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TCHAD

Tchad : dans le Logone Occidental, la désertification avance


Alwihda Info | Par G.A. - 16 Juillet 2024


Malgré les efforts des acteurs impliqués dans la lutte contre la désertification, le désert ne cesse d’avancer au fur et à mesure que les effets du réchauffement climatique persistent.


Le coordinateur de l’association Observatoire-vert, Mbaideyo Ngonesara, s’est prononcé le 13 juillet 2024 à Moundou, sur le phénomène de la désertification qui bat son plein au Tchad en général, et dans la province du Logone Occidental en particulier.

Pour lui, les raisons de cette dégradation de l’environnement sont la pression démographique et la mauvaise pratique agricole. Depuis plus de dix ans, le biotope de la province du Logone occidental subit une mortification accélérée. Les zones les plus touchées sont les départements de Ngourkosso, Guéni et une partie du département de Lac-Wey. Le sol devient de plus en plus sablonneux et la mère nourricière, la terre, n’est pas aussi fertile comme elle l’était autrefois.

Les producteurs ruraux se plaignent de la médiocrité des récoltes : le désert prend place et continue d’avancer à grand pas, vers le Sud du pays. Mbaideyo Ngonesara Pascal, coordinateur de l’association Observatoire-vert, travaille depuis plusieurs années avec les coopératives et groupements dans le monde rural. Il remarque que le désert s’installe dans la province du Logone Occidental « à cause de la pression démographique ».

« Moundou en tant que capitale économique est attirée par beaucoup d’investisseurs et autres étrangers. Mais dans les campagnes également, le nombre de la population augmente et par manque d’emplois dans les entreprises. Plus le nombre augmente, plus le besoin en terre se fait sentir parce que l’agriculture est l’activité principale de cette province. Cela fait que les gens sont obligés de cultiver les mêmes parcelles, pendant des années, et c’est ce qui entraine le départ du couvert végétal et lance le processus de désertification », a-t-il expliqué.

L’agriculture n’est pas le seul facteur de désertification. La coupe abusive du bois de chauffage, pour la fabrication du charbon, ou encore les feux de brousse pour la chasse, contribue également à l’avancée du désert.

Pour Mbaideyo Ngonesara Pascal, « Moundou est devenue une grande zone de pâturage et surtout de monoculture du coton, avec des engrains chimiques dans le département de Ngourkosso, ce qui favorise l’installation du désert. Ces facteurs s’associent pour exposer la province à la désertification ».

Djimrabeye Richard, sociologue de formation, enseignant-chercheur à l’Université de Moundou, a travaillé depuis plus d’une décennie sur la gouvernance locale, la gestion de ressources naturelles et la question de développement local. Sa réaction n’est pas si différente de celle du coordinateur de l’Observatoire-vert.

Car il estime que « la question de la désertification n’est pas seulement au Tchad, mais dans le monde entier. Cela se justifie par le fait que la terre n’augmente pas en superficie, mais la population croit. Ce qui veut dire qu’il y a la pression démographique et le besoin ».

Pour ce sociologue, la province du Logone Occidental est la plus petite de toutes les autres, mais c’est aussi la plus dense en termes de population. Ce qui fait que pour habiter, labourer ou se chauffer, il faut nécessairement couper le bois, et cela est à l’origine de la désertification.

« Vous constaterez ici que le temps change, la pluie ne suit pas son calendrier, la température est de plus en élevée, entre autres. Et lorsqu’on parle, nous pensons que les conséquences de la désertification sont loin en termes de temps, loin en termes de géographie, mais nous les vivons. Remarquons par exemple les séquences des pluies : parfois ça arrive tôt, parfois tard ou ça repart tôt, ou bien tard. Et donc, on n’arrive pas à maitriser le calendrier cultural, et cela a une incidence directe sur la production alimentaire. On constate également qu’il y a souvent des vents violents qui déracinent le peu d’arbres restants, les toits des maisons et avec comme conséquences, des blessures humaines et des morts d’hommes. Mais nous constatons qu’il y a aussi des inondations, la disparition des espaces animales rares qu’on voyait autrefois », a relevé le sociologue Djimrabeye Richard.

Malgré les efforts des acteurs impliqués dans la lutte contre la désertification, le désert ne cesse d’avancer au fur et à mesure que les effets du réchauffement climatique persistent. Dans la province Logone Occidental, les terres humides et les prairies se dégradent et laissent progressivement de la place à l’espace désertique qui prend des proportions grandissantes. La réhabilitation des terres, la reforestation et une gestion durable des ressources en eau, sont trois moyens importants pour freiner ce phénomène.



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