L'enseignant-chercheur Ahmat Moustapha.
Alwihda Info. Quel regard portez-vous sur la situation économique actuelle du pays en tant qu'enseignant-chercheur ?
Ahmad Moustapha. Tout le monde est passé par là, la crise n'est pas surprenante, tant qu'il n'y a pas une politique économique cohérente et une rigueur dans la gestion de la chose publique, elle sera toujours là à côté de nous. Le Tchad est un pays à vocation agro-pastorale, le pétrole n'est qu'un surplus pour la richesse nationale donc on doit quand bien même avoir ce discernement, la chute du prix de baril du pétrole peu être un souci mais pas majeur jusqu'à compromettre l'économie du pays.
Dès l'entame de l'année 2016, le président Idriss Deby a annoncé une année difficile, faisant allusion à la chute du prix de pétrole sur le marché international, tout en demandant à ses compatriotes de serrer la ceinture. Pensez-vous que les fameuses 16 mesures d'austérité prise par le gouvernement, sont efficaces pour remédier à la crise économique et financière ?
Cet effondrement s'explique par le fait que lorsque le revenu pétrolier a inondé le pays, on a fait fi de tous les secteurs générateurs de revenus, le pactole était immense à tel enseigne qu'on a commencé à investir dans les éléphants blancs, les infrastructures de base et autres investissements sans tenir compte de la faisabilité cardinale qui émaille tout investissement. Les mamelles financières étaient à la merci des prédateurs, les secteurs prioritaires tels l'élevage et l'agriculture n'ont pas été accompagnés pour qu'ils prospèrent et donnent un effet retour, bref une bonne planification n'as pas suivi les dix années glorieuses.
En outre, les 16 mesures drastiques ont été prises à la volée du moment ou aucune concertation ni avec les leaders sociaux moins encore les opérateurs économiques n'étaient pas au centre de l'enjeu, pire encore cette situation n'a pas provoqué l'engouement chez les chercheurs en économie par ce qu'ils se sont sentis ignorés par les décideurs.
Les 16 fameuses peuvent faire preuve à très court terme avec ses effets pervers bien sûr, mais ça ne peut pas redresser l'économie à long terme par ce qu'elles ont été surplombées par l'augmentation des impôts qui dégage un effet de châtiment double c'est-à-dire que le revenu a baissé et en même temps enfoncé par la hausse des impôts donc une baisse de consommation criarde !
Cette panoplie des mesures d'austérité a fait l'objet de contestation par une bonne partie des centrales syndicales qui dit ne pas vouloir payer la facture d'une mauvaise gouvernance. Cela a entraîné la fermeture des établissements d'enseignement et des hôpitaux et surtout la paralysie de l'administration publique. Quelles solutions proposez-vous pour que le Tchad sorte de ce marasme économique et financier ?
La crise étais brusque et cette brutalité a poussé le gouvernement à prendre de façon unilatérale les 16 fameuses mesures, ce qui a poussé les leaders sociaux à une position extrême. Le coeur à ses raison que la raison elle même ignore, aller jusqu'à demander les fermetures hermétiques des écoles et des hôpitaux sans un service minimum pendant 3 mois nous poussent à des interrogations ?
Les leaders sociaux ont versé dans le sentiment en ignorant tous les idéaux sur lesquels ils sont assis. En science économique, on dit que toute crise est une source de réflexion, la crise actuelle permettra au gouvernement de revoir son train de vie et aux syndicats la souplesse sur sa position, la rigidité avec laquelle les 16 fameuses sont appliquées n'est pas de nature à faciliter le dénouement de la crise parce que l'augmentation des impôts sur les biens de premières nécessités va encore plonger la population dans un lendemain incertain.
Selon vous, dans combien d'années le Tchad pourra renouer avec cette embellie économique et financière ?
La pérennité de la prospérité s'inscrit dans la logique d'entretien de l'économie nationale, mais force est de constater que les secteurs économiques au Tchad ne sont pas mis en valeur, l'illustration la plus parfaite est la vétusté agropastorale, la virginité du secteur tertiaire, le manque de motivation entrepreneuriale, le manque de contrôle des prix.
Il suffit tout simplement de respecter les fondamentaux et que l'économie soit florissante, cette manne pétrolière peut nous aider à exporter et protéger nos produits, l'exportation de notre bétail pose problème avec le souci actuel du terrorisme, on peut encourager la transformation et nouer d'autres partenariats dans le cadre d'échange avec les pays africains, pourquoi pas ?
