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Tchad : après la condamnation d’un policier, sa défense veut faire appel


Alwihda Info | Par - 19 Janvier 2019



Le Palais de justice de N'Djamena. © Alwihda Info
Le Palais de justice de N'Djamena. © Alwihda Info
Un adjudant-chef de police du Tchad, accusé d'avoir supervisé la torture à mort de l'un de ses compatriotes, a été condamné ce vendredi 18 janvier pour coups et blessures volontaires et mortelles. La justice a demandé sa radiation des effectifs de la police, a prononcé une peine de 10 ans d’emprisonnement ferme et une amende de 500.000 F CFA, a appris Alwihda Info auprès de deux avocats de la défense et de la partie civile. Deux proches de cet adjudant-chef de police ayant pris part à l'opération de tortures écopent également de 10 ans d’emprisonnement ferme.

Les avocats de la partie civile et de la défense entendent faire appel du jugement devant la cour d’appel. « Je ne suis pas du tout satisfait de ce verdict parce que cette affaire devait être orientée devant la cour criminelle, selon les dispositions de la loi pour que l’accusé puisse écoper au moins de 20 à 30 ans d’emprisonnement ferme. C’est pourquoi nous avons claqué la porte en plein procès. Nous estimons que la peine n’était pas suffisamment stricte, nous avons demandé une enquête complémentaire pour que les trois personnes impliquées puissent être arrêtées et jugées afin de faire la lumière sur cette affaire en toute sérénité », a indiqué à Alwihda Info, l’avocat de la partie civile, Max Laolngar.

L’avocat du prévenu, Dingamadji Nadjinabe indique pour sa part qu’il ne commente pas une décision de justice mais promet d’exercer un moyen de recours pour relever appel dès lundi prochain.

Le frère aîné de la victime, Djimet Hissein s’est dit insatisfait de la sentence qui est entachée d’énormes irrégularités de nature à porter atteinte à l’indépendance de la justice entretenue par une main invisible. « Nous avons constaté la présence dans la salle d’audience de l’une des personnes impliquées dans cette torture, en la personne de Mahamat Youssouf Boy, neveu du président et qui a été nommément cité par les prévenus. Il n’a pas été arrêté, lui ainsi que deux autres enfants de dignitaires du régime. Nous ne sommes pas d’accord de cette sentence rendue qui se montre clémente à l’égard des enfants des intouchables », affirme Djimet Hissein.

Oumar Hissein, mort dans d'atroces souffrances

Une vidéo visible sur internet et largement partagée sur les réseaux sociaux montre la victime, Oumar Hisseim, attachée par les bras contre un muret, une jambe pliée et criant de douleur.
Sept personnes sont visibles sur la vidéo tournée au domicile du colonel Ochi, qui n'apparaît pas dans la vidéo.

"Le colonel de la police et ses proches ont séquestré mon petit frère pendant six jours en lui infligeant des traitements inhumains et dégradants ; puis il est décédé dans la nuit du vendredi 21 décembre", a déclaré à l'AFP son frère aîné, Djimet Hissein. "D'après le témoignage de mon petit frère avant sa mort, on a mis du plastique contenant du piment sur sa tête, sans compter les tortures physiques. C'est inhumain", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué de presse, la Convention tchadienne de défense des droits de l'homme (CTDDH) s'était dit "outrée par cette barbarie" perpétrée par "un membre du sérail du pouvoir" et a dénoncé une pratique "devenue monnaie courante" sous le président Idriss Déby.

"Généralement, les auteurs de ce genre de crime sont toujours protégés par le pouvoir et jouissent d'une impunité. S'ils sont traduits devant les juridictions, on organise une parodie de justice et ils sont libérés une ou deux semaines plus tard", a affirmé Abbas Al Hassan, un des responsables de la CTDDH.

Des témoignages récoltés par l'AFP en juillet 2017 auprès d'activistes torturés par les services de renseignement font état d'interrogatoires à l'aide de sacs de piment ou d'eau que les personnes sont forcées d'avaler en grande quantité.
Djimet Wiche Wahili
Journaliste, directeur de publication. Tél : +(235) 95415519 / 66304389 E-mail :... En savoir plus sur cet auteur



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