Une inflation alimentaire incontrôlable
Dans les marchés publics de N’Djamena, la flambée des prix atteint des niveaux alarmants. Le prix du koro d’ail est passé de 6 000 F CFA à 10 000 F CFA (+66,7 %), tandis que celui du gingembre a doublé, passant de 7 500 F CFA à 15 000 F CFA (+100 %). Cette envolée s’explique par une baisse de la production au Cameroun, principal fournisseur du Tchad, et par l’augmentation des coûts du carburant, qui renchérit le transport des marchandises. Cette dynamique impacte lourdement le pouvoir d’achat des ménages, déjà éprouvés par la hausse généralisée des prix des denrées alimentaires, qui a atteint 18,8 % en décembre 2023.
Dans ce contexte, l’accès aux produits de première nécessité devient de plus en plus difficile pour les foyers les plus vulnérables, notamment en raison du manque d’infrastructures adaptées pour acheminer les produits agricoles locaux vers les marchés. Laï, surnommée la "capitale de l’or blanc (riz)", reste enclavée, compliquant l’acheminement du riz tchadien alors que le pays continue d’importer massivement cette denrée. Résoudre ces problèmes logistiques permettrait non seulement d'améliorer l’approvisionnement intérieur mais aussi de stabiliser les prix.
Une crise humanitaire multidimensionnelle qui aggrave la pauvreté
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- L’afflux de plus de 700 000 réfugiés et retournés du Soudan (dont 164 000 Tchadiens), augmentant la pression sur les ressources et les infrastructures.
- La persistance des conflits au Lac Tchad, où 28,7 % des habitants sont des déplacés internes, fuyant les attaques de Boko Haram et de l'État islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP).
- Les déplacements en raison des inondations, affectant chaque année des milliers de personnes et limitant leur accès à la nourriture et aux services de base.
Un secteur énergétique défaillant qui renforce la précarité
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Les objectifs du pacte incluent :
- 90 % de couverture électrique d’ici 2030.
- 30 % d’énergie renouvelable dans le mix énergétique.
- Mobilisation de 1,95 milliard de dollars, dont 650,3 millions en investissements privés.
Des perspectives encourageantes mais incertaines
Cependant, plusieurs risques menacent cette dynamique :
- Les fluctuations des prix du pétrole, influençant directement les recettes publiques ; et
- Les effets du changement climatique, qui aggravent la précarité des ménages agricoles et pastoraux.
Une relance dépendant d'une meilleure gouvernance et d'un engagement réel
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Alors que des réformes structurelles sont en cours, la question clé demeure : ces initiatives parviendront-elles à améliorer réellement les conditions de vie des ménages tchadiens ? La diversification économique, la modernisation des infrastructures et l’accès élargi à l’énergie sont des éléments essentiels pour sortir de la précarité.
Si les mesures annoncées dans le Pacte National de l’Énergie et les réformes économiques sont effectivement mises en œuvre, elles pourraient amorcer une transformation durable et inclusive. Cependant, leur succès dépendra de l’engagement du gouvernement et du secteur privé, ainsi que du soutien de la communauté internationale pour surmonter les défis structurels et humanitaires.
Les ménages tchadiens attendent désormais que ces promesses se concrétisent en améliorations tangibles de leur quotidien. Le défi pour le gouvernement sera non seulement de stabiliser les prix et de sécuriser l’accès aux biens essentiels, mais aussi d’investir dans une croissance inclusive et durable.