Tel que c'est parti, pour que le Tchad revienne à un rythme économique normal et au plein emploi, il faut l'appui des institutions de breton Woods, un appui budgétaire conséquent pour un éventuel rétablissement de l'équilibre macroéconomique.
Que faut-il faire pour réduire la dépendance du pays, des recettes exclusivement générées par l'exploitation du pétrole de Doba ?
La dépendance du Tchad vis à vis des ressources pétrolières s'explique par les raisons précitées, les richesses fondamentales sont l'agriculture et l'élevage, à cet effet l'effort doit être consenti sur ceux deux secteurs afin qu'ils soient mis en valeur, et aussi l'industrialisation du pays pour la transformation de nos produits locaux, l'assainissement de recettes publiques, c'est-à-dire confier les régies financières aux techniciens qui ont fait preuve d'intégrité et de probité morale et intellectuelle !
Une lutte contre un phénomène doit nécessairement recueillir la solidarité des parties prenante, vous êtes sans ignorer cette crise dû à chute du prix de baril du pétrole qui a beaucoup plus divisé que solidarisé. Cependant, elle doit en principe nous ressouder comme on l'a fait quand le pays était frappé par la nébuleuse de Boko Haram, mais malheureusement la subjectivité a primé sur l'objectivité et tout un chacun a proposé le remède à la crise à sa manière, c'est ainsi les violons ne se sont pas accordés.
Notre pays peut sans façon transcender cette période qui d'ailleurs n'as pas conduit le pays au bord du gouffre, on vient de l'échapper bel. En revanche, le Tchad doit repenser sa planification du développement, les investissements doivent suivre une trajectoire de priorité, la construction des infrastructures de base doit obéir aux criteres et normes.
L'ordre de priorité doit être établi pour éviter les investissements complaisants. Prôner l'unicité de caisse par ce que aujourd'hui avec la bancarisation des recettes douanières, on est revenu encore sur la centralisation d'ordonnancement et de paiement des dépenses publiques, or ce concept est remis en cause depuis que le pays a adopté comme mode de gouvernance la forte décentralisation.
A cela il faut ajouter un engagement politique ferme afin de retrouver notre image de marque éclaboussée par la corruption. Oui, nous pouvons réduire comme il se doit, la dépendance du pays, des recettes provenant des royalties du pétrole. Les revenus pétroliers ne proviennent pas seulement de puits de Doba, il faut ajouter Koudalwa (Chari Baguirmi), Bemangra et aussi Badila (Logone Occidental).
Ahmad Moustapha. Tout le monde est passé par là, la crise n'est pas surprenante, tant qu'il n'y a pas une politique économique cohérente et une rigueur dans la gestion de la chose publique, elle sera toujours là à côté de nous. Le Tchad est un pays à vocation agro-pastorale, le pétrole n'est qu'un surplus pour la richesse nationale donc on doit quand bien même avoir ce discernement, la chute du prix de baril du pétrole peu être un souci mais pas majeur jusqu'à compromettre l'économie du pays.
Dès l'entame de l'année 2016, le président Idriss Deby a annoncé une année difficile, faisant allusion à la chute du prix de pétrole sur le marché international, tout en demandant à ses compatriotes de serrer la ceinture. Pensez-vous que les fameuses 16 mesures d'austérité prise par le gouvernement, sont efficaces pour remédier à la crise économique et financière ?
Cet effondrement s'explique par le fait que lorsque le revenu pétrolier a inondé le pays, on a fait fi de tous les secteurs générateurs de revenus, le pactole était immense à tel enseigne qu'on a commencé à investir dans les éléphants blancs, les infrastructures de base et autres investissements sans tenir compte de la faisabilité cardinale qui émaille tout investissement. Les mamelles financières étaient à la merci des prédateurs, les secteurs prioritaires tels l'élevage et l'agriculture n'ont pas été accompagnés pour qu'ils prospèrent et donnent un effet retour, bref une bonne planification n'as pas suivi les dix années glorieuses.
En outre, les 16 mesures drastiques ont été prises à la volée du moment ou aucune concertation ni avec les leaders sociaux moins encore les opérateurs économiques n'étaient pas au centre de l'enjeu, pire encore cette situation n'a pas provoqué l'engouement chez les chercheurs en économie par ce qu'ils se sont sentis ignorés par les décideurs.
Les 16 fameuses peuvent faire preuve à très court terme avec ses effets pervers bien sûr, mais ça ne peut pas redresser l'économie à long terme par ce qu'elles ont été surplombées par l'augmentation des impôts qui dégage un effet de châtiment double c'est-à-dire que le revenu a baissé et en même temps enfoncé par la hausse des impôts donc une baisse de consommation criarde !
