L'ex-ministre des Finances et du Budget, Christian George Diguimbaye lors de la rencontre de concertation avec le comité directeur de l’Union Nationale des Commerçants (UNC) et du Groupement Socio-professionnel (GSP) du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), tenu le 17 novembre dernier au Hilton Hôtel. Alwihda Info
Le désormais ex-ministre des Finances et du Budget, Christian George Diguimbaye n’a pas mâché ses mots la semaine dernière, alors qu'il était toujours en fonction, en appelant les opérateurs économiques à plus de sérieux et d’honnêteté pour accompagner la politique gouvernementale dans le domaine de l’agriculture, en vue de lutter contre la conjoncture économique.
Il s'était exprimé lors de la rencontre de concertation avec le comité directeur de l’Union Nationale des Commerçants (UNC) et du Groupement Socio-professionnel (GSP) du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), tenu le 17 novembre dernier au Hilton Hôtel.
"Au Tchad, les choses sont inversées", a déploré Christian George, notamment en raison de la dépendance des opérateurs économiques vis-à-vis de l’État. "Quand l’état tousse, les opérateurs économiques tombent malades", a-t-il ajouté.
L'ex-ministre des Finances et du Budget, Christian George Diguimbaye a souligné devant les opérateurs économiques tchadiens que c’est le moment opportun de faire des affaires différemment en investissant dans l’agriculture pour éviter de mentir et de tricher. Selon lui, les tchadiens ne tirent pas assez des leçons des expériences passées. "Avec la terre, on ne ment pas, on ne triche pas", a-t-il souligné, appelant à "changer les mentalités". S'excusant pour ses propos très directs, Christian George a estimé que "si on ne réfléchit pas, ça va se terminer comme beaucoup de choses".
Cette sortie courageuse de l'ex-ministre des finances et du Budget a déplu à beaucoup d'opérateurs économiques du parti au pouvoir présents, apôtres de gain facile et habitués à l'enrichissement sur le dos de l'Etat, que ce soit avec la livraison de bons de commande ou d'autres contrats ponctués de surfacturation.
Cela aurait pu éventuellement contribuer au départ brutal de celui dont la probité morale et la compétence apparaissent incontestable. Alwihda Info relève l'intégralité de son intervention devant un parterre d'opérateurs économiques du parti au pouvoir.
Il s'était exprimé lors de la rencontre de concertation avec le comité directeur de l’Union Nationale des Commerçants (UNC) et du Groupement Socio-professionnel (GSP) du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), tenu le 17 novembre dernier au Hilton Hôtel.
"Au Tchad, les choses sont inversées", a déploré Christian George, notamment en raison de la dépendance des opérateurs économiques vis-à-vis de l’État. "Quand l’état tousse, les opérateurs économiques tombent malades", a-t-il ajouté.
"Nous sommes de très petits producteurs. Je vois que le ministre du pétrole me regarde avec des gros yeux"
L'ex-ministre des Finances et du Budget, Christian George Diguimbaye a souligné devant les opérateurs économiques tchadiens que c’est le moment opportun de faire des affaires différemment en investissant dans l’agriculture pour éviter de mentir et de tricher. Selon lui, les tchadiens ne tirent pas assez des leçons des expériences passées. "Avec la terre, on ne ment pas, on ne triche pas", a-t-il souligné, appelant à "changer les mentalités". S'excusant pour ses propos très directs, Christian George a estimé que "si on ne réfléchit pas, ça va se terminer comme beaucoup de choses".
Cette sortie courageuse de l'ex-ministre des finances et du Budget a déplu à beaucoup d'opérateurs économiques du parti au pouvoir présents, apôtres de gain facile et habitués à l'enrichissement sur le dos de l'Etat, que ce soit avec la livraison de bons de commande ou d'autres contrats ponctués de surfacturation.
Cela aurait pu éventuellement contribuer au départ brutal de celui dont la probité morale et la compétence apparaissent incontestable. Alwihda Info relève l'intégralité de son intervention devant un parterre d'opérateurs économiques du parti au pouvoir.
« C’est l’occasion d’échanger avec vous de la manière la plus directe et la plus honnête possible. Je voudrais avant tout revenir, je pense, sur les propos du président de la République qui ont été très clairs et sur certains propos du secrétaire général du MPS qui disait que le pétrole peut être le bonheur accompagné d’un grand malheur. Je crois que nous avons fait les deux expériences.
