L’opinion et l’attente de la société civile tchadienne sur la 3ème réunion des Médiateurs d’Afrique Centrale :
Mahamat NOUR IBEDOU S.G de C.T.D.D.H (Convention Tchadienne pour la Défense des Droits de l’Homme)
« Un médiateur est celui qui surpasse la logique du gouvernement »
Mahamat NOUR IBEDOU S.G de C.T.D.D.H (Convention Tchadienne pour la Défense des Droits de l’Homme)
« Un médiateur est celui qui surpasse la logique du gouvernement »
Dans un pays comme le Tchad, le rôle du médiateur est très important à cause des conflits récurrents. Il faut toujours dire que le Tchad est un pays âpre de paix, entouré des pays en conflits. Or, la mauvaise gouvernance dans notre pays fait que cette paix est relative et nous craignons que cela se dégénère un jour parce que l’Etat empêche les gens de manifester, c’est-à-dire d’extérioriser leur mécontentement. Cette mauvaise gouvernance fait que les injustices sont flagrantes et il y a une frustration latente qui y siège, et s’accumule et nous craignons qu’un jour cela puisse se dégénérer pour créer une situation incontrôlable. C’est ce que nous ne voulons pas. C’est pourquoi nous avons toujours attiré l’attention des pouvoirs publics pour mettre en place ce genre de mécanismes. Et là le médiateur a un grand rôle à jouer parce qu’il doit appréhender le problème sous un angle plus global. La marche pacifique, par exemple, ne coute rien parce que l’Etat même organise des manifestations. Mais quand nous organisons une marche pacifique, elle est systématiquement interdite. C’est une erreur. Nous pensons que si l’Etat permettait aux gens de manifester, une manifestation pacifique et responsable, le climat allait s’apaiser un peu. C’est le rôle que doit jouer le médiateur au niveau social.
Au niveau politique, même si disons que nous sommes un pays démocratique, il y a toujours des opposants armés, des mécontents. Ceux-là, le pouvoir prétend leur tendre la main, il règle le problème parfois avec un individu en trouvant un accord. Nous pensons plutôt que ce problème doit être réglé dans un contexte inclusif. L’opposition armée, l’opposition en exil, l’opposition civile (interne) et la société civile, tous ces gens doivent être autour d’une table pour voir tous les problèmes qui minent le pays. Il doit dépasser la logique du gouvernement qui consiste à traiter avec les rébellions un à un.
Ces assises permettront, nous le souhaitons, à notre médiateur de la République de s’inspirer des expériences de certains médiateurs qui ont une vue large que lui. Malheureusement, dans le contexte actuel, le médiateur de la République du Tchad n’a pas de main libre. Il est orienté par le pouvoir. Et on lui demande d’intervenir dans tel secteur et de ne pas aller dans tel autre même si cela constitue un foyer de tensions, il n’intervient pas. Or, il doit voir le problème sous un angle plus global pour obtenir une atmosphère plus solide.