Al Wihda A. : Quelles sont les raisons qui vous ont poussées à aller en « brousse », signe d’une opposition farouche contre ce régime en place ?
A.H.G.N. Avant tout, je remercie d’abord le journal Alwihda Actualités de m’avoir accordé cette occasion d’exprimer librement mes pensées. Pour répondre à cette question : je ne suis pas allé en brousse parce que j’ai des problèmes avec le président de la République. J’ai quitté le pays à cause de comportement de certains militaires qui, au lieu de sécuriser les citoyens, sèment plutôt la terreur dans certains milieux. Les habitants de certains coins reculés, dans les villages par exemple, ces agents de l’Etat en kaki se sont transformés en de véritables loups, arnaquant ainsi çà et là des paisibles citoyens innocents. Même si on accepte certaines choses, il y a, par contre, d’autres qu’on ne peut vraiment pas supporter. Chacun de nous a ses limites de patience. Voilà en quelques mots les raisons qui m’ont poussées à quitter le pays. Je n’ai pas de problème particulier avec le président de la République.
Al Wihda A. : Qu’est ce qui vous a poussé à regagner la légalité aujourd’hui ?
A.H.G.N. Si je suis rentré au pays aujourd’hui, c’est parce que le Président de la République a apporté un «Ouf». Il a tendu la main à tous les fils du Tchad, opposants militaires vivant à l’étranger. J’ai aussi pensé qu’il n’est pas bien de prendre des armes contre son pays, contre ceux qui dirigent le pays. Un pays ne peut pas se développer sans la paix et le Tchad a vraiment besoin de la paix pour se développer. C’est pour cette raison que moi, j’ai accepté de tenir la main tendue du président de la République. Nous avons tourné une nouvelle page en regagnant la légalité.
Al Wihda A. : quel type de relation entretenez-vous avec Mahamat Nouri, votre chef de groupe rebelle depuis que vous avez accepté d’épouser cette idée de paix du régime en place ?
A.H.G.N. Moi personnellement, je n’entretiens aucune relation avec Nouri puisqu’on n’a pas la même philosophie maintenant. Nous n’avons pas la même vision. Moi, ma vision est tournée vers la paix, vers la main tendue du Président de la République. Et depuis que j’ai épousé cette idée de paix, je ne m’entends plus avec lui. Mais la rébellion n’est pas une solution appropriée pour des multiples problèmes qu’a connu et connaît encore le Tchad aujourd’hui. Et, on n’a pas aussi besoin de verser le sang pour changer un système ou pour réparer une injustice quelle qu’elle soit. Il est vraiment temps que les autres opposants militaires épousent cette idée, cette idée de paix, de dialogue national, de lutte pacifique.
Al Wihda A. : qu’attendez-vous maintenant du gouvernement en contre partie ?
A.H.G.N. Je n’attends rien et je ne réclame aussi rien du gouvernement (inquiet). Je n’ai pas négocié un poste quelconque pour regagner la légalité. Je n’ai pas aussi besoin de travailler forcement à la fonction publique pour vivre. Je peux, tout comme d’autres tchadiens, exercer d’autres activités comme agriculture, élevage ou le commerce pour survivre. Le poste me dit peu et le gouvernement est libre de me faire appel ou non. Je vous dis, retenez bien que je ne suis pas rentré pour occuper un poste quelconque comme récompense à mon ralliement.
Al Wihda A. : pouvez-vous nous rassurer qu’il n’y aura plus question de rébellion à l’Est du Tchad ?
A.H.G.N. Je ne vous rassure rien puisque les soudanais peuvent changer leur stratégie à tout moment. Personne ne peut comprendre leurs jeux. Sachez bien que ce sont eux qui sont à l’origine de toutes ces guerres qui opposent les fils du Tchad. J’ai vécu pendant 3 ans et je connais tout ce que font ces soudanais. Il y a bien d’autres groupes à part le nôtre. Certains ont regagné la légalité certes et il y a aussi ceux qui cherchent à regagner le bercail. Dans bientôt Tahir Guinassou et autres vont aussi rentrer.
Al Wihda A. : Votre mot de fin
A.H.G.N. Je demande à tous les fils du Tchad que notre pays a trop souffert. Il est vraiment temps que chaque tchadien prenne conscience. Chacun de nous a au moins une mission propre à accomplir. Je peux dire que c’est par suivisme que je suis allé en rébellion. Mais j’ai jugé après la rebellion n’est pas une bonne vie, du moins la bonne formule pour combattre certaines injustices. Je suis rentré pour faire la paix, rien que la paix.
Interview réalisée par Mahamat Nour