Nous avons connu une décennie en tant que pays soit disant pétrolier. Lorsqu’on compare notre production à certains de nos voisins immédiats, nous sommes de très petits producteurs. Je vois que le ministre du pétrole me regarde avec des gros yeux! Nous sommes de petits pays producteurs de pétrole. Nous avons essayé de faire ce que nous pouvions avec cette nouvelle ressource qui a booster l’économie à partir de 2004, mais nous faisons la triste expérience du pétrole depuis 3 ou 4 ans. Je pense que c’est qui est important, c’est surtout que nous puissions tirer les leçons. Malheureusement, j'ai envie de vous dire que nous ne tirons pas des leçons. Ça c’est mon humble point de vue.
Nous voulons continuer à vivre à un rythme qui était le nôtre, il y a 3 ou 4 ans. C’est impossible. Dans notre pays, je dirais malheureusement que les choses sont inversées. Vous qui êtes dans cette salle, vous êtes normalement les créateurs de la richesse. C’est ça votre rôle. Vous le faites certainement mais je dirais que vous le faite en liaison trop étroite avec l’État. Les choses sont inversées et l’État a un rôle précis. Il doit vous encadrer, assurer votre sécurité, faire des routes pour faire l’échange, mais il ne peut pas tout faire. Alors comme on dit, dès qu’il tousse, tout le monde est malade. C’est le cas que nous vivons actuellement avec nos hommes d’affaires.
C’est le moment opportun de faire les affaires différemment mais attention à la mère nourricière : la Terre. Avec la terre, on ne ment pas, on ne triche pas. Vous lui donnez c’est dont elle a besoin, elle vous restitue ce qu’elle est capable de vous restituer. Ça veut dire que cela nécessite encore plus de rigueur à mon humble avis, ce que nous faisions jusqu’à maintenant. Elle nous attend, elle est très généreuse.
Moi, j’ai grandi dans un environnement où l'on me répétait souvent -et j'aime cette expression- que les grands parents pouvaient à eux seuls cultiver dix hectares. Je pense qu’il est vraiment temps que l’on revienne à ces références. Nous ne pouvons pas nous en sortir autrement. Le secteur de l’agriculture a des lois très claires, c’est l’honnêteté et la rigueur. On va aller vers l’agriculture et l’élevage parce qu’on n’a pas de choix mais il faut changer des mentalités. Je vous dis et reprend le terme de mon collègue de l’agriculture que 80% de la population est déjà dans l’agriculture. Malheureusement, ils attendent impatiemment votre soutien. Je crois que je ne peux pas insister suffisamment sur le fait de ne pas trop tourner autour de l’État, ça n’a pas trop d’intérêt.
L’État attend de vous. Je vais partager avec vous quelque chose qui s’est passée, il y a à peine 48 heures. On recevait au ministère des finances un opérateur étranger, qui venait pour collecter des sésames, voir s’il pouvait relever la Coton Tchad -qui est notre vieille société, une mamelle nourricière d'une grande partie de notre pays- et voir comment il peut exporter notre viande à l’étranger. Ce sont des choses normalement à notre portée. On attend que les autres viennent le faire à notre place.
Ce n’est pas très gentils ce que j'ai fait parce que cet opérateur étranger a le droit de venir exploiter cette richesse tchadienne, mais voilà des secteurs qui sont à la portée de nous autres. Je pense que l’invitation du chef de l’État est la bienvenue mais ne faisons pas les choses comme l'on a l’habitude de les faire, c’est-à-dire de se précipiter parce qu’il y’a eu un discours.
Je suis désolé, si on ne réfléchit pas, ça va se terminer comme beaucoup de choses, d’entreprise qu’on a démarré qui nous ont menées nulle part. Je ne dis pas que les gens ne sont pas honnêtes mais il faut plus d’honnêteté, plus de rigueur et plus de discipline. Malheureusement, des solutions ne sont pas disponibles pour régler la dette intérieure, nous y pensons tous. Ça aussi, ne laissez pas l’État tout seul.
Contribuons tous à la réflexion pour savoir comment régler cette dette qui vous affaiblit, on n’en est très conscient. Mais malheureusement, même avec la toute bonne volonté et les ressources disponibles dans l’immédiat, on ne peut pas trouver une solution définitive.
Ex-ministre des finances et du budget, Christian George Diguimbaye.
Propos recueillis par Djimet Wiche