, je crois à l’intégration régionale et je crois à l’unité africaine. La Somalie demeure un défi pour tous les africains. Je ne pouvais qu’apporter ma petite pierre pour l’édifice de la reconstruction de la Somalie. Beaucoup de choses ont été faites avant moi, d’autres sont en train d’être faites et je ferai partie de ces acteurs qui sont appelés à ce qu’un jour la Somalie retrouve sa flamboyance dans le temps. Un pays vraiment complexe sur tous les plans et qui a par contre une contribution que je souhaite très positive pour l’unité de l’Afrique et surtout l’enjeu que ce pays représente et particulièrement la paix et la stabilité en Somalie. Si par les efforts des africains on arrive à faire la paix en Somalie, c’est le plus grand défi, la plus grande réalisation que l’Afrique ou l’Union Africaine aura réalisée. Et comme vous le savez, les conflits en Afrique sont des défis majeurs. Si on arrive à faire la paix et la stabilité, je crois qu’on dira en tant qu’africain que c’est une mission qu’on a accomplie au service de l’Afrique.

Vous avez toujours bénéficié de la confiance du Chef de l’Etat qui vous a toujours placé à de hautes fonctions. Quel est votre secret ?

Je peux vous dire que l’un de mes ultimes secrets, c’est que j’aime mon pays. Le deuxième élément qui me donne des ressources, c’est que je n’accepte une proposition que quand je suis convaincu et je suis motivé par cette mission. Et donc, toutes les missions que le Chef de l’Etat me confie, c’est toujours après une discussion. Une fois que je suis convaincu que je sais faire cette chose, je l’accepte.Mais je m’assure d’abord de son soutien.
Qu’attendez-vous de votre pays pour accomplir votre mission ?

Mon pays a un rôle extrêmement important et chaque fois que j’ai l’occasion, je dois revenir chez moi. C’est ici que je me ressource, c’est ici que je dois recevoir le carburant nécessaire pour me permettre d’avancer. Je crois à la capacité de mes compatriotes et au Tchad mon pays. Sans eux et sans le Tchad, je ne pense pas pouvoir avoir une quelconque force pour accomplir une mission.



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