BOL (Tchad) - Pieds nus, pantalon attaché avec une corde, T-shirt usé, visage marqué: sous un soleil de plomb, Abacar Boucar, 50 ans, manie une pelle rafistolée avec des lanières pour irriguer un lopin de terre près de Bol, sur le lac Tchad.
"Souffrir, souffrir, souffrir", affirme-t-il avec un sourire triste, la bouche édentée. "Aujourd'hui, c'est la souffrance. L'eau baisse, on a dû mal à cultiver. Je suis malheureux".
Ce paysan est une des victimes du rétrécissement et de l'assèchement du lac Tchad, qui est passé de 25.000 km2 en 1960 à quelque 8.000 km2 aujourd'hui. La faute entre autres au réchauffement climatique planétaire et à la sur-utilisation de l'eau du lac par une population estimée à 30 millions de personnes.
Abacar Boucar n'a jamais entendu parler de la conférence sur le climat à Copenhague et le concept de réchauffement climatique lui est étranger. Il attribue son "malheur" à la baisse tendancielle de la pluviométrie ces dernières années. "Il faut qu'il pleuve", assure-t-il.
Il vit à Matafo, à six kilomètres au nord de Bol, la principale ville tchadienne autour du lac. Avant, le lac s'étendait jusqu'à son village.
"Je suis né à Matafo, mes parents y vivaient et on était heureux. La vie était meilleure. On cultivait là-bas", explique-t-il. "Mais, depuis que le lac devient sec, j'ai dû venir cultiver ici", près de Bol.
Tous les jours, il emprunte la route pour se rendre sur son lopin. Quand il a de la chance, il bénéficie d'une voiture ou d'un camion "amical", sinon, il marche. Lorsqu'il y a beaucoup de travail, il dort sur place pendant deux ou trois jours, loin de sa femme et ses six enfants.
"Avant, quand il y avait de l'eau, on pouvait aussi avoir des bêtes qui se nourrissaient seuls. On avait des boeufs, des cabris... Maintenant, je n'ai plus rien. On ne peut plus faire les deux (agriculture et élevage). Il n'y a pas assez à manger pour les animaux", près des lopins, raconte Abacar.
"On attend la récolte à chaque fois avec impatience. Que faire pendant ce temps?", se demande-t-il. Il vit avec entre 300.000 et 350.000 F CFA par an (450-525 euros), soit environ 40 euros par mois. "Ca ne suffit pas".
Abacar fait pourtant partie des paysans qui ont obtenu des terrains sur un polder (terre endiguée) irrigué par la Société de développement du lac Tchad (Sodélac), qui a fait mettre en culture 3.000 hectares.
Le système d'irrigation, mis en place vers 2004, a permis d'optimiser le sol et surtout d'effectuer deux récoltes par an sur des terres fertiles.
Les paysans sont répartis par petits groupements et chacun sait quand on va irriguer sa parcelle. Toutefois, la baisse continue du niveau du lac, qui a perdu environ un mètre ces dix dernières années, fait que même l'irrigation est devenue difficile.
"Le lac est désormais en dessous de certaines stations de pompage pour l'irrigation", explique Djerakoubou Dando, chef de service à la Sodélac.
"La terre, c'est la seule chose qui nous soutient aujourd'hui", conclut Abacar. Une terre rendue de plus en plus dure par le manque d'eau.
"Souffrir, souffrir, souffrir", affirme-t-il avec un sourire triste, la bouche édentée. "Aujourd'hui, c'est la souffrance. L'eau baisse, on a dû mal à cultiver. Je suis malheureux".
Ce paysan est une des victimes du rétrécissement et de l'assèchement du lac Tchad, qui est passé de 25.000 km2 en 1960 à quelque 8.000 km2 aujourd'hui. La faute entre autres au réchauffement climatique planétaire et à la sur-utilisation de l'eau du lac par une population estimée à 30 millions de personnes.
Abacar Boucar n'a jamais entendu parler de la conférence sur le climat à Copenhague et le concept de réchauffement climatique lui est étranger. Il attribue son "malheur" à la baisse tendancielle de la pluviométrie ces dernières années. "Il faut qu'il pleuve", assure-t-il.
Il vit à Matafo, à six kilomètres au nord de Bol, la principale ville tchadienne autour du lac. Avant, le lac s'étendait jusqu'à son village.
"Je suis né à Matafo, mes parents y vivaient et on était heureux. La vie était meilleure. On cultivait là-bas", explique-t-il. "Mais, depuis que le lac devient sec, j'ai dû venir cultiver ici", près de Bol.
Tous les jours, il emprunte la route pour se rendre sur son lopin. Quand il a de la chance, il bénéficie d'une voiture ou d'un camion "amical", sinon, il marche. Lorsqu'il y a beaucoup de travail, il dort sur place pendant deux ou trois jours, loin de sa femme et ses six enfants.
"Avant, quand il y avait de l'eau, on pouvait aussi avoir des bêtes qui se nourrissaient seuls. On avait des boeufs, des cabris... Maintenant, je n'ai plus rien. On ne peut plus faire les deux (agriculture et élevage). Il n'y a pas assez à manger pour les animaux", près des lopins, raconte Abacar.
"On attend la récolte à chaque fois avec impatience. Que faire pendant ce temps?", se demande-t-il. Il vit avec entre 300.000 et 350.000 F CFA par an (450-525 euros), soit environ 40 euros par mois. "Ca ne suffit pas".
Abacar fait pourtant partie des paysans qui ont obtenu des terrains sur un polder (terre endiguée) irrigué par la Société de développement du lac Tchad (Sodélac), qui a fait mettre en culture 3.000 hectares.
Le système d'irrigation, mis en place vers 2004, a permis d'optimiser le sol et surtout d'effectuer deux récoltes par an sur des terres fertiles.
Les paysans sont répartis par petits groupements et chacun sait quand on va irriguer sa parcelle. Toutefois, la baisse continue du niveau du lac, qui a perdu environ un mètre ces dix dernières années, fait que même l'irrigation est devenue difficile.
"Le lac est désormais en dessous de certaines stations de pompage pour l'irrigation", explique Djerakoubou Dando, chef de service à la Sodélac.
"La terre, c'est la seule chose qui nous soutient aujourd'hui", conclut Abacar. Une terre rendue de plus en plus dure par le manque d'eau.