Accueil
Envoyer à un ami
Imprimer
Grand
Petit
Partager
TCHAD

Tchad : HRW dénonce les violations à la prison de Koro Toro, le gouvernement réagit


Alwihda Info | Par Hibé Ouadjouli Evarist - 8 Août 2024


Le chef de la diplomatie et porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah, a réagi au rapport de HRW à RFI. Il dénonce des "propos désaxés" et des "affirmations gratuites", "sans aucune preuve".


Dans un rapport accablant intitulé « Pire que l'enfer » : Mort et torture à la prison de Koro Toro au Tchad, rendu public en août 2024, l'Organisation Human Rights Watch a documenté de graves violations des droits humains subies par les manifestants pendant leur transfert de N'djamena à Koro Toro, ainsi qu'au sein de la prison elle-même. Basé sur des entretiens avec des survivants, des témoins et des images satellite, le rapport expose les abus commis contre les anciens détenus, y compris des enfants, dans le cadre de la répression des manifestations du 20 octobre 2022, depuis leur détention jusqu'à leur libération.

Ces abus incluent le travail forcé, la torture, les traitements inhumains, et le refus de soins médicaux, conduisant parfois à des décès en détention. Le rapport souligne également la détention arbitraire et les procès inéquitables. Il décrit les conditions déplorables et illégales de détention à Koro Toro et formule des recommandations pour remédier à cette situation.

Le rapport précise que le gouvernement tchadien a justifié la détention et le transfert de centaines d'hommes et de nombreux garçons à Koro Toro en affirmant que les manifestants du 20 octobre étaient des insurgés. « Même si tous les manifestants ont été graciés, leurs détentions n'avaient pas de fondement juridique, et rien n'indiquait qu'elles étaient nécessaires. Les détenus n'ont pas eu accès à un avocat avant d'être interrogés, et les procès ont été hâtifs et arbitraires. La nature massive de la détention à Koro Toro n'a fait que mettre en lumière les abus qui y sont commis », souligne le rapport.

Dans ce document de plus de 90 pages, Human Rights Watch demande au gouvernement tchadien de mettre fin à ces abus en fermant la prison de Koro Toro 1 et en rénovant Koro Toro 2, notamment via la mise en place d'infrastructures conformes aux normes internationales. Le gouvernement est également appelé à garantir la reddition des comptes pour les graves abus commis contre les détenus, en suspendant l'amnistie accordée à tous les soldats, gendarmes et policiers impliqués. Les autorités sont invitées à prendre des mesures pour confirmer l'identité de ceux tués lors de la répression des manifestations et à restituer les corps aux familles pour un enterrement approprié.

Human Rights Watch appelle également les partenaires bailleurs de fonds à inciter le gouvernement tchadien à mener une enquête approfondie et à sanctionner toutes les violations des droits humains commises par des représentants de l'État en lien avec les manifestations du 20 octobre et à la prison de Koro Toro. Les partenaires doivent encourager vivement les autorités tchadiennes à traduire en justice, dans des procès équitables et crédibles, les membres de l'armée et autres responsables des mauvais traitements et abus commis pendant le transfert et à la prison. Une formation aux droits humains, mettant l'accent sur l'interdiction de la torture et l'usage excessif de la force, est également recommandée.

Aux Rapporteurs Spéciaux des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires et sur la torture, Human Rights Watch les encourage vivement à se rendre au Tchad pour examiner les cas de torture, de mauvais traitements et de décès en détention, y compris ceux décrits dans le présent rapport, et à fournir un compte rendu public de leur visite.

Enfin, Human Rights Watch appelle la CEEAC à publier les résultats des enquêtes menées au Tchad en 2023 sur la réponse de l'État aux manifestations du 20 octobre, ainsi que sur le transfert et la détention des manifestants à la prison de Koro Toro.

Des "propos désaxés", dénonce le gouvernement

Le chef de la diplomatie et porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah, a réagi au rapport de HRW à RFI. "Je suis un peu étonné de ces allégations qui sont complètement mensongères. Les personnes qui ont été arrêtées ont bénéficié de tous leurs droits. Elles ont été transférées dans des conditions humaines, acceptables. Aucune des personnes transférées n'est morte durant le trajet", selon le ministre d'État.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)