Un amphithéâtre universitaire à N'Djamena. Illustration ©️ Alwihda Info
« En Afrique, les avocats se retrouvent dans les champs de blé », chantait le célèbre groupe musical Yeleen. Un juriste devenu professeur de français se lamente un jour en ces termes : « Quand j'ai obtenu mon bac, j'ai déposé deux dossiers, l'un en droit et l'autre en lettres modernes. J'étais admis aux deux filières à la fois mais j'ai opté pour le droit. Et voilà que j'ai fait 13 ans sans être intégré à la fonction publique et pire, j'enseigne le français ». Visiblement, le remord du juriste-professeur de français s'explique par le mauvais choix de sa filière. « J'aimais les lettres au lycée. En classe de première, mon professeur de français m'a dit que j'étais le seul élève à obtenir de lui 15/20 », s'enorgueillit-il.
Alladoum, lui aussi, brouille de regret pour avoir étudié la sociologie. Même si la filière le fascine jusque-là, il admet qu'elle n'est pas porteuse. Une anecdote qu'il raconte lui-même confirme le manque de débouchés. « J'ai travaillé une seule fois dans une coopérative au sud du pays et après, plus rien. Je suis devenu professeur de français », raconte-t-il. Après plusieurs années d'expérience nécessaire pour enseigner dans de grands lycées privés,
Alladoum « tente sa chance » dans un établissement réputé rigoureux dans le 7ème arrondissement. Le fondateur « impoli » l'a refoulé avec son dossier. « Tu as étudié la sociologie et tu veux enseigner le français. Sois cohérent avec toi-même », lui a lancé crûment le fondateur. Depuis lors, il se contente de quelques heures de vacation dans un autre lycée et de "clando", car dit-il, les emplois dans les ONG dont il a rêvé en étudiant la sociologie se raréfient. Son "collègue" mototaxi Chelsoubé a étudié la gestion des hôpitaux dans un institut de la capitale. Des études qu'il a eu d'énormes difficultés à financer pour accéder inévitablement au chômage. Le seul meilleur souvenir qu'il garde de ses études, est le qualificatif « major de la promotion avec 16/20 en soutenance de mémoire ».
S'étant rendu compte que la filière ne paye plus (il n'y a pas assez d'hôpitaux à gérer), il envisage se délivrer un nouvel acte de naissance avec un âge réduit pour passer le baccalauréat, faire d'autres études. Malheureusement, les charges familiales l'accablent. Ali, quant à lui, est « naufragé du pétrole ». Pendant le boom pétrolier, ses parents l'ont encouragé à étudier la pétrochimie. Et Ali s'en vantait à sa sortie d'école. « J'ai étudié la pétrochimie, option raffinage », chantait-il à tue-tête. Ni la raffinerie de Djermaya, son espoir, ni Schlumberger ne l'ont employé. Mieux, le lycée de son oncle paternel a fait de lui surveillant, avec quelques heures d'enseignement des mathématiques.
Travailler à la fonction publique semble le rêve de beaucoup de jeunes diplômés tchadiens, alors que la fameuse fonction publique "est saturée", à en croire son chef de département qui invite les ONG du pays à absorber les diplômés. Sadick Brahim Dicko, directeur général de l'Office national pour la promotion de l'emploi (ONAPE) trouve plutôt que le bonheur se cache dans l'auto-emploi. « Au lieu de chercher un emploi dans une entreprise, pourquoi ne pas être entrepreneur et être son propre patron ? », conseille-t-il. Il assure que son institution accorde un « crédit à taux d'intérêt zéro » aux diplômés qui le sollicitent.
Alladoum, lui aussi, brouille de regret pour avoir étudié la sociologie. Même si la filière le fascine jusque-là, il admet qu'elle n'est pas porteuse. Une anecdote qu'il raconte lui-même confirme le manque de débouchés. « J'ai travaillé une seule fois dans une coopérative au sud du pays et après, plus rien. Je suis devenu professeur de français », raconte-t-il. Après plusieurs années d'expérience nécessaire pour enseigner dans de grands lycées privés,
Alladoum « tente sa chance » dans un établissement réputé rigoureux dans le 7ème arrondissement. Le fondateur « impoli » l'a refoulé avec son dossier. « Tu as étudié la sociologie et tu veux enseigner le français. Sois cohérent avec toi-même », lui a lancé crûment le fondateur. Depuis lors, il se contente de quelques heures de vacation dans un autre lycée et de "clando", car dit-il, les emplois dans les ONG dont il a rêvé en étudiant la sociologie se raréfient. Son "collègue" mototaxi Chelsoubé a étudié la gestion des hôpitaux dans un institut de la capitale. Des études qu'il a eu d'énormes difficultés à financer pour accéder inévitablement au chômage. Le seul meilleur souvenir qu'il garde de ses études, est le qualificatif « major de la promotion avec 16/20 en soutenance de mémoire ».
S'étant rendu compte que la filière ne paye plus (il n'y a pas assez d'hôpitaux à gérer), il envisage se délivrer un nouvel acte de naissance avec un âge réduit pour passer le baccalauréat, faire d'autres études. Malheureusement, les charges familiales l'accablent. Ali, quant à lui, est « naufragé du pétrole ». Pendant le boom pétrolier, ses parents l'ont encouragé à étudier la pétrochimie. Et Ali s'en vantait à sa sortie d'école. « J'ai étudié la pétrochimie, option raffinage », chantait-il à tue-tête. Ni la raffinerie de Djermaya, son espoir, ni Schlumberger ne l'ont employé. Mieux, le lycée de son oncle paternel a fait de lui surveillant, avec quelques heures d'enseignement des mathématiques.
Travailler à la fonction publique semble le rêve de beaucoup de jeunes diplômés tchadiens, alors que la fameuse fonction publique "est saturée", à en croire son chef de département qui invite les ONG du pays à absorber les diplômés. Sadick Brahim Dicko, directeur général de l'Office national pour la promotion de l'emploi (ONAPE) trouve plutôt que le bonheur se cache dans l'auto-emploi. « Au lieu de chercher un emploi dans une entreprise, pourquoi ne pas être entrepreneur et être son propre patron ? », conseille-t-il. Il assure que son institution accorde un « crédit à taux d'intérêt zéro » aux diplômés qui le sollicitent.