Cette panoplie des mesures d'austérité a fait l'objet de contestation par une bonne partie des centrales syndicales qui dit ne pas vouloir payer la facture d'une mauvaise gouvernance. Cela a entraîné la fermeture des établissements d'enseignement et des hôpitaux et surtout la paralysie de l'administration publique. Quelles solutions proposez-vous pour que le Tchad sorte de ce marasme économique et financier ?
La crise étais brusque et cette brutalité a poussé le gouvernement à prendre de façon unilatérale les 16 fameuses mesures, ce qui a poussé les leaders sociaux à une position extrême. Le coeur à ses raison que la raison elle même ignore, aller jusqu'à demander les fermetures hermétiques des écoles et des hôpitaux sans un service minimum pendant 3 mois nous poussent à des interrogations ?
Les leaders sociaux ont versé dans le sentiment en ignorant tous les idéaux sur lesquels ils sont assis. En science économique, on dit que toute crise est une source de réflexion, la crise actuelle permettra au gouvernement de revoir son train de vie et aux syndicats la souplesse sur sa position, la rigidité avec laquelle les 16 fameuses sont appliquées n'est pas de nature à faciliter le dénouement de la crise parce que l'augmentation des impôts sur les biens de premières nécessités va encore plonger la population dans un lendemain incertain.
Selon vous, dans combien d'années le Tchad pourra renouer avec cette embellie économique et financière ?
La pérennité de la prospérité s'inscrit dans la logique d'entretien de l'économie nationale, mais force est de constater que les secteurs économiques au Tchad ne sont pas mis en valeur, l'illustration la plus parfaite est la vétusté agropastorale, la virginité du secteur tertiaire, le manque de motivation entrepreneuriale, le manque de contrôle des prix.
Il suffit tout simplement de respecter les fondamentaux et que l'économie soit florissante, cette manne pétrolière peut nous aider à exporter et protéger nos produits, l'exportation de notre bétail pose problème avec le souci actuel du terrorisme, on peut encourager la transformation et nouer d'autres partenariats dans le cadre d'échange avec les pays africains, pourquoi pas ?
Tel que c'est parti, pour que le Tchad revienne à un rythme économique normal et au plein emploi, il faut l'appui des institutions de breton Woods, un appui budgétaire conséquent pour un éventuel rétablissement de l'équilibre macroéconomique.
Que faut-il faire pour réduire la dépendance du pays, des recettes exclusivement générées par l'exploitation du pétrole de Doba ?
La dépendance du Tchad vis à vis des ressources pétrolières s'explique par les raisons précitées, les richesses fondamentales sont l'agriculture et l'élevage, à cet effet l'effort doit être consenti sur ceux deux secteurs afin qu'ils soient mis en valeur, et aussi l'industrialisation du pays pour la transformation de nos produits locaux, l'assainissement de recettes publiques, c'est-à-dire confier les régies financières aux techniciens qui ont fait preuve d'intégrité et de probité morale et intellectuelle !
Une lutte contre un phénomène doit nécessairement recueillir la solidarité des parties prenante, vous êtes sans ignorer cette crise dû à chute du prix de baril du pétrole qui a beaucoup plus divisé que solidarisé. Cependant, elle doit en principe nous ressouder comme on l'a fait quand le pays était frappé par la nébuleuse de Boko Haram, mais malheureusement la subjectivité a primé sur l'objectivité et tout un chacun a proposé le remède à la crise à sa manière, c'est ainsi les violons ne se sont pas accordés.
Notre pays peut sans façon transcender cette période qui d'ailleurs n'as pas conduit le pays au bord du gouffre, on vient de l'échapper bel. En revanche, le Tchad doit repenser sa planification du développement, les investissements doivent suivre une trajectoire de priorité, la construction des infrastructures de base doit obéir aux criteres et normes.
L'ordre de priorité doit être établi pour éviter les investissements complaisants. Prôner l'unicité de caisse par ce que aujourd'hui avec la bancarisation des recettes douanières, on est revenu encore sur la centralisation d'ordonnancement et de paiement des dépenses publiques, or ce concept est remis en cause depuis que le pays a adopté comme mode de gouvernance la forte décentralisation.
A cela il faut ajouter un engagement politique ferme afin de retrouver notre image de marque éclaboussée par la corruption. Oui, nous pouvons réduire comme il se doit, la dépendance du pays, des recettes provenant des royalties du pétrole. Les revenus pétroliers ne proviennent pas seulement de puits de Doba, il faut ajouter Koudalwa (Chari Baguirmi), Bemangra et aussi Badila (Logone Occidental).